vendredi 29 mars 2024
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LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DE LA CRISE: TÔT OU TARD LA SITUATION QUE NOUS VIVONS DEVRAIT ARRIVER AU MALI

 

 

La situation de, « ni guerre, ni paix », que traverse notre pays, devrait arriver tôt ou tard. Pour s’en convaincre, il suffit de répondre, chacun à son niveau, à la question suivante : « et si toutes les ressources naturelles, maritimes, minières, matières premières, etc., à partir desquelles tous les biens, que l’économie capitaliste fabrique devraient finir un jour » ?

 

Justement, la probabilité de l’épuisement des ressources naturelles, minières, matières premières etc., a été démontrée, scientifiquement, par trois (03) professeurs du M.I.T, dans un document appelé le « Rapport MEADOW » établi en 1972, à la demande du prestigieux « Club de Rome » Dès lors la résurgence d’une « guerre pour le contrôle des ressources » était prévisible. Les méthodes barbares de colonisation et d’impérialisme ont laissé la place aux méthodes plus subtiles d’infiltration par la manipulation des ethnies et des perdants politiques.

Avec une carte minière des plus impressionnantes en réserves d’eau, de pétrole, de gaz, d’or, de dimant, de métaux rares, le Mali devrait connaitre tôt ou tard, une guerre pour le contrôle des ressources entre grandes puissances.

 

I – JOSEPH SCHUMPETER : L’INNOVATION ET LA DESTRUCTION CREATRICE

Tous les étudiants des Grandes Universités et Ecoles de Commerce, (les business-school) ont certainement étudié dans une matière appelée « Cours de politique générale d’entreprise », les théories de l’innovation de ce brillant Professeur de Harvard Business-school dans les années 1930. Je me rappelle encore, comme si c’était hier, la voix du Professeur Slahéddine BOUGERRA, lui-même, PHD de Harvard, auteur de nombreux ouvrages, entrain d’expliquer et de vanter les théories de l’innovation de Joseph Schumpeter.

Economiste libéral, il s’intéressa à  l’évolution du système capitaliste qu’il qualifie comme suit: « il constitue, de par sa nature, un type ou une méthode de transformation économique, et non seulement il n’est jamais stationnaire mais il ne pourra jamais le devenir » écrit-il en 1942. Le moteur du système, c’est l’innovation et le progrès technique à travers le phénomène de « destruction créatrice ».

Il est très important de rappeler qu’en Afrique, on avait un système économique, qui était ni capitaliste, ni socialiste. Un système à dominance communautaire, reconnaissant la propriété privée, le tout dans la solidarité et l’entraide. Aux indépendances, les pays colonisés ont été contraints de choisir entre le capitalisme et le socialisme sans réellement comprendre ce que recouvre le sens de l’un et de l’autre. Notre pays, après avoir essayé le socialisme, a adopté l’économie de marché (des gens diront qu’on nous l’a imposé avec des privatisations sauvages).

SCHUMPETER explique la base de l’économie libérale dans des termes d’une « guerre économique », que nous ne semblons pas encore compris, à présent, ni nos entreprises, mais surtout nos « Politiques ». Le « visage humain » est difficilement compatible avec le système capitaliste. Et c’est pourtant cela que nous faisons tous les jours.

A titre d’illustration, le « conseil gratuit » semble normal dans le comportement quotidien du Malien. Les cabinets de médecins, de pharmaciens, d’avocats, de notaire, d’expert-comptable, de conseil fiscal, d’ingénieurs-conseils, les agences de communication, etc., tout le monde passe son temps à faire du conseil gratuit. Le « conseillé » fait des économies de frais tout en faisant prospérer ses affaires alors que le « Conseiller » tire le diable par la queue.

Si la solidarité et l’entraide constituent, l’encrage, le socle de notre société Africaine en général et Malienne en particulier, il est important que nous réfléchissions à une « autre voie » comme le propose le brillant économiste Péruvien, Hernado de Soto, que le Président Bill Clinton a qualifié d’économiste vivant le plus éminent du 21ème siècle. Les travaux de sa fondation « Institut des Libertés et de la Démocratie » à Lima sur « le secteur informel », ont été exploités par la Banque Mondiale pour créer le « Programme Doing Business ».

