Après la prestation de serment, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a reçu des mains de son Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga la lettre de démission de tout son Gouvernement. Il lui a par la même occasion renouvelé sa confiance pour constituer une nouvelle équipe autour de lui.
C’est fait. Soumeylou a été reconduit à son poste de Premier Ministre. Lui à qui l’on prête le succès des dernières élections ne pouvait espérer mieux sinon être élu Député et siéger à la tête de l’Assemblée Nationale et devenir la deuxième personnalité du pays. Mais, bon, en acceptant de prendra la tête du Gouvernement tout porte à croire qu’il ne sera pas candidat aux législatives dont le collège électoral est convoqué pour le 28 octobre prochain. Dans les jours à venir, il est attendu de lui la mise en place d’un Gouvernement qui répondra aux aspirations du Peuple. Pas besoin d’être un devin pour savoir que le Peuple malien aujourd’hui aspire à la mise en valeur des compétences au détriment des copains et des rats de palais.
Si au lendemain d’une élection de laquelle l’on est sorti victorieux on songe à récompenser ceux-là qui nous ont aidés, il faudra faire en sorte que ceux-ci soient des cadres compétents et sans reproches. L’Homme qu’il faut à la place qu’il faut.
Les Maliens ne sont plus prêts à tolérer le partage de gâteau qui a eu lieu tout au long des cinq dernières années. On se souvient que tous les candidats à l’exception de quelques-uns (Sibiri Coumaré) qui ont soutenu le Président IBK dans l’entre-deux tour ont bénéficié de postes et d’avantages. Si pour certains leurs compétences justifiaient le poste, il n’en était pas le cas pour l’écrasante majorité pour qui ces postes n’étaient autre chose qu’un renvoi de l’ascenseur.
Avec 77% de votes favorables, on peut se permettre certains écarts. Mais avec moins de deux millions de voix (67%) et une réélection au second tour, il faut être une autruche pour feindre d’ignorer le danger qui pourrait résulter d’un partage de « gâteau ».
Si IBK, versé dans l’euphorie, peut l’ignorer, ce n’est pas Soumeylou, la bête politique qui ne sait pas que le régime doit tirer toutes les conséquences de cette réélection au goût d’inachevé. Aux aguets, Soumaïla Cissé et ses partisans qui ne reconnaissent pas IBK comme le Président de la République. Tout ça ne rend pas la tâche et le choix des hommes et femmes du futur gouvernement facile.
Ainsi, loin d’être une sinécure, la composition du prochain Gouvernement s’annonce comme un test grandeur nature, tant les Maliens observent et attendent avec impatience. Ce choix sera retourné dans tous les sens, les hommes et les femmes qui composeront le Gouvernement seront jugés non seulement sur leurs compétences, mais aussi leur moralité. Les Maliens ne lui pardonneront pas un Ministre dont la « sextape » fait le buzz sur la toile.
Le choix de l’équilibre
Les récompenses des soutiens ont longtemps amené à la composition de Gouvernement de 90% de politiques. L’Homme politique mue par sa seule volonté de rester au pouvoir pose des actes très souvent politiciens sans réel rapport avec les besoins des populations. Tout est fait par lui pour rester dans les bonnes grâces du pouvoir. Il se sert du pouvoir, mais ne sert pas le pouvoir.
Or, le Peuple malien a aujourd’hui plus que besoin des Gouvernants dévoués pour son bien-être. Éprouvé par la crise sécuritaire et économique, ce nouveau bail accordé au Président, loin d’être la traduction d’un satisfécit du mandat écoulé, se présente comme celui de la dernière chance, celui où il doit, enfin, mettre en œuvre les nombreuses promesses prises au Peuple. Y manquer, risque de lui coûter cher.
Les compétences ne manquent pas au sein de la société civile et des Maliens de la diaspora. Il faut y faire recours pour former un Gouvernement homogène avec des compétences et des talents variés. Ce Gouvernement sera le premier baromètre des « nouvelles » promesses présidentielles. IBK II a promis que ce quinquennat sera celui de la jeunesse. Il est, dès lors, inconcevable que soit en place un Gouvernement où les jeunes ne seront pas en nombre suffisant. Il est aussi temps pour IBK de se souvenir que le Mali a une loi sur le quota qui prévoit 30% de femmes aux postes électifs et nominatifs. Alors le prochain Gouvernement doit impérativement comporter 30% de femmes si nous sommes dans un État de Droit et non dans un Etat de passe-droit.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT