jeudi 28 mars 2024
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OIF: Nomination d’Adama Ouane

Le  lundi  30 mars 2015, la Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Michaëlle Jean, a nommé au poste d’Administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) notre compatriote Adama Ouane.

Cette nomination est une grande fierté pour notre nation meurtrie qui, ces dernières années, ne suscitait plus que pitié et désolation dans les enceintes internationales. Adama Ouane devient ainsi avec le Malien Hamadoun Touré qui a récemment quitté ses fonctions à l’Union internationale des Télécommunications (UIT), l’un des rares Maliens à la tête d’une organisation internationale.

L’Administrateur de l’OIF est nommé pour un mandat de quatre ans renouvelable. M. Ouane exercera ses fonctions par délégation de la Secrétaire générale. Cette prérogative, le diront d’autres, ce pouvoir discrétionnaire, la Secrétaire générale de la Francophonie la tient de l’article 8 de la Charte de la Francophonie qui lui donne la possibilité de nommer l’Administrateur de l’OIF de son choix, après consultation du Conseil permanent de la Francophonie (CPF).

Cette instance, qui réunit les Représentants personnels des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OIF, est, en réalité, la structure qui assure, de manière régulière, la bonne marche de l’Organisation.
En effet, les Chefs d’Etats francophones ne se réunissent que durant les Sommets, une fois tous les deux ans (le dernier Sommet qui a élu Michaëlle Jean s’étant tenu à Dakar du 29 et 30 novembre 2014). Quant aux ministres chargés de la Francophonie, ils se réunissent une fois l’an. Or, le Conseil permanent de la Francophonie (CPF) siège chaque fois que le besoin se fait sentir, notamment lorsque surviennent des crises politiques aigues dans les Etats. C’est ce CPF-là qui prend la décision de suspendre un pays des instances de la Francophonie dans les cas de violations massives des droits de l’homme ou de rupture de l’ordre constitutionnel.

Sur la nomination de l’Administrateur par la Secrétaire générale, il convient de faire un petit rappel historique; car, il n’en a pas toujours été ainsi.
Avant 2006, celui-ci était nommé en même temps que le Secrétaire général. De fait, dans les moments où l’entente entre les deux têtes de l’exécutif n’était pas des meilleures -cela est arrivé-, l’Administrateur était certes le numéro 2 de l’Organisation mais aussi le chef d’orchestre, ne serait-ce que parce qu’il avait un pouvoir direct sur les finances et les ressources humaines de la maison. La nouvelle Charte adoptée à Madagascar en décembre 2005 est venue mettre un terme -du moins du point de vue juridique; car, la réalité quotidienne a été tout autre ces dernières années- à cette incongruité dont seuls sont capables les francophones ! En 2006 donc, l’Agence inter-gouvernementale de la Francophonie était remplacée par l’Organisation internationale de la Francophonie alors que la toute puissante fonction d’Administrateur général était remplacée par celle d’Administrateur, non moins prééminente.

Pour la première fois de son histoire donc, l’OIF se retrouve avec deux nouvelles personnalités à sa tête. De la nature de sa cohabitation avec sa nouvelle patronne qui le connaît manifestement depuis des années et de la manière dont il exercera la fonction d’Administrateur, dépendra, et l’avenir d’Adama Ouane et celui de l’OIF.

Ancien fonctionnaire de l’Unesco où il a servi pendant une trentaine d’années, Adama Ouane est familier des organisations internationales et l’on peut présumer qu’il est outillé pour exercer la fonction. Titulaire d’un Doctorat d’État en sciences linguistiques appliquées, professeur d’Université, il a été consultant auprès d’organismes internationaux tels que l’UNICEF, le PNUD, l’OIF et la Banque mondiale sur les questions liées à l’alphabétisation et l’éducation. Il a surtout été brièvement ministre dans le gouvernement de Cheick Modibo Diarra.

Sous sa direction, l’OIF, qui doit faire face aux multiples questions liées à son élargissement -80 Etats et gouvernements parmi lesquels 57 Etats membres à part entière et 23 pays observateurs- devra opérer des choix décisifs, revoir ses priorités face à des moyens largement insuffisants pour ses nobles ambitions.
L’OIF devra surtout accroître une visibilité qui lui fait défaut depuis toujours. Quasi inconnue en France son pays d’accueil et dans les pays du Nord, l’OIF n’est connue qu’en Afrique où l’élection de Michaëlle Jean avait suscité un lot de critiques et de frustrations.
Le poste de Secrétaire générale, disait-on alors, devait, après le départ du Président Abdou Diouf, rester à l’Afrique. Fort heureusement, les premiers actes posés par l’ancienne Gouverneure générale du Canada (notamment un récent voyage en Guinée, pays frappé par la maladie d’Ebola) sont de nature à la réconcilier avec le continent.
Oumar Diakité

Rédaction

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