Un des drames de l’Afrique, c’est que nous ne réfléchissons pas pour trouver par nous-mêmes ce qui est bien pour nous. Nous avons abandonné la réflexion stratégique pour notre avenir. Nous l’avons « délégué, sous-traité, confié » à d’autres sans se rendre compte qu’ils sont les premiers concurrents. S’ils nous aident à fabriquer tout ce qu’ils nous vendent, qui va acheter leur production ?

Et même quand on essaie de concevoir et de produire, tout est fait pour dissuader les consommateurs Africains que la qualité n’y est pas. Des expressions comme High tech, Haute Définition, (HD), Certification ISO, etc. nous épatent et nous éloignent des producteurs et prestataires de services locaux.

Le professeur SCHUMPETER défend que « L’économie est gouvernée par un phénomène particulier : la « destruction créatrice ». C’est « la donnée fondamentale du capitalisme et toute entreprise doit, bon gré mal gré, s’y adapter ». La croissance est un processus permanent de création, de destruction et de restructuration des activités économiques. En effet, « le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le nuire ». Ce processus de destruction créatrice est à l’origine des fluctuations économiques sous forme de cycles. »

A l’observation des marchés, qui peut contredire Schumpeter ? Les marchés, devenus sans frontières, sont inondés de produits de toute sorte. En essayant de comprendre et d’expliquer la situation de notre pays et de nos entreprises, je ne cesse de découvrir et de m’apercevoir réellement la portée du « Cours de Politique générale d’entreprise » et les idées de Joseph Schumpeter.

Obligées de trouver quelque chose pour survivre, les entreprises en économie capitaliste jouent à fonds l’innovation. A titre d’illustration :

– Quelle est la durée de vie d’un téléphone portable, trois ans, un an, six mois ?

– Quelle est la durée de vie des logiciels, des ordinateurs ?

Les fabricants de voitures se rivalisent en nouvelles marques, en gammes, en technologie énergétique : carburant, électriques, hybrides, etc.,

Il en de même des fabricants de téléviseurs, d’ameublements, d’habillements, d’ustensiles de cuisine, de yaourt, de jus de fruits, etc.

En dehors des besoins primaires : boire, manger, dormir, se mettre à l’abri des intempéries, qui sont immuables comme le démontre la pyramide de MASLOW, tout semble éphémère.

Pour se maintenir et survivre, il faut chercher. La fonction « Recherche et Développement » fait son apparition dans les organigrammes de toutes les grandes entreprises. Une autre fonction symbolisant encore mieux cette guerre économique fait son apparition, c’est la « Veille Economique ».

Les Etats et les Entreprises, ne doivent plus de laisser surprendre et réagir pour se défendre des attaques, mais ils se doivent d’anticiper, de se prémunir contre des dangers, pour être désormais en permanence sur « le pied de guerre ». Ils ne doivent pas surtout s’endormir.

Sauf que toutes ces productions se font à partir des matières premières, des consommables, d’énergie, des ressources naturelles, minières etc. Sont-elles inépuisables ? Le brillant professeur ne semble pas trop l’aborder. Pour lui dans une logique d’innovation, les entreprises doivent se procurer de leurs « inputs » que cela soit localement ou importés, donc au-delà des frontières.

D’autres économistes notamment de la catégorie « économie du bonheur » vont s’inquiéter de l’épuisement des matières premières : le Rapport MEADOW et le Paradoxe d’EASTERLIN.

 

II – LE RAPPORT MEADOW ET LE PARADOXE D’EASTERLIN

Il est important de rappeler que le Professeur Schumpeter démontre que la croissance continue fait du développement, du bonheur des populations et la croissance elle-même, est « un processus permanent de création, de destruction et de restructuration des activités économiques ». Pendant longtemps, les économistes ont soutenu que la croissance continue est source de développement économique et social, de bien-être pour les populations et donc de bonheur.

Dans la catégorie « Economie du bonheur », des économistes vont tenter de comprendre l’impact réel des taux de croissance sur le bonheur des populations.

Croissance et bonheur. L’économiste Américain Richard Easterlin, va démontrer en 1974, qu’il n’y a pas assez de lien entre les forts taux de croissance du PIB et le bonheur des populations. Sa démonstration est connue sous le paradoxe d’Easterlin. Bien entendu, il va être contesté par certains économistes, il reviendra encore à la charge pour redémontrer sa courbe.

