jeudi 28 mars 2024
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Mot de la semaine : Entente

Inscrite au chapitre 2 de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, la Conférence d’Entente Nationale, non inclusive, précipitée et non consensuelle, risquerait de diviser plus qu’elle ne rassemble. Alors qu’elle constitue un pan important de l’Accord pour la paix et la réconciliation, son organisation ne devrait nullement être l’affaire d’un régime et de ses collabos au sein des groupes armés. La Conférence d’Entente Nationale devrait réunir toutes les sensibilités ethnico-communautaires du Mali. Elle devrait être l’occasion pour le Président de la République, non seulement, de rassembler une large majorité des maliens dans leur diversité, mais aussi et surtout, corriger les insuffisances de l’Accord pour la Paix afin qu’il soit le deuxième document consensuel après la Constitution du 25 Février 1992. Hélas, au lieu de cela, c’est plutôt une longue série en quatre épisodes qui a commencé.
Le premier épisode est la nomination du doyen Baba Hakib Haidara comme Président de la Commission d’organisation. Si nul ne doute de ses qualités intellectuelles et morales, le sexagénaire est sans doute fatigué pour un poste qui demande des nuits blanches. Sa nomination au poste de président de la Commission d’organisation, loin d’être consensuelle, a laissé plus d’un sceptique sur la réussite de l’événement.
Le deuxième épisode a été la contestation de la frange radicale de l’Opposition représentée par l’ancien Premier ministre Zoumana Sacko. Zou a tout simplement décliné l’invitation du Président de la Commission d’organisation, pour ne pas être complice d’un fiasco à l’image du « document mère » qu’est l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Pour avoir rejeté cet Accord, l’ancien PM ne se verra pas cautionner ce qu’il a qualifié de conférence non inclusive.
Le troisième épisode est la sous représentativité de certaines sensibilités ethnico-sociales du Mali et surtout de l’Opposition modérée dans la Commission d’organisation afin d’élaborer des termes de référence prenant en compte les aspects de tous les conflits du nord comme au sud en passant par le centre et même à l’ouest. L’Opposition et certaines communautés se sentant sous représenter émettent de sérieuses réserves quant aux TDR, qui ne semblent pas prendre en compte tous les aspects des différents conflits et rébellions cycliques : les causes, les conséquences. Rapprochés par votre Journal, certains acteurs de la société civile ont laissé entendre que la question de la gouvernance du pays ne doit pas être occultée.
Le quatrième épisode du long feuilleton a été la réserve formulée par les groupes armés signataires et certains analystes politiques comme Kamissa Camara et Mahamadou Konaté. Tous dénoncent le manque de consensus, d’inclusivité et la précipitation avec laquelle le gouvernement voudrait bien organiser cette Conférence d’Entente Nationale. Voici ce qu’ils ont affirmé : « Une conférence d’une telle envergure mérite plus de préparation, d’engagement, de sensibilisation. Entre entente et mésentente, il n’y a que trois lettres que l’Histoire devrait nous faire méditer. Trois lettres qui présagent de l’avenir du pays. »
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com

Djibril Coulibaly

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