samedi 23 novembre 2024
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Moussa Mara : L’inconséquent

Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va, a-t-on l’habitude de dire. Cette citation colle à merveille à celui qui fut, il y a peu, Premier Ministre d’Ibrahim Boubacar Kéïta. 

Que veut Moussa Mara ? Il n’est plus rare d’entendre les populations se poser ce genre de questions sur celui qui, il y a peu, était présenté comme un prétendant sérieux au fauteuil présidentiel. Mais, l’Homme, par ses prises de positions douteuses et ses déclarations inconséquentes, a fini par faire fondre son capital de confiance et de sympathie comme beurre au soleil. Il se retrouve aujourd’hui à chercher par tous les moyens de les regagner en vain. Moussa Mara, hier à la Mairie de la Commune IV n’est pas celui d’aujourd’hui. Le Moussa Mara qui donnait des insomnies à IBK lors des courses aux législatives, n’est plus le même. Il a changé. Il a étoffé son CV en passant de Maire à Ministre pour finir par le poste de Premier Ministre, en un laps de temps. Très peu de Maliens peuvent se glorifier d’un parcours aussi élogieux dans un temps aussi record. Si l’on arrive à envier son parcours, depuis le coup d’État, on ne voudrait, cependant, pas être à sa place quant à sa perte d’estime et de sympathie auprès de nombreux concitoyens. Son besoin constant d’avoir tout, et tout de suite, lui a souvent joué de mauvais tours. Souvenons-nous qu’il était venu à la Primature pour remplacer le jeune Oumar Tatam Ly. Ce dernier avait quitté le navire parce que les choses n’allaient pas dans le sens souhaité par lui et, pire, il avait, selon lui, les mains liées dans la prise de ses décisions. Une démission qui fait que ce jeune cadre de Banque jouit d’un profond respect et d’admiration de la part de ses compatriotes. Des atouts qu’il pourra capitaliser et exploiter s’il lui venait l’envie de faire de la politique. Alors Mara, le successeur de Ly, bien qu’ayant en commun la fougue de la jeunesse, n’a pas pu se hisser à la hauteur de ce dernier.  Et, pourtant, lui, en tant qu’Homme politique d’un autre bord, donc, Adversaire naturel du régime en place, devait pouvoir peser les tenants et les aboutissants de ses agissements et ses prises de décisions. Mais hélas. Sa mémorable bourde à l’Assemblée Nationale « Ntènté ta yorchi »  au moment de défendre le dossier de l’achat de l’avion présidentiel reste vivace dans les esprits. En défendant l’indéfendable, il n’a fait que se rendre complice d’une affaire dont il ne connaissait en réalité le fond. La preuve, lui et le Chef de l’État n’avaient pas les mêmes chiffres sur le prix du Boeing. Ironie du sort, au moment où il allait au charbon pour sauver la face du Régime et de son Président, le parti présidentiel, le RPM, travaillait à son éviction. Si cette affaire d’avion a été vite poussée sous le tapis comme de la poussière, c’est parce que les preuves présentées par l’opposition sur le bon état de l’avion d’ATT étaient irréfutables. Mais, le mal était déjà fait. Car, Mara s’était fait attraper comme un «tchounè». De cette affaire, il n’en tirera pas toutes les leçons. À la première occasion, il foncera tête baissée sur Kidal, et, ce, malgré les mises en gardes des véritables « Boss » de la zone que sont Barkhane et consorts. Le futé Soumeylou Boubèye Maïga ne le suivra pas dans cette aventure périlleuse qui ne se soldera pas la mort de plusieurs Soldats et Administrateurs de l’État. Comme on le dit, si la victoire à mille pères, la défaite, quant à elle, est orpheline. Donc, Moussa Mara s’est vite retrouvé seul à porter le chapeau de cette défaite, quand bien même qu’il ne pourrait  s’y rendre sans que quelqu’un «donne l’ordre» ou signe son ordre de mission. Il se verra même être traité de « fanfaron » par la suite. C’est comme ça quand on se prend pour ce qu’on n’est pas. Il l’aura appris à ses dépens et au détriment de son parti politique qui regorge de jeunes talents dont le sort politique se dessine en pointillés du fait des inconséquences de leur Chef.

Renvoyé du Gouvernement comme un mal propre, il tentera de se refaire une santé auprès des leaders religieux. Ses participations actives aux prêches et même souvent ses prises de parole dans certaines mosquées ont exacerbé des populations qui ont fini par le classer comme un « opportuniste » prêt à tout pour gouverner. Très peu de « grins » à Bamako ne l’ont pas reçu. Les manifestations de rues, les concerts, les cérémonies culturelles, Moussa Mara en a beaucoup présidé, et parrainé bon nombre d’autres sans pouvoir jamais retrouver la sympathie dont il jouissait.

Il ne peut s’en prendre qu’à lui même. Au moment où son parti critiquait ouvertement le Régime et IBK, Moussa Mara continuait à soutenir que « Yelema » était membre à part entière de la majorité présidentielle. Si les critiques étaient constructives, on pouvait l’admettre, mais c’était plutôt des frustrations mal contenues dues au lâchage de Moussa Mara et à la gourmandise du RPM de récupérer le poste de Député de Mopti après le décès de celui de la même Venise malienne qui était du « Yelema ». Finalement, c’est à Mopti, où a été commise, selon des cadres du parti « Yelema », la « bêtise » du RPM que le parti rompra avec la majorité présidentielle à l’issue de son 2e  congrès.

La dernière « moussaillerie » c’est de dire que ni la majorité, ni l’opposition, ni le centre ne peuvent apporter le changement souhaité par les Maliens. Et quand on lui demande de quel bord, il se situe, difficile à dire, puisqu’en réalité il n’y a plus de bord. Pas surprenant pour celui qui, au plus fort des événements autour de la révision constitutionnelle, avait fait un de ses longs écrits pour, en somme, dire aux Maliens qu’il n’était ni pour ni contre. Des « NI NI » qui rappellent le Roman du Sénégalais Abdoulaye Sadji.

En perte de repères, Moussa Mara fait comme cet aventurier qui emprunte tous les chemins sans réellement savoir où il va. Il faut tout confier à ce genre de personnage, sauf le gouvernail du bateau Mali et dans une moindre mesure celui de Bamako.

Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

Rédaction

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