jeudi 28 mars 2024
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Rapport annuel d’Amnesty International sur le recours à la peine de mort en 2020:  » Une diminution des condamnations et d’exécutions à travers le monde de 36%, le plus bas depuis 10 ans  »  

 

Amnesty International Mali a rendu public son rapport mondial sur les condamnations à mort et les exécutions en 2020. C’était hier mercredi 21 avril 2021, dans la salle de conférence de ladite structure, à la faveur d’une conférence de presse co animée par le Président d’Amnesty International Mali, la directrice exécutive, Ramata Guissé et le Coordinateur-juriste, Mohamed Elbéchir Singaré.    

 

Selon le communiqué de presse d’Amnesty International, les difficultés sans précédent engendrées par la pandémie de Covid-19 n’ont pas suffi à dissuader 18 pays de procéder à des exécutions en 2020.

« Figurent au nombre des pays qui ont en 2020 procédé à des exécutions, l’Égypte où le nombre d’exécutions a triplé par rapport à 2019, et la Chine, où la répression annoncée des infractions liées aux mesures de prévention visant à juguler la pandémie de la Covid-19 a abouti à la condamnation à mort et à l’exécution d’une personne au moins.

Parallèlement à cela, le gouvernement de Donald Trump aux États-Unis a repris les exécutions fédérales après une pause de 17 ans, et a mis à mort 10 hommes en moins de six mois, ce qui est ahurissant. L’Inde, Oman, le Qatar et Taiwan ont également repris les exécutions en 2020 », relate ledit communiqué.

Tandis qu’un combat était livré à travers le monde pour protéger la vie des personnes face à la pandémie de Covid-19, plusieurs gouvernements se sont, de façon inquiétante, acharnés à recourir à la peine de mort, et à procéder à tout prix à des exécutions, a déclaré Agnès Callamard, Secrétraire générale d’Amnesty International.

Il est à noter que la peine de mort est un châtiment abominable, et la poursuite des exécutions en pleine période de pandémie ne fait que souligner davantage encore la cruauté qui lui est inhérente. Il est déjà difficile, dans le meilleur des cas, de s’opposer à une exécution, mais en raison de la pandémie, de nombreuses personnes sous le coup d’une sentence capitale, n’ont pas pu avoir accès en personne à un avocat, et un grand nombre de personnes désireuses d’apporter leur soutien ont été contraintes de s’exposer à des risques considérables, pourtant évitables, pour leur santé.

 

Les cinq pays procédant au plus grand nombre d’exécutions   

 

Il est dit dans le rapport, comme en Chine les informations sur le nombre total d’exécutions et de condamnations à mort sont classées secret d’État, il est impossible de surveiller de façon indépendante la situation dans ce domaine. Ainsi, les statistiques d’Amnesty International relatives à toutes les exécutions qui ont été recensées ne comprennent donc pas les exécutions qui ont eu lieu en Chine.

Il est estimé que la Chine procède chaque année à plusieurs milliers d’exécutions, ce qui la classe en tête des pays où ont lieu le plus grand nombre d’exécutions, devant l’Iran (245+), l’Égypte (1074), l’Irak (45+) et l’Arabie saoudite (27). L’Iran, l’Égypte, Irak et l’Arabie saoudite ont été responsables à eux seuls de 88 % de toutes les exécutions recensées dans le monde en 2020.

En Égypte, le nombre d’exécutions enregistré durant l’année a triplé, le pays se classant ainsi au troisième rang mondial en 2020. Au moins 23 des personnes exécutées ont été condamnées à mort dans des affaires liées à des violences politiques et à l’issue de procès manifestement iniques, entachés par l’utilisation d’« aveux » extorqués et par d’autres graves violations des droits humains notamment la torture et la disparition forcée.

Des condamnations à mort ont ainsi été prononcées pour des infractions à la législation sur les stupéfiants en Chine, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, à Singapour, au Sri Lanka, en Thaïlande et au Viet Nam ; pour corruption en Chine et au Viet Nam et pour blasphème au Pakistan.

