Jamais un régime n’a été aussi décrié, conspué et dénoncé par son Peuple et la classe politique pour irresponsabilité et incompétence depuis la démocratie au Mali de la sorte que celui d’IBK. De 2013 à nos jours, on assiste à toutes sortes de scènes d’humiliation à l’endroit du Peuple malien. En un mot, IBK même ne sait plus à quel bord il a conduit le pays. Pourtant, il a été appelé par 77,61% de l’électorat national à la rescousse.
«L’habit ne fait pas le moine ». Cet adage chrétien semble lié à la peau politique du Régime du Président IBK. Jadis, un Homme de rigueur et de principes infaillibles et respectueux des vertus démocratiques et constitutionnelles, l’Homme, depuis son accession à la magistrature suprême de notre pays en septembre 2013, peine à être à mériter la confiance placée en lui par la majorité écrasante de l’électorat malien. Après avoir transformé le Mali en une vache laitière au profit de sa famille et de ses courtisans, il a rendu le système de gouvernance clanique, anarchique, régionaliste, ethnocentriste et corrompu puis a érigé en système le triple phénomène de népotisme, de démagogie et d’impunité à l’échelle nationale.
En effet, lors du premier tour du scrutin présidentiel, IBK, après son vote, a annoncé que l’élection en cours est l’une «des meilleures élections organisées en Afrique ». Chose qui semble loin de là. Ce qui donne l’impression que notre Président est en rupture profonde avec la réalité des choses. Car, contrairement à ses dires, la transparence et la crédibilité du processus électoral 2018 ont été fauchées à tous les niveaux. Tout le monde en est conscient et en anime là-dessus. Il s’agit de véritable « mascarade électorale ».
Malgré les perturbations de 700 Bureaux de vote pour des raisons d’insécurité, d’insuffisances organisationnelles, de bourrage d’urnes, puis du partage frauduleux des suffrages valablement exprimés dévoilés entre les candidats, de faux et d’usage, IBK et ses clans se vantent d’avoir réussi à organiser un scrutin électoral transparent, libre et régulier. On aurait assisté à un « partage à humeur », selon Mountaga Tall, l’un des candidats contestateurs. Bref, les résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet dernier sont loin d’être l’expression démocratique du Peuple malien. Sur les 24 candidats retenus par la Cour Constitutionnelle, 18 (soit les 80%) contestent les résultats provisoires du premier tour du 29 juillet dernier et exigent même l’annulation du scrutin et la démission du Ministre de l’Administration Territoriale. Selon eux, il s’agit là de sauver la démocratie ou la laisser périr. C’est en cette raison que ledit collectif des 18 candidats a tenu un grand meeting de contestation des résultats provisoires, le mardi dernier, au palais de la Culture Ahmadou Hampaté Bah. Sur les banderoles, se lisent toutes sortes de slogans et messages pleins de sens et attestant la fausseté des résultats du premier tour publiés le 2 août dernier par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.
Les irrégularités dénoncées
Lors du meeting, des explications ont été données par les candidats contestateurs sur les irrégularités et manquements graves constatés dans le processus électoral. Il s’agit de :-l’utilisation abusive des moyens de l’État par le Président de la République sortant, candidat à sa propre réélection ;
-la propagande de l’ensemble du Gouvernement sur le prétendu bilan du Président de la République faussant ainsi de façon flagrante l’égalité de traitement des candidats en période électorale notamment par les médias publics ;
-du retrait massif des cartes d’électeurs par des personnes non titulaires et non habilitées ;
-la corruption et achat du vote des électeurs à ciel ouvert dans les milliers ruraux et urbains ;
– du bourrage d’urnes et attribution de résultats fantaisistes aux candidats ;
-l’absence des cartes d’électeurs non distribuées dans de nombreux Bureaux de vote en violation de la Loi électorale en vigueur ;
-l’utilisation frauduleuse de certaines cartes d’électeurs non retirées;
-le non-affichage des listes électorales devant plusieurs Bureaux de vote.
Le bourrage des urnes
Conscient de la défaite certaine de leur candidat, un réseau sombre aurait été introduit dans le processus électoral par le Régime en place pour bourrer les urnes en faveur du Président sortant.
Selon Choguel Kokala Maïga, le suffrage attribué à la Région de Ménaka ne reflète rien de la population actuelle de celle-ci. « La population de Ménaka, avant la guerre, était environ 50.000 personnes. Avec la guerre, tout le monde est parti sauf quelques tribus qui sont restées. Ainsi, comment peut-on faire voter 33.000 Habitants à Ménaka ? Ce n’est pas possible », s’est-il insurgé avant d’ajouter qu’il faut les résultats Bureau de vote par Bureau de vote. «Comme ça, on découvrira le vol », a-t-il insisté.
L’achat de consciences des électeurs à ciel ouvert
En violation grave de loi électorale qui interdit catégoriquement l’achat de conscience de l’électeur, le scrutin du 29 juillet dernier a été pris en otage par les dessous de table surtout à Bamako et environ: «La campagne agricole pourrait être compromise, car, les engrais et les semences devant être offerts aux paysans aux mois d’avril et, mai, n’ont pas été donnés. Ils ont été distribués la veille et le jour de l’élection présidentielle du 29 juillet dernier. Les retraités du chemin de fer n’avaient pas eu leurs salaires depuis un an, on est venu les leur donner à la veille de l’élection. On crée la misère pour venir acheter la population. Il y a des gens qui ont voté sous la menace des armes », a rappelé Choguel Kokala Maïga.
L’utilisation frauduleuse de la procuration
L’autorisation illégale de la procuration sur la base communale donnée par Mme la Présidente de la Cour Constitutionnelle est le principal germe de ce « Holdup électoral », selon le candidat Me Mohamed Aly Batilly.
Par inconscience ou par conscience de la fraude, la Cour Constitutionnelle, à travers cette décision illégale, a servi à «nourrir la fraude». La loi régissant la distribution des procurations a été délibérément violée. Et la décision d’annulation donnée par Premier Ministre à quelques heures du scrutin n’a pas eu d’effet légal.
Les doléances du Collectif
Étant donné que ses doléances ne seront pas acceptées, le Collectif des dix-huit candidats, se réserve le droit de rejeter les résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet, dernier qui devaient être statué, hier mercredi, par la Cour Constitutionnelle. Il exige :-le recomptage contradictoire des voix et la publication des résultats, Bureau de vote par Bureau de vote ;
-la publication de la liste exhaustive des localités et des Bureaux de vote où le scrutin n’a pas pu se tenir et du nombre d’inscrits concernés.
Tant que cette liste n’est pas connue et vérifiée par les missions d’observation, le pouvoir peut en toute impunité produire des résultats dans des Bureaux de vote officiellement ouverts, mais dans lesquels les électeurs ne se sont pas rendus faute de sécurité ;
-une clarification sans ambiguïté de la Communauté internationale et du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation au sujet du fichier électoral parallèle mis en ligne par la Délégation Générale aux Élections (DGE) ;
-une vérification contradictoire du logiciel de compilation des résultats et procès-verbaux qui échappe à tout contrôle et que les différentes missions électorales d’observation n’ont pas pu véritablement auditer malgré les engagements pris lors de la rencontre avec le Premier Ministre, le 28 juillet dernier ;
-La publication du Rapport de la CENI sur le 1er tour ;
-La publication de la situation réelle du vote par procuration.
Seydou Konaté