En vue d’apporter la contribution de toute la classe politique nationale et des organisations de la société civile à la refondation des institutions en se dotant d’instruments viables, solides et consensuels, la fondation Balanzan a organisé une journée de réflexion, le jeudi 30 juin 2016, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Ont pris part à cette journée, Tiébilé Dramé du PARENA au nom de l’opposition, Nancouma Kéïta au nom de la majorité présidentielle, le Pr Aly Nouhoum Diallo, Président de la Coordination des Mouvements Démocratiques (COMODE). Outre ces personnalités de la classe politique et de la société civile, y ont également pris part, Me Harouna Toureh, porte parole de la plate forme, Mohamed Mahmoud au nom de la CMA et des partenaires techniques et financiers dont Boubacar Issa Abdourhamane de l’Organisation Internationale de la Francophonie et le Président de la fondation Balanzan, Moussa Makan Camara.
Signé le 15 mai 2015 et parachevé le 20 juin de la même année, l’Accord de paix issu du processus d’Alger peine à se mettre en œuvre. Les nombreuses initiatives prises jusque là n’ont eu que très peu d’impact. Les réunions du comité de suivi de l’Accord qui est à sa 9e session se suivent et se ressemblent. L’Etat et les parties signataires se rejettent mutuellement la faute.
Dans cet océan de passions, la Fondation Balanzan a voulu faire intervenir les acteurs de la classe politique et de la société civile pour qu’ensemble avec l’Etat et les parties signataires, ils aient des «regards croisés sur les contraintes politiques, institutionnelles et constitutionnelles de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali». Ce cadre d’échanges sera «fécond de dialogue », selon le Président de la Fondation Balanzan, Moussa Makan Camara. On le sait, l’une des causes de la difficulté de la mise en œuvre de cet Accord sont les clivages et autres désaccords. Il va falloir, selon lui, qu’on arrive à mettre fin à ça. «Il importe de transcender les clivages et de gérer de manière véritablement inclusive la mise en œuvre de l’Accord aussi bien dans ses aspects exogènes que ses aspects endogènes, notamment en répondant à la demande d’impliquer toutes les forces vives de la nation exprimée par les partis politiques de l’opposition, et en assurant la meilleure intégration des mouvements COMPIS 15», a t-il dit.
Par rapport à la conférence d’entente nationale prévue par l’Accord, Moussa Makan Camara dira aussi qu’en plus de dégager les éléments d’une solution devant permettre au Mali de transcender la douloureuse épreuve infligée à son Peuple, elle sera le lieu pour l’élaboration d’une charte pour la paix, l’Unité et la Réconciliation nationale sur une base consensuelle. Embouchant la même trompette, le Pr Aly Nouhoum Diallo, Président de la Coordination des Mouvements Démocratiques (COMODE), dira que la charrue a été mise avant les bœufs dans la mise en œuvre de l’Accord. Car, dit-il, avant d’entamer quoi que ce soit, il fallait tenir cette conférence d’entente qui allait baliser le chemin pour une mise en œuvre efficace de l’Accord. Si cette posture d’Aly Nouhoum Diallo fait porter la responsabilité des échecs répétés à toutes les parties, il faut noter, cependant, qu’elle n’est pas partagée par Me Harouna Toureh, porte parole de la plateforme.
Selon ce dernier, c’est au gouvernement et au gouvernement seul qu’il revient de prendre ou de faire prendre les décisions qui s’imposent pour la bonne mise en œuvre de l’Accord.
Le Représentant de la CMA, Mohamed Mahmoud, qui a salué le rapprochement entre la CMA et la plateforme n’a pas autre chose à dire que de ce qui a été avancé par son allié, Me Harouna Toureh.
Pour Billy Nancouma Kéïta, membre de la majorité et du parti présidentiel, il est plus que nécessaire pour une bonne mise en œuvre de l’Accord de le disséquer et de le mettre en œuvre de façon séquentielle. Car, dit-il, dans le document, il y a des choses qui peuvent être faites dans l’immédiat tandis que d’autres prendront du temps voir des années. «Chaque partie doit alors reconnaitre les capacités et les limites de l’autre. Cette dichotomie à parler de la même chose sans avoir la même vision, cultive l’incompréhension», a-t-il martelé. Comme à son habitude, Tiébilé Dramé a fait une fixation sur le Chef de l’Etat déviant du thème; ce qui lui a fort opportunément été rappelé par le modérateur, Adam Thiam. Il s’est offusqué de la manière de gestion de la crise par le Chef de l’Etat, rappelé les incohérences de l’Accord, etc.
Au terme de ces travaux qui ont vu la prise de parole par les partenaires techniques et financiers, la Fondation Balanzan s’est dotée d’une «boussole» qui sera mise à la disposition des autorités afin qu’elle puisse servir un moyen de montrer la voie à suivre pour sortir le Mali du bourbier.
Mohamed DAGNOKO : LE COMBAT