jeudi 28 mars 2024
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SALIF KEITA : «Cheick Oumar Sissoko démasque le Démon à l’origine de la catastrophe infligée aux peuples du Sahel»

C’est le Rossignol du Mandé, Salif Kéita qui a eu l’honneur de préfacer la «Lettre ouverte au peuple malien». Il profite de l’opportunité pour déshabiller définitivement «la politique de la France et les actes posés par ses gouvernants actuels au plus haut niveau» contre le Mali, contre le Sahel voire contre l’Afrique. Pour l’artiste engagée, «la France n’a pas renoncé à ce qu’elle considère comme sa propriété de fait : son ex-empire colonial devenu, suite à l’échec de nos projets d’indépendance, son apanage spécifique et sa chasse gardée».

Empêtrée dans une régression économique qu’elle ne peut stopper, La France et ses alliés déclenchent «des guerres préparées de longue date» pour satisfaire des intérêts économiques et géostratégiques. Naguère le Biafra et le Tchad, hier le Congo et la Côte d’Ivoire, aujourd’hui les pays du Sahel.

«Les conséquences de cette violence criminelle sont désastreuses et affreuses pour nos populations et nos communautés avec la destruction des villages et des biens ; le pillage et les vols ; le meurtre de jeunes, de vieillards, de femmes et d’enfants ; la désolation et le désespoir», déplore Salif Kéita.

«Nos États sont mis sous tutelle, vassalisés. Nos dirigeants, dociles, béni-oui-oui, se mettent à plat ventre devant la France et les autres puissances étrangères alliées dans cette entreprise de recolonisation sauvage», condamne-t-il.

L’initiative de Cheick Oumar Sissoko est jugée «courageuse, responsable et honnête». Cela d’autant plus que l’œuvre de l’homme politique et cinéaste engagé «restitue les faits historiques incontestables, donne des repères solides et pose un diagnostic objectif qui démasque le Démon qui est à l’origine et à la manœuvre de la catastrophe infligée aux peuples du Mali et du Sahel. Il souligne sans faiblesses nos propres responsabilités (dirigeants, cadres techniques, classe politique, élite intellectuelle, société civile) et nous guide vers l’avant par des mesures concrètes et adéquates».

Ce serait un impardonnable pléonasme que de dire que Salif se retrouve corps et âme dans le combat de Cheick. «Comme moi, il appelle tous les Maliens patriotes à se mobiliser à se rassembler pour résister et défendre leur pays, ses intérêts, assurer sa survie, le devenir de la jeune génération et les meilleures chances pour les générations futures au Mali, au Sahel et en Afrique», déclare l’artiste dans la préface.

Et de préciser, «Cheick Oumar Sissoko et moi avons pris la même position par amour pour notre pays et les peuples du Sahel, par exigence de démocratie et de justice pour tous les êtres humains de notre planète Terre. Pour ma part, j’ai subi des représailles de la part des autorités françaises».

«Dans le cadre d’une convention de partenariat signée entre ma fondation (Fondation Salif Kéita/FSK) et la Chaîne de l’espoir, j’ai décidé d’organiser un gala de charité dont les bénéfices seront partagés entre la FSK et la Chaîne de l’espoir, une fondation financée par la France et qui s’occupe de la transplantation des cœurs des enfants, afin d’aider à la prise en charge d’environ 3 000 enfants qui attendent leur opération mais dont les parents ne disposent pas de moyens financiers nécessaires», révèle le Rossignol du Mandé. Mais, souligne-t-il, «à cause de mes prises de parole sur la politique française au Mali, diffusées dans des vidéos sur les réseaux sociaux, l’Élysée a envoyé une lettre à la Chaîne de l’espoir, lui demandant de ne plus travailler avec moi. Et cette action (consigne) a été soutenue par le pouvoir en place à Bamako, par notre gouvernement ! Des dispositions ont été également prises pour annuler mes concerts programmés en France».

