La sollicitation de Kalfa Sanogo pour se présenter à l’élection présidentielle de 2018 met déjà la ruche dans tous ses états. Profitant d’un reportage du Correspondant permanent de RFI à Bamako qui affirmait que l’ADEMA aura son candidat en 2018, le parti a pondu un communiqué pour étaler ses peurs et ses véritables intentions.
Le week-end dernier, des milliers de personnes, venues du Mali et d’autres pays, se sont mobilisées dans au Stade Babemba de Sikasso pour demander à Kalfa Sanogo de briguer la magistrature suprême en 2018 (lire le COMBAT n°1603 d’hier lundi 18 septembre 2017). Une manifestation qui a fait l’objet d’un reportage du correspondant de RFI tant l’événement était majeur. C’était un secret de polichinelle de savoir que cette mobilisation indisposait des Responsables de l’ADEMA, parti dont est membre Kalfa Sanogo. Ces cadres ont, donc, vite fait de saisir la perche qui leur a été tendue par le correspondant de RFI qui affirmait, dans son reportage, que les dirigeants du parti avaient pris «une décision relative à son positionnement par rapport à la majorité présidentielle et à la désignation de son candidat à la prochaine élection».
Ce communiqué, appelé un « démenti », par le Secrétaire Général, Assarid Ag Ambarkawane, en réalité met à nue les intentions inavouées des dirigeants de l’ADEMA. Des intentions qui ne sont autre que de maintenir l’ADEMA aux côtés d’IBK pour un soutien en 2018, comme avec ATT en 2007 ou, à défaut, présenter un candidat affaibli, et certain qu’il sera battu. Sinon comment expliquer que ce parti, qui avait, lors de sa conférence nationale, décidé de désigner un candidat au moins une année avant la présidentielle ne l’ai pas encore fait ? Kalfa Sanogo, en se rendant à Sikasso pour écouter ses nombreux fans, a-t-il compris le piège ? Tente-t-il, à sa façon, de faire bouger les lignes ? Si on ne saurait l’affirmer, il faut, cependant, croire que la posture adoptée par les dirigeants du parti qui semblent se complaire dans les départements ministériels et autres postes juteux (ce communiqué en est la preuve) n’est pas celle des dirigeants d’un parti réellement soucieux de «conquérir le pouvoir». L’essence même d’une formation politique et de surcroit de la taille de l’ADEMA.
Que cette information donnée par RFI soit, selon le communiqué du parti, « infondée » soit. Mais, de là à dire qu’elle est tendancieuse, découvre clairement la logique dans laquelle s’inscrit Ag Ambarkawane et consorts.
Si l’ADEMA est le seul parti à procéder par des primaires pour élire son candidat, il faut aussi dire que ces primaires se terminent toujours par des fractures internes. Les exemples sont à foison. Si à moins d’une année de la présidentielle on ne s’entoure pas de garantie en organisant à temps ces primaires pour recoller au plus vite les morceaux d’une éventuelle cassure, il faut le dire, le ver est dans le fruit. Et cette mobilisation au profit de Kalfa Sanogo, Maire de Sikasso au compte de l’ADEMA va faire bouger les lignes que certains voulaient statiques.
Mohamed Dagnoko : LECOMBAT