Mohamed Ag ERLAF, le nouveau ministre de l’Education Nationale, n’a pas perdu de temps. Sitôt nommé à la tête de ce département stratégique aujourd’hui sujet à divers troubles, connu pour sa solide légitimité dans la gestion des affaires, obtenue durant ces longues expériences ministérielles, a rencontré ses nouveaux collaborateurs pour fixer le cap des grands chantiers auxquels est attelé son ministère. C’était au cours d’un premier contact avec ses collaborateurs, dans une atmosphère jugée plutôt décontractée par les participants. L’enjeu, pour Ag ERLAF, était de partager avec les cadres de son département sa vision des grands dossiers et défis cruciaux, afin, a-t-il insisté, de parvenir à une nécessaire synergie d’action.
Fixer les priorités
Et de fait, pour Mohamed Ag ERLAF, l’école malienne actuelle, confrontée aux multiples urgences, apparaît comme un front, d’où la quasi mobilisation générale que le Ministre a décrétée pour les échéances très proches, comme les examens de fin d’année qui se profilent à l’horizon. Dans une situation d’incertitudes où l’école est plongée, l’engagement de tout le monde est impératif pour la bonne organisation des examens. Les directives du nouveau chef du département sont on ne peut plus claires à ce propos : il s’agit d’élaborer et de peaufiner les stratégies adéquates pour déterminer la démarche idoine sur le terrain, notamment à travers le maintien, voire la permanence des équipes sur le terrain pour la mission de supervision et en vue de rencontrer les acteurs. Cette initiative, selon le ministre, doit être appuyée pour une meilleure visibilité de l’action et de l’amplitude du domaine.
Autre axe prioritaire sur lequel le chef du département a particulièrement insisté, c’est accélérer la mise du programme présidentiel dans son volet concernant l’école. Dans ce domaine est plus particulièrement visée la politique de livre scolaire et de cantines scolaires. Il s’agit d’étoffer et d’élargir davantage l’offre en la matière et développer au besoin le principe du binôme, dans certaines localités, école/cantine ; en somme, généraliser le principe de ‘’pas d’écoles sans cantines’’ ! De par leur mode de gestion et leur distribution sur le territoire, l’enjeu est de renforcer le caractère social autour des cantines scolaires pour les pérenniser.
Mettre fin aux paradoxes
Au-delà des enjeux structurels évoqués, l’école malienne recèle de certains paradoxes qui minent son efficacité, voire qui peuvent avoir des impacts sur les politiques publiques en matière d’éducation. Entre autres paradoxes du genre, il y a la question du taux d’occupation des structures publiques, notamment dans le secondaire comme les lycées publics. En effet, le constat est qu’aujourd’hui, on assiste au phénomène paradoxal qui fait que les établissements secondaires relevant du secteur public comme les lycées sont quasiment vides d’élèves. Pour le ministre Ag ERLAF, un tel paradoxe doit être corrigé au plus vite. Et cela, pour la crédibilité de l’administration scolaire. D’où l’orientation fixée par le patron du département de garnir les structures publiques du secondaire. Le nouveau cap est désormais de parvenir à un taux d’occupation de 99% pour les écoles publiques. Une nécessité qui relève de la simple logique car, a fait remarquer Mohamed Ag ERLAF, l’inverse est indéfendable et l’administration scolaire, chacun selon ses compétences et son domaine d’action, a un rôle important à jouer dans la perspective de cette orientation.
Un cadre adéquat et la main tendue pour l’école malienne
Pour relever ces défis, décidément multiformes et divers, l’école doit être logée dans un cadre adéquat. D’où l’accent mis par le Ministre, sur la construction et la réhabilitation des infrastructures scolaires. Il s’agit là, aux yeux de Ag ERLAF, d’un volet important dont on gagnerait à renforcer les procédures et modalités de réalisation, surtout d’accroître les moyens de contrôle. Le défi est ici de minimiser les retards en la matière, car ce sont des milliers d’enfants maliens qui ratent le chemin de l’école si une réalisation n’est pas achevée à temps. Ce qui crée parfois un déficit qui peut même fausser les ratios en matière de politiques éducatives.
Ceci va de pair avec d’autres chantiers, dont notamment celui non moins crucial de l’établissement d’une base de données fiable. Le nouvel instrument devrait assurer l’identification professionnelle et administrative, une carte d’identité à la fois pour le nom, l’école, la localité et le statut administratif des enseignants. Pour le ministre, il s’agit avant tout d’une question de crédibilité vis-à-vis de nous-mêmes par rapport à la pertinence de nos choix de politiques éducatives et vis-à-vis des partenaires. En termes de conduite de politiques éducatives, l’établissement d’une bonne base de données pour les enseignants est un impératif stratégique pour la réussite des initiatives. C’est aussi crucial pour une formulation de plan de carrière du personnel de l’éducation.
Enfin, actualité oblige, le ministre compte très rapidement renouer le dialogue avec les syndicats pour créer une nouvelle dynamique de dialogue participatif. L’enjeu demeure le retour à la normale et la reprise des activités scolaires. Mais il s’agit, in fine, de garantir une meilleure condition de vie et de travail pour les enseignants, gage d’une école malienne désormais apaisée. Déterminé à parvenir à l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants, le ministre opte pour une solution plus pragmatique consistant à définir un plan de carrière en faveur des enseignants qui leur est plus profitable, en termes d’avancements et surtout de primes professionnelles afférentes.
En définitive, comme il a tenu à conclure ce développement de sa vision devant ses collaborateurs, donner confiance aux partenaires de l’école pour une synergie d’action en vue de relever les défis majeurs, voilà le crédo de Mohamed Ag ERLAF. Une vraie boussole pour l’avenir !
Oumar Diakité : LE COMBAT