Il est bien évident que, pour l’instant, le Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, ne s’est pas officiellement positionné en candidat pour les présidentielles de 2018, mais il vient de chuter dans les sondages qui font de lui le principal challenger du Président IBK. En étalant toute sa ruse pour faire de la Conférence d’entente nationale un véritable meeting de campagne politique, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) a su redorer le blason à son potentiel candidat au détriment du Président de l’URD qui, lui, a perdu des points pour avoir mordu à l’appât: la majorité présidentielle ayant réussi à le faire prendre le train en marche !
En Démocratie, tous les chantiers d’envergure nationale peuvent servir de baromètre de sondage pour les observateurs du paysage politique national. Les acteurs sont, donc, appelés à faire usage habile des différentes stratégies leur permettant de prendre une distance par rapport à leurs adversaires dans la course au pouvoir. Le dernier baromètre en date a été la Conférence d’entente nationale qui s’est déroulée du 27 mars au 2 avril derniers. Et c’est le parti au pouvoir qui a su tirer son épingle du jeu en faisant dérouler son plus que probable candidat de 2018 pendant que le plausible candidat de l’opposition s’écroulait.
«Le chien aboie, la caravane passe», disait le Président ivoirien Félix Houphouët Boigny. C’est ainsi que la caravane de la Conférence d’entente nationale est passée malgré tout. On aura beau lui décrier du gâchis eu égard à l’impréparation qui l’aura marqué ; mais, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, et son entourage savait qu’il ne s’agissait pas de l’argent jeté par la fenêtre. A défaut, donc, des résultats escomptés directement de cette table ronde, le RPM et la majorité présidentielle étaient persuadés que le milliard et demi injecté devrait leur servir à remonter la pente sur un échiquier politique ayant presque scellé leur sort par la montée en puissance des mouvements d’humeur dans la fonction publique. Le Président IBK a su saisir cette aubaine pour sortir quelque peu la tête de l’eau. En témoigne l’onction à lui donnée par les femmes, venues de Kidal, qui ont dressé des «tentes de la paix» à l’entrée du Palais de la Culture, histoire de réserver des bains de foules au Locataire de Koulouba. Celui-ci, bien en manque de ces chaleurs humaines depuis des lustres passés en vache maigre, esquissait des rires alternés de sourires dans une atmosphère bon enfant à s’évader des grèves incessantes du secteur de la Santé et de l’Education puis de l’Enseignement supérieur. Comme quoi, à Koulouba, on n’est pas forcément tenu de mettre pied à Kidal pour battre sa campagne électorale ; mais, une semaine de gaieté aux mets succulents garantis, le tout assaisonné d’émoluments dignes du nom, et le tour est joué pour s’assurer l’électorat venu. Tout avait effectivement l’allure d’une campagne électorale puisqu’à l’intérieur de la salle des assises, ce sont les couleurs du RPM qui sont hissées haut par la jeunesse du parti venue officiellement pour véhiculer le message de la paix mais officieusement pour ovationner leur mentor à chacune des didascalies de ses discours d’ouverture et de clôture.
C’est devant ce tableau assimilable à une campagne électorale que le Chef de file de l’opposition, quant à lui, n’a pas su tenir la dragée haute à la mission de bons offices envoyée vers lui, pour maintenir le cap de son refus de participer aux assises. Sous les caresses dans le sens du poil, Soumaïla Cissé a rapidement fléchi. Résultat: il prend, en compagnie de son acolyte du PARENA Tiébilé Dramé, le train en marche à deux jours du bouclage de la boucle. Ces deux poids lourds de l’opposition essuient dès lors des critiques allant de la corruption à la légèreté dans leur prise de position. Le ridicule ne tuant pas au Mali, ils paient leur volte-face brusque par leur crédibilité vis-à-vis de leurs bases et de leurs sympathisants. Toute chose qui ne saurait ne pas impacter la performance de toute l’opposition en 2018. Pour preuve, elle sort de cette conférence d’entente nationale divisée ; car, le Nouveau pôle politique de la Gauche républicaine et Démocratique (NPP), composé d’une bonne frange des partis de l’opposition, a affirmé le 1er avril dernier qu’il ne se reconnait ni dans la participation, ni dans certains propos de la déclaration faite par le Chef de file de l’opposition à la tribune du palais. Le dé est ainsi jeté, à l’opposition de s’assumer sous les regards goguenards de la majorité présidentielle.
Katito WADADA : LE COMBAT