jeudi 28 mars 2024
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Mémoire et Achoura : Une équation sans inconnu, ou l’ambiguïté du Saint Prophète

Au dixième jour du premier mois du calendrier lunaire, au moins deux événements retentissants sont survenus dans l’Histoire. La symbolique du terme Achoura peut se rattacher simplement au nombre dix -Achara- en arabe-, correspondant à cette date .Mais des théologiens musulmans vont rattacher le terme, par pure supputation, à dix événements, heureux ou terribles, survenus depuis Adam, chutant du Paradis, jusqu’au sauvetage de Noé, d’Abraham, de Joseph ou de Moise (PSE).

Deux des trois Religions monothéistes actuelles, Islam et Judaïsme, sont directement concernées par la date exacte dix du calendrier lunaire

1- Pour l’Islam, l’événement se situe en l’an 680, soit prés d’un demi-siècle après le Messager, et, coïncidence calendaire, ce fut aussi le dix octobre du calendrier solaire.

Que s’est-il passé ce jour ?

L’Imam Hussein est décapité à Karbala sur ordre du Calife Yezid.

Qui est Hussein ? Le petit fils du très choyé du Saint Prophète de l’Islam et le numéro trois de la dynastie imamite (après Aly et Hassan)

Qui est Yezid ? Le petit fils d’Abou Sofiane, ce même Chef de la Mecque qui lutta prés de vingt ans contre le Prophète et qui ne se soumettra qu’à la prise de la Cité mecquoise en l’an 630

En conservant dans ses palais son précieux trophée, cette tête momifiée de l’Imam Hussein, le pouvoir de Yezid versera dans l’absolutisme : La famille de Mohamed(PSL) qui veut limiter le pouvoir dynastique califal est écrasée. C’est la fête dans le camp omeyade. Le dix sera célébré comme tel. Tandis que dans le camp imamite, celui de la famille prophétique, ce jour du 10 est jour de tristesse, de deuil de lamentations, d’auto flagellation.

Comment en est on arrivé là au sein de l’Islam ?

Uthman Ben Affane, un pilier de l’Islam naissant, appartient au clan Omiya d’Abou Sofiane. Devenu Calife en 644, Uthman nommera son neveu Muawiya, fils d’Abou Sofiane, Gouverneur de Damas. Dans ses onzième et douzième années de pouvoir, la gestion d’Uthman sera chancelante et très décriée.

Les insurgés venus d’Iraq et d’Egypte pour dénoncer sa gouvernance jugée laxiste, finiront par le massacrer. Pour lui succéder, les choix se porteront sur Aly

L’élection de Aly ne sera jamais acceptée par Aicha épouse choyée du Prophète, ennemie intime de Aly. (Comme quoi ‘’les intrigues de palais’’ n’ont pas épargné l’entourage du Saint Prophète). Pour Aïcha qui veut solder un vieux compte, Aly est complice des insurgés et ne mérite pas le califat. Le Gouverneur Muawiya, le protégé d’Uthman, profitera de cette aubaine pour s’autoproclamer Calife et vouloir venger son oncle assassiné. A la tête de l’imposante armée que tout Gouverneur avait l’obligation de constituer, Il affrontera militairement Aly, mais sera facilement vaincu par ce dernier à Siffine entre Damas et Kufa. Plutôt que de retourner la tête basse à Damas, Muawiya reviendra vers Aly avec ses combattants arborant les feuilles du Coran à la pointe de leurs armes bien exhibées au dessus de la tête. Par ce geste il revendique un arbitrage basé sur le Coran pour régler définitivement les questions du pouvoir.

Aly ne saurait rejeter ni les feuilles du Coran ni la voix du st Coran. Toutefois en acceptant un arbitrage sur la question du pouvoir, de facto il renonce au pouvoir qui lui vient du serment-vote des électeurs.

Par un jeu subtil de mots et au moyen d’une ruse imparable, Muawiya est confirmé Calife mais sous surveillance de l’Imam Aly plus fort militairement.

Aly et Muawiya seront poignardés le même jour (17 Ramadan) par les Kharijites qui les trouvent hérétiques et néfastes à l’unité de l’Islam. Aly succombera tandis que Muawiya survivra mais handicapé a vie.

Hassan qui succède à Aly confirmera Muawiya au poste de calife, tout en acceptant un repli doré à la Mecque grassement financé par les caisses du Calife.

A la mort du Calife Muawiya, son fils Yazid qui lui succède, se laissera aller à la permissivité et aux modes de vie pollués des voisins byzantins. Hussein succédant au second Imam, son frère Hassan, voudra rappeler à l’ordre le Calife Yazid en dénonçant publiquement son injustice et ses dérives inacceptables par l’Islam. Il voulut le faire dans une procession d’environ 70 personnes comprenant des bébés. Le mouvement sera stoppé à Karbala. Yazid ordonne sa décapitation.