En tout cas, au Mali, malgré le « taux de croissance de 8% d’une économie solide et robuste  » que le Gouvernement ne cesse de brandir, il n’y a pas plus pauvre que le Malien. En effet, plus de 70% peinent à s’offrir pendant toute l’année, les trois repas, de l’eau potable et se ravitaillant dans les « médicaments par terre ». On évoque la mauvaise répartition des ressources. Mais justement pourquoi les ressources sont-elles mal reparties ? La réponse est évidente, chacun veut s’accaparer du maximum. Et pourquoi ? Cette réponse est aussi évidente, parce que, grâce à l’innovation, de nouveaux produits ne cessent d’être mis sur le marché, avec le corollaire de nouvelles envies tous les jours.

Le professeur Easterlin démontrera ensuite que l’économie capitaliste crée la « jalousie de l’envie ». Puisqu’on ne cesse pas d’innover, de créer de nouveaux produits, les gens vivent en permanence dans une situation d’insatisfaction de ce qu’ils n’ont pas. On est jaloux de ce que le voisin a et qu’on n’a pas. On est malheureux. Qui peut contredire le professeur Easterlin ?

Peu de personnes. D’ailleurs, on remarque que, plus on est riche ou on a de l’argent, plus on a des problèmes et face aux problèmes, on a encore besoin de plus d’argent pour les résoudre le cercle vicieux et infernal continue.

La volonté de vouloir tout avoir rapidement et d’être devant les autres, expliquent en grande partie « le moi seul » et non la collectivité, la généralisation de la corruption et l’économie de la criminalité, à savoir la prostitution, la drogue, la corruption avec pour corollaire le blanchiment.

C’est pourquoi, comme je l’ai dit dans la publication parue dans Mali-Tribune N°13 du vendredi 19 avril, il faut essayer de mettre, sur les mêmes pieds d’égalité, les populations en limitant et interdisant les évacuations sanitaires, les inscriptions dans les universitaires étrangères. Cela permettrait au pays, non seulement de lutter efficacement contre la corruption, de faire des économies, de relever la qualité de services locaux et participerait grandement du développement du pays, mais aussi et surtout guérirait beaucoup de nos corrompus qui sont véritables malades malheureux.

Lisez les publications sur les mystères du subconscient, tous les sociologues sont d’accord, un «malfaiteur est malade de blessures internes qui ne guérissent jamais ». Beaucoup essayent de se soigner spirituellement en se mettant dans des œuvres de charité tout azimut, en allant plusieurs fois sur les lieux saints : le pèlerinage à la Mecque ou à la Grande Eglise du Christ à Bethlehem, ils retournent en se faisant bonne conscience, mais la conscience demeure toujours chargée. Ils s’en iront malheureusement comme cela.

Croissance et épuisement des ressources, les « guerres pour le contrôle des ressources » et « l’effondrement écologique ». Avant Richard Easterlin, en 1972, dans une étude, trois professeurs du M.I.T Dennis Meadow, Donella Meadow et Jorgen Randers dans un Rapport intitulé « Les limites de la croissance » ont démontré que la « croissance capitaliste n’est pas tenable ».

D’une part les matières et ressources s’épuiseront, d’autre part, elle aboutira à un désastre planétaire sur le plan écologique.

Les conclusions de ce rapport ont eu deux conséquences majeures : le développement du mouvement écologique et la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement en matières premières, consommables et autres ressources naturelles.

Dès que la probabilité de l’épuisement des ressources est acceptée, on admet aussi l’idée de s’en en procurer par toutes voies et méthodes : la guerre pour le contrôle des ressources sur la planète.

 

III – LES PAYS INDUSTRIALISES ONT-ILS ENCORE D’IMPORTANTES QUANTITES DE RESSOURCES MINIERES EN RESERVES : PETROLE, GAZ, FORETS ET AUTRES NATURELLES?

 

Depuis la révolution industrielle au 18ème siècle, le niveau de développement atteint par les pays développés à ce jour, montrent à suffisance les énormes quantités de matières premières, minières, consommables qui ont dû être consommées jusqu’à nos jours.

