jeudi 28 mars 2024
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© OUMAR DIOP, AMAP, ASSEMBLEE NATIONALE ,DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DU GOUVERNEMENT, Mme CISSE MARIAM KAIDAMA SIDIBE LE 27/06/2011.

Motion de censure contre le gouvernement : Des motifs valables même si…

Le vendredi dernier, des Députés des groupes parlementaires ADP Maliba/Sadi et VRD ont introduit une motion de censure contre l’actuel gouvernement dirigé par Modibo Kéïta.

En application des articles 78 et 80 de la Constitution et celui 96 du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale, 17 Députés membres des groupes parlementaires ADP Maliba/SADI et VRD ont introduit une motion de censure contre le gouvernement de Modibo Keïta. Ces Députés reprochent au gouvernement  sur les faits suivants : son consentement à autoriser l’Union Européenne à refouler les Maliens de l’Extérieur ; son incapacité d’assurer la sécurité dans le pays notamment en accusant un retard injustifié pour la préparation et l’adoption d’une loi d’orientation sur la sécurité et dans la dotation conséquente des forces de sécurité et, enfin, son incapacité à organiser des élections communales crédibles et sur toute l’étendue du territoire national.

Le 20 novembre dernier, le Mali a organisé les premières élections communales depuis 2009. Le moins que l’on puisse dire à ce propos, c’est que les résultats issus des urnes ont fait couler beaucoup d’ancres et de salives. Les contestations autour deux premières communes du District de Bamako qui ont amené des contestataires à s’en prendre à la belle famille du Chef de l’Etat à coup de pierres en sont des preuves.

De Bamako jusqu’à l’intérieur du pays, partout ou presque, la fraude et des achats de consciences ont eu droit de citée. L’observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali dit avoir noté le jour des scrutins 2 spécimens de bulletins de vote dans plusieurs communes du Mali avec l’intention de jouer à la grande confusion des citoyens et dans le dessein de favoriser certaines formations politiques au détriment d’autres.

Malgré le Budget de 12 milliards alloué cette année pour l’organisation des élections, le choix du Ministère de l’Administration territoriale de ne pas associer la société civile cache mal une volonté de « bâcler » voire truquer la chose. La promulgation par le Président de la République de la nouvelle loi électorale à seulement 34 petits jours des municipales ; l’envoie par le Ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Reforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlaf d’une lettre en date du 14 novembre 2016 (6 jours juste avant le scrutin), pour signifier aux partis politiques la primauté d’une loi morte et enterrée sur la loi vivante et en vigueur sont des motifs valables pour douter de la sincérité des résultats de ces communales qui a vu le RPM (parti présidentiel) arriver largement en tête.

Cette même élection a permis de savoir l’étendue du mal sécuritaire que vit le Mali. 32 des 703 communes du pays n’ont pas pu participer à ces élections de proximité. Les autorités ont brandit l’aspect sécuritaire bien évidemment. Un aspect qui aura fait reporter ces élections à quatre reprises pour finalement se tenir sans sa résolution. Cette élection a eu le mérité de faire voir concrètement la profondeur de l’insécurité que vit le pays. Des Régions comme Kidal, Ménaka et Taoudéni ont tout simplement été mises hors jeu. Des communes dans les Régions de Tombouctou, Gao, Mopti et Ségou ont subi des attaques terroristes avec des urnes emportées et des enlèvements de candidats. Une élection macabre ;   car, ayant aussi coûté la vie, à Douentza, à 5 militaires dont un Officier (le Capitaine Moussa Siaka Koné). En tout ce sont 13 attaques qui ont été déplorées pour la seule journée électorale. Ces attaques sont parmi tant d’autres dont sont victimes nos forces de l’ordre et de défenses et les armées des pays frères et amis.

Alors, quand les Députés des groupes parlementaires ADP Maliba/SADI et VRD fondent leur motion de censure sur cet aspect, il est plus que valable.

Enfin, le dernier point qui est celui du «communiqué conjoint » ou «accord» de réadmission des Maliens sans papiers vivants en Europe, il est aussi valable. Si, par voix de presse, les Maliens ont appris ce qui s’était dit et couché sur papier entre Bert Koenders et Abdoulaye Diop, le 11 décembre dernier, depuis lors les gesticulations se font du côté de la diplomatie malienne. On est allé jusqu’à demander un démenti formel de l’UE, mais c’est l’Ambassade des pays Bas à Bamako qui l’a fait pour la forme. La question qui taraude aujourd’hui les esprits c’est  de savoir si le Ministère des Affaires étrangères allait communiquer sur cette affaire étrange si jamais il n’y avait pas de fuites dans la presse internationale ? Rien ne nous le garantie, tant le régime est passé maître dans l’art de cachoteries en tous genres. Même si aujourd’hui le Ministre des AE, Abdoulaye Diop, semble triomphaliste sur les réseaux sociaux, il faut dire que cette affaires est loin de connaitre son épilogue tant les zones d’ombres restent nombreuses. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’ADEMA, un des alliés de taille du régime, demande des «explications».

L’idée déjà de parler de la réadmission des Maliens sans papiers et de le coucher sur un document, peu importe son nom, est en soi un soupçon lourd sur lequel il doit s’expliquer.

Malgré la pertinence des problématiques mises en avant par ces 17 Députés pour motiver cette motion de censure, il ne faut point se faire d’illusion avec une majorité «mécanique» aux ordres du palais de Koulouba qui ne manquera pas de faire barrage à cette seconde motion de censure en seulement 3 ans.

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