vendredi 29 mars 2024
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Présidentielle du 29 juillet : À la découverte du candidat Ibrahim Boubacar Kéïta

Ibrahim Boubacar Kéïta, affectueusement appelé IBK, est un Homme d’État malien né à Koutiala le 29 janvier 1945. Député de Bamako au début de la décennie précédente, il a été Premier Ministre entre 1994 et 2000, et Président de l’Assemblée Nationale de 2002 à 2007Pour la présidentielle du 29 de ce mois, il fait  office de Président sortant pour avoir dirigé le Mali ces cinq dernières années.

Parcours académique et expériences professionnelles

Ancien élève du prestigieux lycée parisien Janson de Sailly, Ibrahim Boubacar Kéïta a obtenu son Baccalauréat au Lycée Terrasson de Fougères de Bamako en 1965, puis a poursuivi son cursus à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et à la Sorbonne, où il a obtenu une Maîtrise d’Histoire, un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en Sciences politiques et un autre en Histoire des Relations Internationales Contemporaines (IHRIC).

Après ses études, il a été Chargé de recherches au Centre national des Recherches Scientifique (CNRS) et a enseigné les systèmes politiques du Tiers-Monde à l’Université de Paris Tolbiac.

De retour au Mali en 1986, IBK s’est impliqué dans le développement économique et social de son pays en tant que Conseiller technique principal de l’Union Européenne pour le Fonds Européen de Développement (FED), puis au sein de l’ONG Terre des Hommes France, dont il a été le Directeur pour le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

  • Parcours politique et gestion de l’État

Déjà militant au sein de l’Association des Étudiants et Stagiaires Maliens en France (AESMF), membre de la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF), Ibrahim Boubacar Kéïta participe également à la création en 1969 du Comité de Défense des Libertés Démocratiques au Mali (CDLDM), dont il devient le Secrétaire Général deux ans plus tard.

Dès 1986, IBK participe dans la clandestinité au mouvement démocratique malien à l’origine de la Révolution de 1991, qui met fin au règne de 23 ans de la dictature du Général Moussa Traoré. Il est membre fondateur de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), parti à l’origine de l’émancipation démocratique et dont il sera le Président de 1994 à 2000. Pendant la première campagne électorale libre et transparente, Ibrahim Boubacar Kéïta contribue activement, en tant que Directeur adjoint de campagne, à l’élection triomphale d’Alpha Oumar Konaré en avril 1992, sous les couleurs de l’ADEMA.

IBK est alors nommé successivement porte-parole et Conseiller Diplomatique du Président Konaré, puis en novembre 1992 nommé Ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina Faso et au Gabon, avec résidence à Abidjan, Ministre des Affaires Etrangères en novembre 1993, et Premier Ministre de février 1994 à 2000.

On peut retenir de son action de Chef du Gouvernement la résolution de la crise scolaire mettant fin aux grèves, l’apaisement des tensions sociales, la signature d’accords de paix avec la rébellion touarègue du Nord du pays en 1996, et la mise en œuvre de la loi de Décentralisation. Il a également conduit les mesures économiques qui ont permis d’atténuer l’impact de la dévaluation du franc CFA intervenue quelques semaines après sa nomination. Son style de Gouvernement est marqué par le respect scrupuleux de l’autorité de l’État et de l’État de Droit.

  • La longue marche vers le pouvoir

À la suite de désaccords au sein de son parti, IBK quitte l’ADEMA en 2000 et fonde le Rassemblement pour le Mali (RPM) en juin 2001, suivi par une bonne frange des militants. Son nouveau parti, en tant que membre de l’Internationale socialiste partage les valeurs de la social-démocratie, le choisi comme son candidat à l’élection présidentielle d’avril 2002. Ibrahim Boubacar Kéïta arrive 3e avec 20,65% des suffrages. Son sens de la responsabilité le pousse, malgré de nombreuses irrégularités,  à accepter le verdict de la Cour Constitutionnelle, contre l’avis  de ses partisans. À travers cet acte, IBK a prouvé à son Peuple et à la Communauté internationale son grand sens de l’État en évitant à son pays des troubles postélectoraux.