A titre d’illustrations combien de milliards de tonnes de graviers, de terre, de ciment, de fer, de consommables, etc., ont été utilisées pour construire des milliards de kilomètres de routes de ponts, sortir de terre des millions d’immeubles, de gratte-ciels, à travers le monde ?

Combien de milliers de milliards de tonnes de fer, d’aluminium et autres métaux ont été consommées dans la fabrication de voitures, d’avions, de bateaux, de trains, de motos, etc. ?

Combien de milliers de milliards de mètres cubes de bois ont été utilisés pour la fabrication de bureaux, de meubles dans le monde ?,

Le niveau de développement élevé incite à essayer de répondre à la question : est-ce qu’il y a encore d’importantes quantités de ressources disponibles dans ces pays développés pour faire face à leurs besoins sans croissants ?

Il est vrai que certaines ressources sont renouvelables, mais il ne fait aucun doute que les grands pays industrialisés ont pratiquement épuisé toutes leurs ressources, mêmes si certains prétendent avoir en « économie, des réserves nationales ».

Alors il faut aller les chercher ailleurs, dans les pays moins industrialisés, notamment en Afrique, en Amérique Latine et dans le monde arabe où les matières premières et autres ressources existent en abondance. D’ailleurs c’est ce qui a toujours été fait. Rappelez-vous des partages du monde qui ont présidé à la création de la Société Des Nations (SDN), l’ancêtre de l’O.N.U.

Les méthodes brutales d’accès aux ressources des autres pays comme la colonisation, les travaux forcés, l’impérialisme, ont laissé la place à des méthodes plus savantes, sophistiquées : la manipulation des ethnies, des hommes politiques, et dernièrement « l’immigration choisie », etc.

Les Africains sont taxés d’être des corrompus, mais les sommes volées sont gardées chez « les messieurs propres », et il n’est pas question de les renvoyer aux pauvres populations privées de ces ressources publiques. Alors entre le voleur et le gardien de la chose volée que les juristes appellent « receleur », qui vaut mieux que qui ? Mieux encore pour le pays du gardien, si le voleur meurt, les biens physiques lui appartenant et les sommes dans les comptes bancaires n’auraient plus de propriétaires, ils lui reviennent suivant une autre technique juridique. Les juristes disent qu’ils tombent dans le « domaine public ». Il ne fait aucun doute qu’entre sommes déposées dans les paradis fiscaux, biens mal acquis, et fonds issus de l’immigration choisie, les pays moins développés, notamment ceux  d’Afrique sont les premiers « financeurs » des pays capitalistes.

La guerre pour le contrôle des ressources n’a jamais cessé, elle continue sous des formes plus évoluées comme les manipulations des ethnies, des Hommes politiques, utilisant des « mains noires » pour tuer des noirs.

 

IV – COMMENT NOTRE PAYS A ETE ENVAHI

A parti de l’exploitation des différents accords signés, des documents de reportage des grands médias, journaux, télévisions, radios, nous avons essayé de comprendre comment notre pays est tombé dans l’abîme. On constate qu’à travers une série d’erreurs commises depuis l’avènement de la démocratie, notre pays se trouve au stade où il est aujourd’hui.

Il n’est de secret pour personne que la crise politico-sécuritaire que traverse notre pays est pluridimensionnelle. Une « dimension cultuelle et identitaire » utilisée comme arme pour alimenter une « dimension politique, la revendication d’une indépendance », le tout sur fonds d’une « dimension économique, la guerre pour le contrôle des ressources » entre les grandes puissances.

L’observation de la carte minière du Mali montre que ce pays détient d’importantes réserves minières : l’eau, l’or, le fer, le pétrole, le gaz, les métaux rares, etc.

A partir de là, le principe d’une « guerre au Mali » peut être posé, avec l’épuisement des ressources dans les grands pays industrialisés. Pour mettre la main sur les énormes ressources minières, la technique de la manipulation pour déstabiliser le pays est jouée à fond, que nous résumons à travers plusieurs étapes.

La première étape : dès la fin du régime militaire, avec l’avènement de la démocratie, il faut réveiller les problèmes d’identité communautaire, les velléités indépendantistes, l’opposition populations blanches et populations noires. Tout le monde tombe dans ce piège : les « populations blanches manipulées » et le gouvernement.

