jeudi 28 mars 2024
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Les jeunes maliens de plus en plus s’attachent à la politique

On se bouscule ferme ! Les jeunes arrivent en masse aux portes de la politique et frappent à coups redoublés. Ils revendiquent leur juste place dans l’arène publique. Une arène restée trop longtemps, selon eux, la chasse gardée des aînés, la plantation des anciens et autres « doyens ».
Que souffle désormais sur l’espace politique le vent frais des idées neuves. Que s’irrigue du sang neuf de la génération montante le débat public.
Après cette charge en règle, calmos et balle à terre ! La réflexion, plutôt que l’invective. Le sens de la mesure et des responsabilités plutôt que la revendication brouillonne. L’analyse froide plutôt que des sautes d’humeur et d’aigreur. Pourquoi, aujourd’hui, de manière radicale, de jeunes Maliens déboulent-ils sur la scène politique, refusent-ils de tenir le rôle de seconds couteaux ? Eclairons d’un puissant faisceau de lumière les trois préoccupations que voici.

1. Pour quelles raisons de jeunes Maliens veulent-ils s’illustrer en politique, non plus en position d’auxiliaires mais dans la posture d’acteurs majeurs ?
« Les aînés nous ont déçus », disent certains jeunes. Et d’ajouter, un rien dépités : « Ils n’ont pensé qu’à eux-mêmes. Nous leur avons servi de marchepied. Aujourd’hui, nous avons tout compris. Comme le dit l’adage : ‘On n’est jamais si bien servi que par soi-même’ ». (Fin de citation).
Cela vaut une déclaration de guerre. Cela tonne comme une rébellion. Certains autres jeunes, forts de ce qu’ils savent et de ce qu’ils savent faire, des ressources dont ils disposent, estiment être prêts. Ils se sentent interpellés par cette phrase-culte d’Aimé Césaire : « L’heure de nous-mêmes a sonné ». Puisqu’il en est ainsi et qu’il est dit que l’élève doit dépasser le maître, il n’y a plus qu’à remettre les pendules à l’heure.

2. De leur expérience en sous-ordre et à l’ombre des « aînés », qu’ont-ils appris, qu’ont-ils retenu de la politique nos jeunes compatriotes ?
Dans l’arène politique, disent-ils, la vertu ne semble pas être la première qualité exigée, la qualité la mieux partagée. Sur un champ de bataille, on n’entoure ni de générosité ni d’amabilité son adversaire. On le croque ! Il faut donc être disposé, en politique, à recevoir des coups et à en donner. Dans l’arène politique, disent-ils encore, on ne fait presque jamais ce qu’on dit et il n’est pas prudent de dire ce qu’on fait ou ce qu’on veut faire. Il faut accepter, en politique, de mentir comme un arracheur de dents, de ramper comme un serpent. Dans l’arène politique, disent-ils enfin, des opportunités pour décrocher le jackpot, le gros lot, à la loterie de la vie sont légion. Les occasions de se servir sans frais ne sont pas rares. L’abreuvoir et la mangeoire ne sont jamais très loin. Est permanente, par conséquent, la tentation de se servir d’abord, compte non tenu du peuple qu’on est censé servir.

3. A partir de l’idée que nos jeunes se font de la politique, de l’expérience qu’ils ont eue à vivre aux côtés de leurs aînés, quel type d’engagement attendre d’eux ? Par-delà les déclarations d’intention, par-delà les professions de foi ?
Trois types d’engagement politique sont susceptibles d’émerger des rangs de nos jeunes aujourd’hui pressés d’investir le champ politique, de faire la preuve de leur capacité à reprendre les choses en main, à gouverner autrement.

– Un engagement sincère et militant. Tout le monde n’est pas pourri. Le bon grain côtoie l’ivraie. Il y a des jeunes Maliens patriotes. Des jeunes Maliens qui aiment leur pays. Des jeunes Maliens qui brûlent d’envie de donner le meilleur d’eux-mêmes pour leur pays. Attendons-les sur les trois composantes de ce que nous avons appelé la pédagogie par l’exemple : le concret, l’action, le résultat.

– Un engagement de façade et de circonstance. Beaucoup de jeunes jouent de tout et se jouent d’eux-mêmes. Ils n’ont ni vision d’avenir ni convictions fermes. Ils vont au gré des vents. Ils se déterminent selon la météo du ciel politique.

– Un engagement opportuniste et alimentaire. Comme on dit, ici, c’est le « mangement pur et dur ». Au nom de la République de la bouffe et des bouffeurs.

Le schéma que voilà ne nous est ni étranger ni inconnu. C’est du déjà-vu. C’est dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Seulement qu’un nouveau jour, sous le soleil de tous les jours, pourrait, un jour, se lever.
Drissa Kantao LE CONFIDENT

Djibril Coulibaly

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