Au second tour, il apporte son soutien à Amadou Toumani Touré (ATT), qui est élu face  au candidat de l’ADEMA, Soumaïla Cissé. Quelques semaines plus tard, le RPM arrive en tête des élections législatives, et IBK, élu Député à Bamako, se voit logiquement élu Président de l’Assemblée Nationale, le 16 septembre 2002. Pendant son mandat de 5 ans, il a contribué, dans un cadre consensuel, à dynamiser cette jeune institution et a permis de faire voter des textes importants tels que la loi d’orientation agricole, la réforme du code minier. Cela dit, il s’est opposé au Régime d’ATT à partir de 2005, avec comme point d’orgue les Accords d’Alger (juillet 2006). Ces derniers prévoyaient notamment la démilitarisation du Nord, qui est à l’origine de la grave crise intervenue en 2012.

Logiquement, IBK fut à nouveau candidat à la Présidentielle en 2007 pour proposer un projet alternatif à celui qui était en œuvre depuis 2002. Il fut le seul Représentant d’un grand parti ; car, tous les autres avaient choisi d’apporter leur soutien au Président ATT. Face à la machine de l’État, IBK a réalisé un score honorable de 19%. Conservant son siège de Député lors des Législatives de juillet 2007, il devient un opposant constructif et respectueux des institutions, jusqu’à apporter son soutien au Gouvernement sur les grandes causes nationales : éducation, lutte contre le terrorisme…

Compte tenu du délabrement de l’Autorité de l’État et de l’accentuation de la menace terroriste dans le Nord du pays, de nombreuses voix ont appelé à partir d’octobre 2011 le Président du RPM à se porter à nouveau candidat à l’élection présidentielle de 2012. Il a été investi le 14 janvier 2012 par la coalition IBK Mali 2012, composée de 18 partis politiques et d’environ une centaine d’associations de la société civile. Malheureusement, le coup d’État du 22 mars 2012 a mis un coup d’arrêt à la campagne électorale dont le Président du RPM était l’un des favoris.

Le 23 mars 2012, IBK a été le premier homme politique à condamner avec vigueur et détermination le coup d’État militaire. Ces événements ont précipité la perte des 2/3 du territoire malien, au profit des groupes armés djihadistes et indépendantistes, validant les thèses d’IBK sur la déliquescence de l’État et le refus des Accords d’Alger (2006).

D’abord membre du Front pour la Démocratie et la République (FDR), la coalition IBK 2012 en est sortie en mai 2012, en désaccord avec la gestion de la crise malienne, jugée contraire au respect de la Souveraineté du Mali. IBK a, donc, choisi de mener le combat pour la Démocratie en toute autonomie, au sein de son regroupement, et en lien avec les autres regroupements démocratiques, pendant toute la durée de la transition.

  • Une élection triomphale

Le 28 juillet 2013, Ibrahim Boubacar Kéïta, soutenu par une coalition de 35 partis, arrive en tête du 1er tour de l’élection présidentielle avec 39,7% des voix, devant Soumaïla Cissé, Président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Dans l’entre-deux tour,  20 des 27 candidats en lice au premier tour lui apportent leur soutien. Le 11 août, c’est un plébiscite que lui accordent les Maliens, IBK est élu avec 77,62% des voix.

Ibrahim Boubacar Kéïta est Grand Officier de l’Ordre National du Mali et Commandeur de la Légion d’Honneur. C’est dans cette posture qu’il a décidé de solliciter auprès de l’électorat malien un second mandat à l’occasion de la compétition électorale dont le 1ertour est prévu pour le 29 juillet prochain. La controverse qu’a suscitée l’annonce de sa candidature laisse entrevoir de chaudes empoignades dans les urnes ; autant dire que le soir du 29 juillet prochain promet quand on sait qu’en face de lui se dresse une forteresse d’adversaires résolument déterminés à obtenir l’alternance par ce scrutin.

Katito WADADA :LE COMBAT

Rédaction

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