La deuxième étape : profitant du « vent de démocratie », il faut régler le problème du nord à travers un accord entre le gouvernement et les rebelles : tout le monde tombe dans ce piège : le Pacte National est signé, par ATT, le Président du CTSP, quand bien même il comporte des « exigences de démilitarisation  du nord ».

La troisième étape : le Président Alpha Oumar doit appliquer le Pacte National, il doit  « démilitariser le nord », les armes font peur aux « manipulés ». Tout le monde tombe dans ce piège, le Président Alpha Oumar KONARE organise la flamme de la paix en présence du Président du Ghana, Monsieur John Jerry RAWLINGS: des armes sont brulées, curieusement même à Bamako. Il n’y a plus de militaires à Kidal, l’armée s’est repliée jusqu’à Gao, à 500 Km de Kidal :

La quatrième étape : le nord est devenu quasiment un « no mens land », un somptuaire du terrorisme, de la drogue, un avion entier chargé atterrit à Goundam avec sa cargaison et du banditisme avec enlèvement d’occidentaux. Le Président ATT ne remet pas les pendules à l’heure.

La cinquième étape : avec la chute du Président Libyen le Colonel Kadhafi, l’appel à la main tendue des « manipulés » aux combattants djihadistes est entendu : AQMI, MUJAO, et de nombreux groupuscules envahissent la Région. L’indépendance de « l’AZAWAD », un Gouvernement provisoire est mis en place. Le nord étant démilitarisé, il fallait que les soldats Maliens quittent Bamako pour se rendre à Kidal loin de 1 600 Km par route, en l’absence d’avions militaires. Ils arrivent épuisés, mal préparés, sans aucune connaissance du terrain, certains récits font couler des larmes, pour certains, ils ont quitté Bamako, en ne laissant que 50 Kg de riz à la famille.

La sixième étape : les mouvements emportent le Président ATT.

La septième étape : le Président de la transition Dioncounda TRAORE demande l’aide de la France. Dans un premier temps « l’Opération Serval » est organisée. Le Président Français, François HOLLANDE enfile son costume de guerre, Mali est sauvé, il est reçu en héro à Bamako, par une foule en liesse.

La huitième étape : un accord militaire est signé par le Président IBK. Que contient-il ? Secret de défense, secret militaire.

La neuvième étape : l’intervention de l’ONU. Pour légitimer sa présence, la France demande au Mali, de saisir l’instance de Gouvernance Mondiale. De résolution en résolution, le pays est désormais sous tutelle. Sur le plan économique, toutes les puissances mondiales sont là : qui pour l’eau, qui pour l’or, qui pour le pétrole, qui pour le gaz, qui pour les métaux rares, qui pour des raisons stratégiques de défense, etc.

Voici autant d’enchainement d’erreurs, de choses imposées, qui expliquent le fait que tôt ou tard la situation devrait arriver. Elle a été rendu facile par le manque d’intérêt pour le pays. A force de courir derrière l’argent, les Maliens n’ont pas le temps de réflexion pour leur pays. On a cessé de réfléchir nous-mêmes pour l’avenir économique, politique, militaire, scolaire, universitaire, agricole du pays. On l’a confié à d’autres. Que chacun se rappelle à l’adage suivant : « que se passe-t-il si tu confies ton bouc à l’hyène ?».

C’est un plan savamment préparé qu’il fallait voir venir. On manipule des populations pour pouvoir envahir un pays. Un président de la république, dans le désarroi, fait appel à une puissance militaire qui fait valider sa mission par l’instance de gouvernance mondiale et on exploite à souhait les richesses du pays.

Et malin qui peut nous imaginer la suite de « l’immigration choisie ». Si on est choisi aujourd’hui suivant des critères qui nous sont favorables, à l’avenir des critères défavorables pourraient vous coûter cher.

Travaillons sérieusement sur l’avenir de nos pays. La paix, la stabilité, le développement économique et social de notre pays ne viendront jamais des autres, Au contraire, les autres cherchent à profiter de nous et il est malheureux de constater que nous-mêmes allons-nous livrer.

 

V – MAINTENANT QUE C’EST ARRIVE, UNE SEULE SOLUTION : NEGOCIER LA STABILITE DU PAYS ET DONC LA PAIX AVEC LA FRANCE

Quelle que soient les solutions qu’on pourrait envisager, la France est, et demeure une pièce importante du puzzle.

