Sortis de l’ombre et hissés à la lumière par le régime IBK, beaucoup se sont entre-temps découvert une carrure de présidentiable, chose qui n’était jadis pas permise même dans leurs rêves les plus fous.
On pourra tout dire du régime d’IBK, sauf son sens de partage. Les inquiétudes qu’avaient ses soutiens au lendemain de son élection, quand il annonçait «que son régime ne sera pas un partage de gâteau» se sont très vite dissipées avec les premières nominations. Le «gâteau Mali» a bien été partagé. Beaucoup en ont bénéficié et de gros morceaux. L’omniprésence de la famille au cœur de l’appareil d’État et les compagnons du temps où il était Premier Ministre ont fini de se convaincre que, non seulement les soutiens peuvent savourer ce géant gâteau Mali, mais surtout que les «rats de palais», les larbins et les flagorneurs pourront eux aussi en bénéficier.
Si le Président IBK, contrairement à ce qu’il avait dit, s’est mis à servir à tour de bras ses soutiens dans l’entre deux tours et ceux d’avant, il ignorait certainement qu’il préparait des potentiels opposants à sa réélection en 2018. Lui qui s’apprête à briguer son deuxième mandat.
Mara-Dra-ADP-Racine
L’ancien Premier Ministre, Moussa Mara, ne manque plus une seule occasion pour pointer du doigt les manquements du régime. Fait Ministre et Premier Ministre par le même régime, il le voue aujourd’hui aux gémonies. Il pense que l’État n’est pas «Stratège». C’est à croire qu’il était atteint de cécité au moment où il siégeait à la primature. Il est comme ce remplaçant qui, du dehors du terrain, voit toutes les failles de son équipe, mais qui, une fois sur le terrain, dévient méconnaissable. Sur cette voie, il n’est pas seul. Le candidat de l’ADEMA à la présidentielle, Dramane Dembélé, lui aussi, après avoir été débarqué de son poste de Ministre de l’Habitat, est soudainement devenu un pourfendeur du régime. Sous profils cachés au départ, il le fait maintenant à visage découvert sur les réseaux sociaux. Frustré ? Certainement. Car, sur ce régime, il ne voit que des taches noires. Le retournement du parti ADP-Maliba est symptomatique du malaise profond qui oppose le régime à ses alliés d’hier. Ce parti qui a accompagné le parti présidentiel jusqu’au sein de l’hémicycle est aujourd’hui membre à part entière de l’opposition. Pour former son groupe parlementaire, il a porté un coup dur au RPM en le délestant de trois de ses Députés.
La dernière en date est la migration de Racine Thiam, précédemment chargé de Communication à la Présidence de la République, vers l’URD; donc, l’opposition.
Si ces Hommes politiques, après avoir cheminé avec IBK et son régime se retrouvent aujourd’hui dans le camp adverse, ils ne sont pas les seuls.
Certains grands inconnus après avoir bénéficié d’un peu de gâteau crachent désormais dans la soupe.
Kalifa-Modibo-Igor
Même si l’Homme est crédité d’être un membre fondateur de l’ADEMA, Kalifa Sanogo, l’édile de Sikasso, n’avait jamais fait de la grande politique en tout cas pas à visage découvert. Son passage à la tête de la Compagnie Malienne de Développement du Textile (CMDT) l’a poussé à se jeter dans l’arène politique. Son premier test, celui des Communales de Sikasso, a été un franc succès. Maintenant l’Homme vise plus haut, le sommet, Koulouba. Face aux atermoiements de l’ADEMA, parti dont il voudrait être le porte-étendard à la présidentielle prochaine, un groupement s’est réuni à Sikasso pour demander sa candidature. Si l’Homme n’a pas donné de réponse, il s’est dit réceptif à la demande. Tout porte à croire qu’il ira à la présidentielle avec ou sans le soutien de l’ADEMA. Son successeur, le Banquier, Modibo Koné, depuis Dakar se positionne aussi pour se lancer dans la course pour Koulouba. Contrairement à Kalifa qui a longtemps servi au plan national et qui compte beaucoup d’étudiants au sein de l’Exécutif, à commencer par l’actuel Premier Ministre, Modibo Koné, lui, est un grand inconnu sur la scène politique nationale. Tout comme lui, Oumar Tatam Ly, Mamadou Igor Diarra, qui serait le parrain d’un grand regroupement qui a été lancé la semaine dernière (nous y reviendrons) sont aussi soupçonnés de se positionner pour 2018.
Des formations politiques aux individualités, ils ont tous en commun d’avoir servi ce gouvernement. La similitude (à l’exception d’ADP-Maliba et d’Oumar Tatam Ly qui ont démissionné), c’est qu’ils se sont tous aperçus des «tares» du régime après avoir été demis de leurs fonctions. Si l’on peut accuser le comportement soudain de ces «nouveaux opposants», la gestion des alliés par le régime n’est pas exempte des reproches. Longtemps les agissements des proches d’IBK notamment du RPM ont été décriés par les alliés. Leur désire de vouloir s’accaparer de tous les postes stratégiques crée inéluctablement un vide autour du Président de la République.
Après les communales , de novembre 2016, les Régionales à venir seront une autre tribune pour le RPM d’étaler sur la place publique son appétit vorace au épris des alliés. Un mépris qui pousse les alliés dans les bras de l’opposition.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT