jeudi 28 mars 2024
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Leçon de géopolitique : L’Amérique sous Donald Trump, entre voltefaces et improvisations

De mémoire d’américain, jamais une présidence n’aura été si imprévisible. Donald Trump serait un spécimen extrêmement rare de Chef d’Etat, parachuté presque de nulle part pour présider les destinées du pays le plus puissant au monde. Magnat de l’immobilier et super star de la téléréalité, de plus en plus, il semblerait n’avoir aucune ligne claire concernant sa politique, aussi bien sur le plan domestique que sur le plan international. Il se serait donc lancé à la course pour la Maison Blanche comme pour se lancer un défi, espérant que son aura se retrouvera ragaillardi, ce qui impacterait plus que positivement sur ses affaires. Ses multiples voltefaces depuis qu’il est président sont autant de preuves de son impréparation, mais aussi, du sérieux de l’homme pour ce poste de président de la République des Etats-Unis d’Amérique.
La campagne présidentielle de celui que l’on présentait comme le dernier de la classe côté républicain était truffée d’annonces fantasques très souvent empreint de populisme. Parlant dans un langage assez compréhensible pour l’américain blanc moyen, il aura su convaincre au-delà même des électeurs républicains. Mais, à l’épreuve du pouvoir, il aura effectué, à maintes reprises, des virages à 180 degré non sans fouler à terre ses promesses électorales.
Faire construire un mur le long de la frontière américano-mexicaine au frais de l’Etat du Mexique
Concernant l’immigration, Donald Trump était particulièrement virulent sur les latino-américains. Il déclarait à tout va que le Mexique envoie sur le sol américain uniquement leurs ressortissants violeurs, assassins et braqueurs. La solution miracle, selon lui, était un mur gigantesque, entre les deux pays, au frais de l’Etat mexicain ! Président, il peine à réaliser cette promesse de campagne.
« L’Islam déteste les Etats-Unis, les musulmans détestent les Etats-Unis »
Le candidat Trump n’y allait pas avec le dos de la cuillère lorsqu’il parlait du terrorisme. Pour lui, Islam et terrorisme étaient liés, allant jusqu’à déclarer sur une chaine de télé américaine : « L’Islam déteste les Etats-Unis, les musulmans détestent les Etats-Unis ». Une autre solution fantasque qu’il promit aux américains, c’est d’interdire le territoire aux ressortissants musulmans. Une fois au pouvoir, le « muslim ban » ne peut entrer en vigueur sous sa version initiale. Seuls, sept pays musulmans ont été visés par ce décret. Des pays qui, à priori, n’ont pas de liens apparents avec le terrorisme. Alors que d’autres Etats considérés comme des soutiens passifs ou actifs du terrorisme, tels que l’Arabie Saoudite ou l’Egypte, ont été épargnés par le « muslim ban ». Certainement, grâce à ses conseillers, il se ravisa devant l’intérêt hautement géostratégique de ces pays pour les USA. Un autre argument, ce sont des intérêts financiers privés de l’homme d’affaires Donald Trump, qui se retrouveraient menacés en cas d’application du décret antimusulman sur des pays comme l’Arabie Saoudite ou encore d’autres pays du Golfe.
Les liens supposés de Trump avec la Russie
Une enquête avait été ouverte par le FBI dans les dernières heures de la présidence d’Obama sur l’ingérence supposée de la Russie dans l’élection présidentielle américaine. Une fois Donald Trump à la Maison Blanche, des journaux américains relayaient des informations selon lesquelles, ce dernier faisait pression sur le chef de l’Agence Fédérale pour mettre fin à l’enquête. Ce qui expliquerait le limogeage soudain et totalement inexpliqué de celui-ci qui devenait, de plus en plus, un danger pour le président américain. Mais auparavant, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, fut limogé par la Maison Blanche, après avoir maintes fois menti sur ses liens avec la Russie. Il est le personnage central dans l’affaire de l’ingérence présumée de la Russie dans la présidentielle américaine. Dernièrement, il a fait valoir son droit au silence selon le 5ème amendement de la constitution. S’agit-il là d’un aveu de culpabilité ? Cela constitue, en tous cas, un gros embarras pour le président Trump.
Sur le dossier syrien, Trump se rapproche de plus en plus de la position d’Obama
Durant sa campagne, Trump disait ceci : « l’Etat islamique est une bien plus grande menace contre nous qu’Assad » avant d’avertir sur un possible affrontement entre les USA et la Russie si jamais l’Amérique persistait à remplacer Bachar El Assad. Donald Trump président, retourne sa veste, après disait-il, avoir vu l’attaque au gaz sarin perpétré par le régime Assad sur des populations civiles : « C’est un boucher. C’est un boucher. C’est pourquoi nous devions faire quelque chose à cet égard ». Quelques jours plus tôt, les Etats-Unis ont mené, seuls, une frappe aérienne contre une base militaire syrienne. « Quand on balance du gaz, des bombes ou des barils d’explosifs (…) au milieu d’un groupe de gens (…), on est un animal », avait-il lancé sur la chaine Fox Business. Après avoir vu l’attaque chimique sur des civils en Syrie, il a déclaré : Ça a été une chose horrible. Il est très, très possible (…) que mon attitude face à la Syrie et Assad ait beaucoup changé. »
La réforme du système de santé, probable seule victoire de l’Administration Trump
Ayant fait une de ses priorités ardentes dès sa prise de fonction, Donald Trump serait sur le point de remplacer la fameuse loi de Barak Obama sur la Santé. Après avoir subi une cuisante défaite lors d’un premier vote de la loi de l’Assurance Santé, version républicaine, le texte a été adopté par la chambre des représentants. Le vote final a été très serré : 217 voix contre 213. Les démocrates ont voté non ainsi que 20 républicains modérés. Mais, reconnaitre la nécessité d’un système de santé, ne constitue-t-il pas une demi-victoire pour le président Obama ? Rappelons qu’au départ, les républicains s’étaient insurgés contre la nécessité même d’un système de santé. En voulant, coûte que coûte, remplacer l’Obamacare plutôt que de revenir à l’ordre ancien en l’annulant, cela peut paraitre comme un aveu à peine voilé du camp républicain de la nécessité d’un système de santé.
En somme, faire le contraire de l’Administration Obama pour ensuite tenter d’accomplir quasiment la même politique a de quoi donner des vertiges à l’électorat de Trump. Sur sa politique étrangère, l’on n’est pas loin de l’indigestion diplomatique. La dernière en date, c’est cette bromance avec le Royaume d’Arabie Saoudite avec à la clé un contrat d’armement de 110 milliards de dollars. Donald Trump qui affirmait, que l’Islam détestait les USA, ne pouvaient s’empêcher de signer un tel juteux contrat avec le Royaume d’Arabie Saoudite, berceau du Wahabisme et soutien, au moins passif, de l’idéologie du terrorisme religieux.

Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com

Djibril Coulibaly

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