Il ne faut pas se cacher la vérité et faire du « mensonge d’Etat », le Mali ne peut retrouver la stabilité sans la France.

En effet, dans la « guerre pour le contrôle des ressources », les grandes puissances s’équivalent. Elles sont exactement les mêmes. Les démarches et les méthodes peuvent être différentes, mais l’objectif est le même. Il doit être atteint à n’importe quel prix. Aucune « tuerie de masse » n’est de trop pour atteindre les objectifs. Elles se respectent et se critiquent devant le monde, mais au fond, elles sont d’accord sur l’essentiel.

D’ailleurs, il ne faut pas être naïf, rappelez-vous encore une fois que ce sont eux qui se sont partagés le monde à la Conférence de Berlin. Si le prix à payer doit être estimé en dizaines de milliers de morts de Maliens, comme l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, il sera payé mais l’objectif de « main mise sur les ressources » doit être atteint.

Il est important que l’on comprenne que la France est une pièce maîtresse dans la résolution de notre conflit, mais elle ne peut pas imposer de solutions aux Maliens et elle le sait pour plusieurs raisons :

Premièrement l’échec de la manipulation « Peulh-Dogon ». Les Maliens sont très orgueilleux. Ils ne cessent de chanter : « le Mali un et indivisible ». Et, nous Maliens savons tous que nous sommes entrain de payer le prix de cet orgueil au tarif le plus fort. Mais que tous les partenaires du Mali le sachent, on ne cèdera jamais.

Le peuple Malien est plus qu’uni et compacte comme une couche de granite. Il a vite compris à tort ou à raison, et c’est cela aussi la grandeur d’un peuple, que l’ennemi commun, c’est la France. Et de plus en plus la France apparait aux yeux du monde comme un « massacreur » de Peuls et de Dogons par de « mercenaires » lourdement armés avec des moyens qui n’ont rien à envier à la guerre de BIAFRA qu’elle a mené au Nigeria dans les années 60.

Même si ses partenaires ne disent rien, parce qu’ils en font tous quelque part dans le monde, ça fait quand même un peu honte qu’une puissance économique et militaire comme la France se donne à cœur joie d’aller massacrer froidement des femmes, des enfants, des vieillards, des aveugles, des handicapés, éventrer des femmes enceintes, etc. en plein sommeil.

Deuxièmement, les Français savent de quoi les Maliens sont capables. En réaction aux expulsions de Maliens de France, au « vol charter de 101 Maliens » organisé par Monsieur Charles PASQUOI, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, les Maliens ont répliqué en caillassent un avion de la compagnie Air France, casser toute la vitrerie, et cet avion est resté cloué au sol à Bamako pendant plusieurs semaines.

Jusqu’à présent, les Maliens font encore la différence entre la France « citoyenne », pays de paix, de lumière avec des savants et des prix Nobel et la France « Politique » qui semble avoir la « main lourde sur les vies des Maliens. A trop tirer le bouchon, on finira par dire que c’est la « France politique » qui nous tue pour mettre la « France citoyenne » dans des bonnes conditions.

Troisièmement, la France elle-même est entrain de mettre en danger les vies de ses « protégé s » : tôt ou tard la loi des grands nombres risque de s’appliquer. Cherchant par tout moyen des arguments pour se convaincre de la partition de notre pays, des spécialistes Français sont allés jusqu’à dire que « les 10% de populations blanches du nord, n’accepteront jamais qu’elles soient gouvernées par des populations noires ». Ils proposent comme solutions, un nouveau découpage du territoire, une « régionalisation » aboutissant à un « fédéralisme » jamais vu, que même leurs spécialistes en Droit constitutionnel ont du mal à concevoir.

Dans un pays de plus de 17 millions d’habitants, comment 10% de personnes peuvent imposer leur point de vue à 90%, au mépris de la « loi des grands nombres », si ce n’est pas la gentillesse de ces derniers?