Au Bangladesh et au Pakistan, des sentences capitales ont été prononcées par des tribunaux qui ont été créés au titre de lois spéciales et qui suivent généralement une procédure distincte de celle des tribunaux de droit commun. Aux Maldives, cinq personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits qui leur étaient reprochés étaient toujours sous le coup d’une sentence capitale.

Les États-Unis ont été le seul pays des Amériques à avoir procédé à des exécutions en 2010. En juillet, le gouvernement de Donald Trump a procédé à la première exécution fédérale depuis 17 ans, et cinq États ont, à eux seuls, exécuté sept personnes.

 

Le nombre d’exécutions n’a jamais été aussi bas depuis 10 ans   

 

Au niveau mondial, au moins 483 personnes ont, à la connaissance d’Amnesty International, été exécutées en 2020, excepté la Chine, la Corée du Nord, la Syrie et le Viet Nam. Ce chiffre désolant est cependant le plus faible qu’Amnesty International ait enregistré depuis au moins 10 ans.

Il représente une baisse de 26% par rapport à 2019, et de 70% par rapport au pic de 1634 exécutions recensées en 2015. Le rapport indique que cette chute du nombre d’exécutions résulte de la baisse enregistrée dans certains pays non abolitionnistes et, dans une moindre mesure, de l’interruption des exécutions décidée dans certains cas, en raison de la pandémie.

Le nombre d’exécutions recensées en Arabie Saoudite a chuté de 85%, passant de 184 en 2019 à 27 en 2020, et de plus de 50% en Irak, où il est passé de 100 en 2019 à 45 en 2020. Aucune exécution n’a été recensée à Bahreïn, au Belarus, au Japon, au Pakistan, à Singapour et au Soudan, alors qu’en 2019 ces pays avaient tous appliqué des sentences capitales.

Le nombre de condamnations à mort recensées à travers le monde (au moins 1477) a également diminué, avec une baisse de 36% par rapport à 2019. Amnesty International a relevé une diminution du nombre de condamnations à mort dans 30 des 54 pays où des sentences capitales ont été recensées.

Selon le rapport, cette baisse est apparemment liée, dans plusieurs cas, à des retards et des reports concernant les procédures judiciaires dus à la pandémie. Les exceptions les plus notables à cette tendance ont été observées en Indonésie, où le nombre de condamnations à mort recensées en 2020 (117) a augmenté de 46 % par rapport à 2019 (80) ; et en Zambie, ce pays ayant prononcé 119 condamnations à mort en 2020 (soit 18 de plus qu’en 2019), ce qui représente le chiffre le plus élevé enregistré en Afrique subsaharienne.

 

 Abolir la peine de mort   

 

En 2020, le Tchad et l’État du Colorado, aux États-Unis, ont aboli la peine de mort, le Kazakhstan s’est engagé à l’abolir au titre du droit international, et la Barbade a procédé à des réformes afin de supprimer l’imposition obligatoire de la peine capitale.

En avril 2021, 108 pays ont déjà aboli la peine de mort pour tous les crimes, et 144 pays l’ont aboli en droit ou dans la pratique. Même si certains gouvernements ont continué d’utiliser la peine de mort, le bilan pour 2020 est globalement positif.

« Compte tenu du fait que 123 États ont soutenu l’appel de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur d’un moratoire sur les exécutions, la pression s’accroit pour que ceux qui sont encore à la traine rejoignent ce mouvement.

Dans ce contexte de mouvement mondial, persistant vers l’abolition de la peine de mort, Amnesty International demande au Congrès des États-Unis de soutenir les initiatives législatives visant à l’abolition de ce châtiment.

« Nous demandons aux autorités de tous les pays qui n’ont pas encore aboli la peine de mort de prendre les mesures nécessaires en 2021 pour mettre fin une fois pour toutes aux homicides judiciaires. Nous continuerons de faire campagne tant que la peine de mort n’aura pas été abolie partout et définitivement », a conclu Mohamed Elbéchir Singaré.

 

Aïssétou Cissé LE COMBAT

Djibril Coulibaly

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