Ainsi le pouvoir califal est consolidé. Le camp califal jubile pendant que le deuil couvre la famille du Prophète.

2 –L’Achoura juif : le Yom (jour) kippour (de pardon) et ….l’attitude embarrassée du Prophète.

Le Saint Prophète savait par révélation qu’Hussein périrait par le cou. En le prenant chaque fois dans les bras, il ne le relâchait jamais sans le couvrir de câlins et de caresses appuyées autour du cou. Il dira ce qu’il sait. Il savait aussi que cela interviendra en ce jour du judaïsme. Il le dira aussi.

A Médine le Prophète séjournera dix ans dans des tensions parfois extrêmes et persistantes avec les trois communautés juives présentes. L’une de ces trois communautés qui n’acceptera jamais le prophète Arabe et son autorité et qui se voulait fondamentalement royaliste, finira par s’enfuir de Médine. La deuxième communauté, dans des complots incessants sera découverte et jugée. La sentence prononcée offrira un choix clair : l’exil ou la mise a mort des meneurs. Elle émigrera vers la Syrie encore byzantine.

Les rapports du Prophète seront normalisés avec les juifs restants. Mais c’est en fin de mission prophétique que cette normalisation sera consolidée. En effet après le pèlerinage d’adieu (au douzième mois de l’année),de retour à Médine, le Prophète va jeûner, c’est à noter, les huitième et neuvième jours du mois suivant (moharrem), mais préfèrera causer avec les juifs faisant eux, le jeûne du dixième jour. Ces derniers lui diront haut et fort ce que le Prophète sait bien sûr.

Ce dixième jour est pour nous le jour le plus sacré. C’est le jour où les Israelites seront sauvés des griffes de Pharaon quand, avec la permission de Dieu, le bâton de Moise ouvrira un passage sécurisé dans la Mer. Les Israelites passeront. Pharaon et ses troupes vont périr noyés.

Là-dessus la Prophète annonce haut et fort, ‘’si je suis en vie la prochaine année, je ferai avec vous, le carême du dixième jour’’ confirmant ainsi qu’il s’agit bien d’une fête juive et non musulmane.

Ainsi donc le jour de l’Achoura, fête absolument juive est célébré de trois manières dans le monde de l’Islam : la tristesse par égard la mémoire de l’Imam injustement décapité ; la joie et la bombance pour les anti-partisans de Aly, les anti-chiites ; et les prières avec ou sans jeûne pour ceux qui veulent se conformer a leur interprétation de la posture ambigüe du Prophète.

Le prophète de l’Islam l’avait clairement montré, son monothéisme se conjugue en parfaite entente avec la religion de Jésus (PSL). Il voulut sceller aussi, par principe, une harmonie possible avec le monothéisme du judaïsme

En effet dans ses fonds baptismaux, l’Islam avait signé une amitié cordiale avec le christianisme en confiant ses premiers adeptes à un roi chrétien. C’est en Ethiopie du Négus qu’eut lieu la première émigration ou hégire de l’Islam, dès la cinquième année de la révélation. Quatre vingt musulmans seront en sécurité en Abyssinie. Ils seront si bien traités par les hôtes d’Abyssinie que certains émigrés vont changer de religion et se baptiser chrétiens. De plus, a la mort du Négus le Prophète, avec tous ses fideles, accomplira sur lui la prière dite de l’absent en hommage au bon roi chrétien.

Maintenant en autorisant aux musulmans ce qu’il ne fit jamais lui-même, le jeûne de l’Achoura, la preuve sera faite un jour que l’islam peut se conjuguer dans l’harmonie avec le judaïsme également

Mais il n’y a nul besoin, pour un musulman normal, d’aller au delà d’un carême discret appuyé de prières ferventes pour célébrer ce jour de tristesse dans la famille prophétique.

Que de jours plus importants que celui de l’Achoura passent sans jeûnes surérogatoire. La nuit du destin, quand l’Ange Gabriel vient révéler au Messager le Coran et la mission prophétique est infiniment plus importante que l’Achoura; la naissance miraculeuse de Jésus (PSL)et sa mission étincelante sont sans commune mesure avec la noyade de Pharaon ; de même la nuit de l’ascension quand l’Ange va transporter le messager de l’Islam vers le trône de la Lumière divine, tout cela pèse infiniment plus lourd que la libération de Joseph(PSL) ou la noyade de pharaon.

Pour conclure le prophète de l’Islam n’a jamais fait le jeûne de l’Achoura, mais ses propos sur le sujet autorisent tout simplement sa communauté à le faire. Toutefois, l’ériger fête faite de bombance et de joie serait une offense à l’esprit du Message.

GAKOU

COULIBALY

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