vendredi 29 mars 2024
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ZOUMANA N’TJI DOUMBIA, PRESIDENT DE LA COMMISSION LOI DE L’ASSEMBLEE NATIONALE : « Rien n’est mis dans cette Constitution pour diviser les Maliens »

Nous avons approché l’honorable Me Zoumana Ntji Doumbia, président de la commission loi de l’Assemblée nationale et député élu à Bougouni, pour échanger sur projet de loi portant sur la révision constitutionnelle. Avec lui, nous avons logiquement évoqué le référendum prévu pour le 9 juillet 2017. Interview.

Le Reflet : Pourquoi cette révision constitutionnelle ?
Zoumana Ntji Doumbia : Depuis le mois de mars courant, le chef de l’Etat a souhaité une révision de la Constitution. Mais, une révision des lois doit être votée par les députés et promulguée le président qui est le chef d’Etat lui-même. Lors de son discours du nouvel an 2017, le chef de l’Etat avait dit qu’il souhaiterait que l’Assemblée révise la Constitution…
Mais il a voulu ce changement suite à certains constats. Bien avant lui, les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré voulaient réviser la Constitution sans y parvenir. La volonté du président Ibrahim Boubacar Kéita s’inscrit donc dans la continuité de l’Etat. Si ses prédécesseurs ont voulu cette révision, c’est qu’il y a des failles quelque part…
Depuis 2012, notre pays a rencontré des difficultés qui ne pouvaient être réglées sans mettre à jour la Constitution du 25 février 1992. Sans compter que nous sommes membres de l’Uémoa qui demande à tous ses pays membres la création d’une Cour des comptes pour mieux gérer et contrôler le budget de l’Etat. A part le Mali et le Bénin, les autres pays membres ont mis en place leur Cour des comptes. Et la révision constitutionnelle nous permettra d’harmoniser la législation nationale avec ces dispositions de l’Uémoa.

Le Reflet : Pour certains, cette révision vise juste à satisfaire les groupes armés du Nord ?
Zoumana Ntji Doumbia : Cette révision vise uniquement le développement du pays. Nous avons travaillé pendant 80 jours dans la commission avec les représentants de toutes régions du Mali. Mais aussi, nous avons regroupé tous les cercles pour parler et édifier les gens sur cette révision. Les recommandations de tous ont été prises en compte…

Le Reflet : Quelles sont les grandes innovations ?
Zoumana Ntji Doumbia : La nouvelle Constitution va valoriser les patrimoines culturelles, améliorer des droits et devoirs humains, favoriser la réinsertion sociale, surtout celle des handicapés qui ne doivent pas être exclus… Désormais, pour être candidat à la présidence de la République, il faut être originaire du Mali et pas une double nationalité. Le Parlement aura désormais deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat afin d’éviter des erreurs dans les prises des décisions étatiques.
Les Maliens de l’extérieur vont également pouvoir choisir leurs députés à l’Assemblée pour que leurs préoccupations soient prises en compte au niveau de la représentation nationale. Certaines personnes disent que le chef de l’Etat aura plus de pouvoir… Désormais, c’est le président de la République qui désignera le président de la Cour constitutionnelle avec un seul mandat de 9 ans comme dans les autres pays. Et cela contrairement à l’ancienne qui était 7 ans avec la possibilité de faire 2 mandats. Le président de la République élu va désormais prêter serment devant la Cour constitutionnelle et non la Cour suprême.

Le Reflet : Si vous devez convaincre les Maliens à voter massivement pour le oui, quel serait votre message ?
Zoumana Ntji Doumbia : Nous devons chercher à nous informer pour mieux comprendre les choses au lieu de s’opposer systématiquement à ce référendum. Ce projet fait l’objet de plusieurs interprétations. Certains disent que le chef de l’Etat veut ajouter 10 ans à son mandat. Ces personnes ne sont pas bien informées sur la loi car, avec cette révision, personne n’a le droit de se représenter après deux mandats. L’ancienne Constitution disait que, après le repos de deux mandats, on pouvait se présenter à nouveau à l’élection présidentielle.
Au début de cette révision, le chef de l’Etat nous a ordonné d’aller travailler pour le bien du Mali. « Je suis pour le développement du Mali et enlever tout ce qui va à l’encontre du développement du Mali. Je n’ai pas un agenda, mon agenda est celui des Maliens », nous avait clairement indiqué le président Ibrahim Boubacar Kéita. Il n’y a rien dans cette révision constitutionnelle si ce n’est l’intérêt et les soucis des Maliens. Il n’y a rien dans cette Constitution qui divise le Mali ou donne un intérêt particulier à une personne quelconque.
Propos recueillis par
Nindèye Tounkara LE REFLET

Djibril Coulibaly

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