jeudi 28 mars 2024
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PAR LA VIOLATION DE LA CONVENTION MINIERE : la Somilo et Gounkoto fragilisent la santé des populations sur des générations

Dans les rapports du Vérificateur général, on a souvent tendance à se focaliser sur les malversations financières alors que les conséquences des mauvaises pratiques environnementales sont inestimables et peuvent impacter négativement la vie de plusieurs générations. Ainsi, le dernier rapport du BVG  (2019) épingle la Société des Mines d’or de Loulo (SOMILO-SA) et la Société des Mines d’or de Gounkoto (GOUNKOTO-SA) au cours des exercices 2015, 2016 et 2017.

 

Selon le rapport 2019 du Bureau du Vérificateur général (BVG), les irrégularités environnementales constatées au niveau de la Somilo-SA et de Gounkoto-SA sont relatives à des pratiques qui portent atteinte à l’environnement et au développement durable. Il est ainsi reproché au Directeur général de de Gounkoto-SA de ne pas respecter les exigences en matière d’incinération des déchets dangereux. Ainsi, a déploré le rapport, «les cendres issues de l’incinération des déchets dangereux sont transportées dans l’air ambiant lors de leur déversement dans la cellule de confinement et durant tout le temps que cette cellule reste ouverte». Tout comme le port de gants non ignifuges par le personnel chargé des incinérations de déchets, constaté sur les lieux, expose ces derniers à des risques de brûlures graves en cas de mauvaises manipulations.

A Gounkoto-SA, la direction de la mine ne réalise pas les reboisements de réhabilitation et les reboisements compensatoires requis. En neuf années d’activités, elle n’a réhabilité que 36,6 ha sur une superficie réhabilitable de 713,5 ha, soit 5,13 %, et n’a effectué aucun reboisement compensatoire pour les 123 ha de superficie non réhabilitables affectés par les activités de la mine.

Quant au Directeur général de Somilo-SA, il ne respecte pas les modalités de gestion des rejets polluants dans l’atmosphère. Il n’a pas installé de systèmes d’épuration des gaz nocifs sur les cheminées des installations émettrices de gaz polluants afin de ne pas dépasser les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, des dépassements significatifs des normes de 15 parties pour mille (ppm), 100 ppm et 50 ppm, respectivement pour le sulfure d’hydrogène, le monoxyde de carbone et le dioxyde de souffre ont pu être enregistrés sur différents points de contrôle. «Ce qui peut affecter dangereusement la qualité de l’air ambiant et la santé du personnel sur les sites et de la population riveraine», a dénoncé le rapport 2019 du Vérificateur général.

La direction de cette mine n’a pas non plus mis en place toutes les mesures de sécurité du personnel sur la station de pompage du Parc à boues. Elle n’affiche pas les informations destinées à renseigner les travailleurs sur la réglementation concernant les accidents du travail et les maladies professionnelles. Elle n’a également pas mis en place de dispositif de sauvetage en cas de chute dans l’eau turbinée dont la profondeur est supérieure à quatre mètres. «L’absence d’affiches et de dispositif de sauvetage ne permet pas de garantir la sécurité des travailleurs», souligne le rapport.

Le Directeur général de Somilo-SA ne réalise pas aussi les reboisements de réhabilitation et les reboisements compensatoires requis. En quinze années d’activités, il n’a réhabilité que 189,25 ha sur une superficie réhabilitable de 1 127,73 ha, soit environ 16,78 %, et n’a effectué aucun reboisement compensatoire pour les 154,3 ha de superficie non réhabilitables affectés par les activités de la mine.

Ces violations des conventions minières  ne sont pas surprenantes car les directions profitent surtout du laxisme dans le contrôle. C’est pourquoi le Vérificateur général a recommandé au ministre chargé de l’Environnement de prendre des mesures pour suivre la gestion des produits dangereux dans les mines industrielles. Ce suivi est vital pour les populations riveraines menacées sur plusieurs générations par les conséquences des activités minières qui transforment des forêts tropicales à la riche biodiversité en déserts toxiques. L’extraction aurifère industrielle nécessite par ailleurs des quantités d’eau astronomiques. En moyenne, 140 000 litres d’eau par heure sont nécessaires. Ce qui correspond à la consommation d’eau annuelle d’un foyer de trois personnes dans un pays développé.

Et des experts rappellent aussi que le cyanure et le mercure contaminent les sols et les nappes phréatiques à jamais. Ainsi, mêmes lorsque les mines d’or sont fermées, les gravats traités au cyanure émettent des acides sulfuriques toxiques pendant des décennies. Des impacts négatifs aggravés dans le cas malien par le manque de contrôle rigoureux des sociétés minières qui agissent à leur guise.

A défaut de se battre pour que l’or puisse réellement briller pour tous les Maliens, les autorités maliennes doivent s’assumer au moins pour éviter que son extraction ne crée de nouveaux espaces désertiques ou que les populations riveraines soient condamnées à faire face à des problèmes de santé sur des  générations. C’est aussi l’une de nos attentes par rapport au «Malikoura» dont le contour doit être dessiné par la transition en cours !

Kader Toé

Djibril Coulibaly

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