Cette rencontre n’occultera, selon les plus hautes autorités maliennes, aucun des plus brûlants sujets d’actualité liée à la question migratoire dans notre pays. Il s’agira de faire un rappel sur les apports de la diaspora. Et, surtout, d’attirer l’attention sur les risques et dangers de la migration irrégulière et de mettre en lumière les efforts du gouvernement dans la gestion du phénomène migratoire.
L’épouse du Chef de l’Etat, Mme Kéïta Aminata Maïga, a présidé la cérémonie d’ouverture de la première édition du forum des femmes de la diaspora malienne. L’évènement a eu lieu le jeudi 28 juillet 2016, à l’hôtel Radison de Bamako, en présence d’une forte délégation de membres du gouvernement, des Diplomates accrédités au Mali et d’invités de marque. Organisé par le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), en collaboration avec le Ministère des Maliens de l’Extérieur, les travaux dureront trois jours.
L’organisation de ce 1er forum de la diaspora féminine s’inscrit dans le contexte de la panafricaine des femmes qui traduit l’ascension des femmes leaders au niveau national, régional et international. C’est une occasion d’affirmer encore plus haut ce leadership des femmes maliennes et de mobiliser toutes les synergies pour contribuer au processus de développement du Mali. En plus de la mise en œuvre des politiques et stratégies adoptées par le gouvernement malien dans le cadre de la promotion de la femme, d’une part, et, de l’autre, d’une véritable implication des femmes aux prises de décisions.
Appliquer la politique nationale de migration !
Le présent forum a offert l’opportunité aux décideurs politiques maliens de s’exprimer sur le phénomène migratoire. En effet, les questions migratoires constituent de nos jours une préoccupation majeure pour tous les Etats, qu’ils soient de départ, de transit ou d’accueil. Elles sont considérées surtout avec l’extrême médiatisation du phénomène comme un des principaux défis du millénaire. Le Mali participe activement à toutes les rencontres pour exprimer ses préoccupations et recueillir celles de ses partenaires.
Selon le Ministre des Maliens de l’Extérieur, Dr Abdramane Sylla, les débats actuels sur les questions migratoires sont assez riches et ambigus. Parce que, d’une part, il y a une tentative de remise en cause d’un des plus vieux phénomènes qu’est la libre circulation des hommes, phénomène qui, pourtant, a toujours contribué à la formation de la civilisation universelle. Et, d’autre part, la mondialisation qui se veut d’un processus d’intégration mondiale.
«La migration constitue pour nous, non pas une menace, mais une opportunité, une chance», déclare le Ministre Sylla. Car, il est admis au Mali que la migration a contribué à l’enrichissement culturel des peuples, qu’elle a été un facteur puissant de rapprochement et d’acceptation des uns et des autres. D’ailleurs, continue le premier Responsable du département des Maliens de l’Extérieur, c’est pourquoi la diaspora malienne, regroupée au sein d’associations de développement, participe efficacement à la mise en place d’infrastructures communautaires socioéconomiques de base dans les localités d’origine des uns et des autres.
Par contre, note Dr Abdramane Sylla, l’acuité de la question migratoire est surtout liée à la migration irrégulière dont les mots sont, entre autres, la reconduite aux frontières, le rapatriement forcé, les expulsions arbitraires, les refoulements, les drames de la Méditerranée et du Sahara. C’est un véritable fléau pour tous».
En effet, notons que, selon les statiques en vigueur, courant 2015, les services du Ministère des Maliens de l’Extérieur ont enregistré 376 cas de jeunes maliens morts dans la Méditerranée et plus d’une centaine en 2014; au total 1300 Maliens ont été expulsés au titre de l’année 2015. Depuis janvier 2016, le Mali a enregistré plus de 1000 cas d’expulsions en provenance des pays africains et de quelques pays européens.
Pour ce faire, le gouvernement malien s’est résolument engagé dans la lutte contre les réseaux de passeurs afin que la filière soit réglementée pour s’assurer la sécurité de nos Ressortissants.
Par ailleurs, au regard des apports de la diaspora et de son importance à travers le monde, le gouvernement du Mali a adopté, en septembre 2014, la politique nationale de migration (PONAM). C’est un ambitieux plan d’action évalué à 120 milliards de francs CFA. D’après les explications du Ministre Sylla, l’objectif global de la PONAM est de mieux gérer la migration afin qu’elle contribue à la réduction de la pauvreté et au développement durable du pays d’une part. Et d’autre part, réduire les aspects négatifs liés à la migration. Le Chef du Département des Maliens de l’Extérieur a rassuré la diaspora féminine que la PONAM offre le meilleur cadre de partenariat et de coopération en matière de migration et de développement durable, singulièrement la promotion de l’investissement rationnel et plus sécurisé des fonds des migrants.
L’épouse du Chef de l’Etat, Mme Kéïta Aminata, a apprécié ce forum à sa juste valeur. Elle a saisi l’occasion pour exprimer une pieuse pensée et sa compassion à l’endroit des femmes qui ont perdu soit un fils, de mari ou parent suite à la migration irrégulière. Pour elle, ce forum vient à son heure. Pour ce faire, elle a insisté que la rencontre situe l’importance de la femme malienne de l’extérieur et dans la Politique nationale d’organiser et de sécuriser la diaspora et de protection de ses droits légitimes au plan mondial.
Faut-il noter que le thème central de cette première édition porte sur : «La promotion du genre et l’autonomisation économique de la femme migrante». Aussi, pendant les trois jours d’intenses travaux, des discussions porteront, de plus, sur les thèmes tels que : la problématique genre et migration : analyse et perspectives, les opportunités et dispositifs/mécanismes de promotion des femmes entrepreneures de la diaspora ; le processus de paix et de réconciliation : quelle contribution pour les femmes de la diaspora?
Oumar Diakité : LE COMBAT