Le Président IBK, au lieu de procéder par des artifices de révision constitutionnelle pour vouloir mettre en application un accord non accepté par les populations, on pourrait organiser, comme l’a proposé  le sage feu Seydou Badian KOUYATE, « un référendum sur la partition ». Si le oui l’emporte, on le mettra en œuvre avec des conditions bien précises, notamment la frontière de ce pays avec le nouveau Mali qui doit se situer selon les documents juridiques actuels régissant le territoire, à la dernière localité administrative de la Région de Gao d’une part et d’autre part le retour à KIDAL des « 10% qui ne veulent pas être gouvernés par des Noirs » En effet, il n’est pas cohérent de vouloir un pays indépendant et vouloir se coucher encore ici à Bamako. Non, cela est illogique, ce n’est pas cohérent. Non, ils doivent retourner à KIDAL. D’ailleurs, peut-il en être autrement ? Qui va donc habiter, alors, ce pays « fantôme » ?

D’ailleurs les Noirs expulsés de KIDAL sont rendus au Mali, à Gao.

Quatrièmement la France a besoin du Mali plus que le Mali n’a besoin de la France.

Il est important que les Maliens comprennent, que dans cette guerre que la France fait, par procuration au Mali, ils sont en position de force sur leur ancienne métropole. Nous pouvons vivre sans la France alors que difficilement la France peut vivre sans ses anciennes colonies d’Afrique.

Monsieur Charles PASQUOI aurait dû proposer aux Français vivant au Mali de rentrer en France en contrepartie des Maliens expulsés. C’est ce qui était politiquement correct et très bon pour l’orgueil Français. Mais, mêmes, ces « bras cassés » sans diplômes, ces faux spécialistes, n’allaient pas accepter de retourner en France. Le Président IBK, alors premier ministre, avait répondu sèchement à la Suisse à propos de la mort d’un de ses coopérants à DOUENTZA que « ce pays n’était pas obligé de donner son argent au Mali ».

La règle simple pour se faire respecter, c’est respecter les autres. La France ne respecte pas les vies des Maliennes et des Maliens. Un proverbe Bambara dit « Si tu ne veux pas qu’on dise que tu es bâtard, alors respecte les vielles personnes, sinon un jour tu sauras le nom de ton vrai père ».

De jour en jour, la France se prive du respect du peuple Malien. Elle ne mérite plus le respect du peuple Malien. La France des intellectuels est très admirable : Maurice Allais, Jacques Attali, Jean Tirolle, Gérard Debreu, Elie Cohen, Henry Tézénas, Yves SIMON, Luc Montagnier et autres grandes lumières dans tous les domaines du savoir, etc., Mais quand on voit les images de ces femmes enceintes éventrées, les corps de ces enfants déchiquetés, et savoir à tort ou à raison qu’il y a la main de la France derrière, on peut que haïr, vomir ce pays. Non la France fait honte à ces intellectuels, non la France fait honte à ses lumières de la révolution de 1789, non la France fait honte à ses citoyens épris de paix et de justice.

En faisant des restrictions, dans un « Accord militaire », les mouvements des forces maliennes de sécurités sur tout le territoire, pour s’adonner selon de nombreuses rumeurs à de l’exploitation de l’or à Kidal, on pourrait bien penser que la France est entrain de se faire rembourser « le coût de l’Opération SERVAL », Autant le dire clairement pour qu’on fasse les comptes et que le peuple Malien rembourse suivant des modalités bien connues. Suivant quel « titre ou contrat minier » se font ces exploitations d’or ?  C’est pour cela donc, qu’il faut ensanglanter le centre, pour qu’on oublie le nord, afin de pouvoir extraire tranquillement l’or. Mais on est carrément dans un dépassement de mandat, on est à la limite de l’agression, voire de l’invasion.

C’est un secret de polichinelle de dire que la France connait de sérieuses difficultés. En effet, la France est une grande puissance en perte de vitesse. Si la France « politique » ne nous tue pas pour survivre, c’est elle qui va être tuée par les populations. Ce pays n’a plus les moyens de sa politique puisqu’ils n’ont plus rien chez eux.

Pensez-vous que si la France avait les moyens les « gilets jaunes » allaient faire autant de sorties dans la rue, montrer à la face du monde, qu’ils ont froid, faim, qu’ils n’en peuvent plus? Et ce pays qui compte parmi les puissances économiques mondiales est incapable d’apporter une réponse appropriée comme l’avait suggéré le Président TRUMP au Président MACRON.

