Il nous faut ‘’restituer’’ l’irruption de l’inattendu de ces deux ( ?) jours de marche de protestation des jeunes de Gao- où il y a eu morts d’hommes- dans ces continuités plus lentes de notre société en crise et selon des résurgences méconnues. Un détail peut cocher un autre. Les jeunes de Gao promettaient de reprendre la rue avant- hier. Fallait-il s’attendre à une surprise perturbatrice?
La mise en route d’une politique qui n’a eu que des amis ou des avis ‘’en censeurs’’ ne s’est souvent pas assez donnée de prime. Cette marche des jeunes de Gao fait entendre le pouls d’un terroir au bord de l’implosion. Qu’est-ce qu’a mis le feu aux poudres aux lendemains de cette manifestation de colère ? Nous sommes au centre des rendez-vous de notre Histoire immédiate : ces marches, objets de représentations contradictoires menant sur des chemins de traverse. Comptez le nombre de morts et surtout de (grands) blessés !!! Qu’est-ce qu’a pu bien ordonner les discours des autorités en face d’une telle montée des périls ? Bien sûr, les fauteurs de troubles, occasionnels ou pas, ne sont pas en accord avec l’ordre de ce monde du Nord du Mali. Le Ministre de la Justice, qui fera partie de la Délégation officielle venue de Bamako, aura à plancher sur chacune des vérités de ces folles journées, un véritable puzzle qui recèle plus de vérité que leur assemblage final en trompe-l’œil. A chaque jour ses morts, puis les indices à collecter, les témoins récalcitrants à convaincre, les suspects à confondre…
Cherche-t-on à discréditer à plaisir le suivi des Accords de paix signes ?
La question des Autorités intérimaires continue-t-elle à faire débat ? Un fil noir semble ordonner des Représentants inverses les concernant au sein de nos populations. L’empire de la notion de Patrie prépare-t-il nos jeunes au grand sacrifice ? Avant-hier hier, des Bamakois ont réagi à en allant brûler des pneus à la descente du Pont Fahd, et marcher pacifiquement de la Place de l’Indépendance à la Cité administrative pour manifester leur soutien aux jeunes de Gao. Espièglerie, réaction ombrageuse? Attention, on ne sait pas vers quoi on glisse : la flèche du temps, tantôt file devant nous, tantôt dans notre dos, elle ne risque pas de percer le cœur à l’arrivée… Nous n’arrivons pas à trouver à l’aise les jeunes de Gao et ceux de l’autre jour au Pont Fahd à Bamako- dans les habits neufs qu’ils ont emprunté dans cette marche- bis …. Fonceurs pugnaces, les jeunes seront tout autant gesticulateurs mais qui veulent (vouloir) aller jusqu’à bout de plusieurs entreprises à la fois. Ils ne veulent pas du nouvel exécutif local à venir à travers les Autorités intérimaires et ils réclament la tête du Représentant actuel de l’Etat à Gao. Ce qui les guette : ils peuvent être prêts à se contredire d’une allégresse complaisante. Le vendredi prochain était une date à retenir pour l’installation de ces Autorités intérimaires dans la Région. Fait-il, sans cesse, refaire l’histoire réelle de ces Autorités avant d’en tirer des conclusions? Pour faire face aux aléas à ce qui ressemble à une crise sans précédent sur les Autorités intérimaires, le gouvernement aura à choisir entre le moins prisonnier de ses engagements partisans. Ce sont les Accords qui sont visés -tout en demeurant le plus fidèle à ses principes.
KONE :