«Mais tout cela ne me fera pas taire, car il s’agit de l’intérêt actuel et futur de mon pays, du Sahel et de l’Afrique. Nous nous sommes assumés, mon kôrô Cheick Oumar Sissoko et moi-même, en renonçant volontairement au confort de nos statuts d’artiste et d’acteur culturel de réputation mondiale», se réjouit le crooner de la musique mandingue.

«Il est difficile voire impossible pour quiconque aime son pays et son peuple de se taire devant tant d’humiliations, tant de crimes et de mensonges de la classe politique et de l’armée française sur notre sol. Il est tout aussi difficile de se taire devant l’abandon de souveraineté de l’État du Mali et le mutisme de la classe politique malienne».

Ne pas se taire pour être le complice des bourreaux du Mali et de l’Afrique  ainsi que des vassaux est l’attitude observée par Salif Kéita depuis son «Nous pas bouger» (Ko-Yan, 1989) au succès planétaire. Et en novembre 2019, il a été davantage clair et direct en conseillant son «Kôrô» (Aîné) Ibrahim Boubacar Kéita de se reprendre ou de quitter le pouvoir à temps afin de s’offrir une porte de sortie honorable.

«J’ai émis un avis critique sur la situation ô combien tragique que vivent nos populations du Mali et du Sahel» se souvient-il dans sa préface. En effet, dans une vidéo diffusée en live et partagée de façon virale sur les réseaux sociaux, le chanteur avait reproché au président IBK de se soumettre au «Petit Macron».

«Kôrô si tu as peur de dire la vérité à la France, si tu ne peux pas gérer ce pays, quitte le pouvoir, celui qui n’a pas peur le prendra, tu passes ton temps à te soumettre à ce petit Emmanuel Macron, c’est un gamin. Koro tu n’es pas au courant que c’est la France qui finance nos ennemis (jihadistes) contre nos enfants», a déclaré l’artiste.

Cette vidéo intitulée «Message Urgent: Il faut que je parle. Le Mali avant tout» a été considérée à l’Elysée et au Quai d’Orsay comme un crime de lèse majesté. «Pour me discréditer, une campagne orchestrée par les autorités françaises tente de faire croire aux opinions publiques que je suis anti-français et travaille à propager ce sentiment au Mali et au Sahel», révèle le «Domingo» de la musique malienne. «Quelle allégation fallacieuse», ironise-t-il en rappelant, «les faits sont éloquents : tout mon parcours, mes liens familiaux et mon réseau relationnel montrent que, comme la quasi-totalité des Maliens, je ne suis pas anti-français et je ne l’ai jamais été. Il est de notoriété publique que mes enfants sont Français et que beaucoup de Français aussi comptent parmi mes meilleurs amis».

Aujourd’hui, aucun Malien voire aucun Africain ne pourra défendre que Salif et Cheick Oumar n’ont pas assumé leur part du devoir, consenti leur part de sacrifice pour extraire le Mali, le Sahel voire l’Afrique des tentacules de ce démon qui compromet sa stabilité, donc son émergence socioéconomique.

«J’espère ardemment que tous les patriotes maliens, surtout notre jeunesse combattante et pleine d‘énergie, se mobiliseront avec nous comme un seul homme pour montrer notre maturité en prenant toutes nos responsabilités», souhaite Salif Kéita. Il mise aussi sur «le soutien et la solidarité de toutes les personnes éprises de paix et de justice, d’amour et de fraternité universelle dans notre lutte légitime contre l’aveuglement de la politique africaine de la France officielle qui foule aux pieds les valeurs et les principes qu’elle a, autrefois, portés et défendus honorablement».

C’est pourquoi, tout naturellement, Salif kéita, «recommande très fortement la lecture et la diffusion, sous les formes les plus variées et les plus accessibles à nos populations, de cet essai qui doit nous servir de moyen de prise de conscience collective et de boussole pour l’action» !

Moussa Bolly

 

Djibril Coulibaly

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