Donc c’est utopique de réclamer le départ de la France. Les condamnations stériles, les énervements et les coups de colère, qui nous arrivent, sont humains, mais ne résoudront pas le problème.

Ecoutez bien : quelqu’un a eu enfin quelque chose qu’il cherchait depuis des décennies, croyez-vous que cette personne va abandonner comme cela sous les pleurs, les cris de cœurs ?

 

VI – LA GRANDE DIFFICULTE : COMMENT REGROUPER LE PEUPLE MALIEN AUTOUR DE « L’OBJECTIF DE SURVIE DU PAYS » ?

Le peuple Malien était fier de la France, parce qu’il lui a vu en sauveur. Il lui est reconnaissant pour avoir répondu à l’appel de son Président Dioncounda TRAORE. Même si, aveuglée par la lutte pour le contrôle des ressources, elle semble très rapidement avoir choisi son camp : la protection des 10% contre le massacre des 90%.

Imaginez un peu ce que la France semble faire : une femme en danger appelle un homme au secours, l’homme vient la sauver, puis lui-même passe son temps à la violer. Voilà ce que la France fait au Mali.

N’empêche, elle est, et demeure la pièce centrale à la résolution de notre problème Mais négocier quoi avec la France ? Et qui va négocier avec la France?

La première question est plus facile à répondre que la seconde. En effet, il faut arriver à la cessation immédiate des tueries, des viols, l’accès de l’armée à tout le territoire, le retour de l’administration partout sur le sol. A quelles conditions, on en discute avec la France.

La deuxième question est très compliquée à répondre compte tenu du niveau de confiance et de crédit que les Maliens accordent à leurs dirigeants actuels. On pourrait dire qu’ils n’ont jamais pu rien faire depuis 06 ans. Mais il est aussi objectif de reconnaitre que le problème n’est pas facile à résoudre. Toute solution imaginable pour une paix durable pouvant mettre fin à cette crise, demande du temps et de la réflexion et de la patience.

Je ne cesse de le dire, que l’on appelle cela « Conférence d’Entente Nationale » ou autre appellation, il est de la plus haute importance que les Maliens se rassemblent rapidement pour renforcer et/ou mettre en place des Institutions dirigées par des personnes crédibles, à même de négocier l’avenir du pays.

Ce n’est pas une question de politique, mais une question de survie. Il est temps que nous ayons du temps pour prendre notre pays en « mains ».

En conclusion de ce papier, de par l’histoire, la culture, la langue avec son corollaire, l’accès au savoir, la France parait la principale interlocutrice au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour ramener la paix et la stabilité au Mali. Des tentatives d’aller vers d’autres puissances ne nous paraissent pas opportunes. Rien que pour des problèmes de langue et de communication, savez –vous, par exemple, le montant de centaines de millions d’Euros que la Francophonie, donc la France dépense par an pour seulement la traduction des documents et donc pour l’accès des populations des anciennes colonies au savoir ?

Mais la condition première est que ce pays cesse ses exactions sur les populations Maliennes.

Les Maliens sont aussi, quasiment, à l’unanimité, conscients que le pays n’a pas toutes les compétences humaines et les moyens matériels et financiers pour exploiter les immenses ressources du sous-sol. Ils sont aussi conscients de la complémentarité des pays, le Mali est prêt à négocier avec la France et toutes autres puissances pour exploiter dans l’intérêt d’un partenariat équilibré : co-entreprises ou société en participation, Entité privées dans le cadre de conventions d’établissement équitablement négociées, de contrat de concession équitablement négociés, etc., les immenses ressources naturelles, minières et autres naturelles, mais dans la paix et la quiétude des populations.

Il nous paraît désormais indispensable pour les pays faibles qu’il faille trouver des méthodes intelligentes de gouvernance pour vivre à côté de ces mastodontes, de ces ouragans qui dévastent tout sur leur passage.

Siné DIARRA

Expert-comptable

Certifié aux Normes comptables internationales IAS / IFRS

Par la CNCC et l’Ordre des Experts comptables de France

Enseignant de Comptabilité de finances et d’Audit

Tel : 66 89 69 69 / 76 89 69 69

Site : www.finauditsarl.com

 

Djibril Coulibaly

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