vendredi 29 mars 2024
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LE PEAGE : Clef de voûte de l’entretien routier durable

 

Le péage devrait être perçu comme une participation citoyenne à « l’effort de guerre » afin de soulager l’Etat écartelé entre les urgences et incapable de faire face seul aux dépenses liées à l’entretien des routes, vitales pour notre pays continental.

 

La nouvelle date d’entrée en vigueur de l’arrêté interministériel n°08-1390/MF-MET-MATCL-MSIPC du 14 mai 2008, instituant en République du Mali, le paiement par passage de la redevance péage, est fixée au mercredi 17 février 2021, après trois reports en moins d’un mois.

L’article 3 de cet arrêté interministériel énonce que le concessionnaire, dorénavant, va percevoir un droit obligatoire sur chaque passage de véhicule à quatre roues ou plus.

Ainsi, le montant du droit de passage est fixé à : 500 F CFA pour un véhicule léger d’une hauteur inférieure à 2,55 m ; 1000 F CFA pour tout véhicule admis au transport public de plus de 15 personnes payantes ; 500 F CFA par essieu pour tout véhicule poids lourd ou d’une hauteur supérieure ou égale à 2,55 m…

Le  paiement par passage de la redevance péage est une pratique universelle, notamment dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa). Seul le Mali était en marge de cette tendance. Désormais, le paiement par passage de la redevance péage oblige ici où l’Etat, sous le diktat des nombreuses urgences, n’a plus les moyens de faire face seul aux coûts élevés de l’entretien routier.

Aujourd’hui, tout notre peuple est unanime sur l’état de dégradation des routes bitumées nationales, régionales ou communales… Sitôt ouvertes à la circulation, sitôt agressées de toutes parts surtout par l’homme, ce qui précipite leur délabrement.

En plus des désagréments causés aux usagers, la détérioration des routes est l’une des principales causes d’accidents de la circulation dont les victimes, pour la plupart des actifs jeunes, meurent ou en portent les séquelles à vie.

Parallèlement à sa mission régalienne de création d’infrastructures pour mieux désenclaver le Mali, pays continental, l’Etat continue de consentir chaque année des efforts colossaux dans l’entretien et le renforcement de l’existant. Des centaines de millions, voire des milliards de F CFA sont annuellement dépensés dans ce sens.

Mais, cette intervention sans cesse renouvelée de la puissance publique dans le secteur, n’est pas toujours bien appréciée par des citoyens, qui continuent de réclamer des routes bien faites, sans aspérité, mais sans délier les cordons de la bourse dans un contexte de raréfaction des ressources publiques et de foisonnement des urgences.

Nul ne peut contester le bien-fondé de la demande sociale en matière d’infrastructures et d’équipements. C’est d’ailleurs ce constat qui a amené les autorités maliennes à prendre depuis près de 13 ans l’arrêté interministériel n°08-1390/MF-MET-MATCL-MSIPC, instituant en République du Mali le paiement par passage de la redevance péage.

Cette décision est du reste conforme à une directive de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), qui voit en le péage et le pesage deux mécanismes susceptibles de rallonger la durée de vie des routes dans ses sept pays membres (Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).

Au demeurant, l’Etat, acteur particulier de la vie économique peut contraindre, grâce aux lois, les entreprises à agir dans certains sens… En instaurant par exemple un droit du travail, l’Etat peut s’assurer que la production des biens et services est réalisée en respectant de bonnes conditions de travail. Le péage ne saurait dès lors se soustraire à sa volonté.

 

« La route précède le développement »

Il convient de rappeler que le paiement par passage de la redevance péage est institué depuis le 14 mai 2008. A l’époque, son application avait fait l’objet d’un soulèvement des transporteurs, qui avaient demandé un report. Aussi pour apaiser le climat, le gouvernement a-t-il décidé de reporter l’échéance.

En février 2020, face au manque de ressources financières pour faire face au coût de plus en plus élevé de l’entretien routier, le gouvernement avait autorisé son application intégrale à travers une communication écrite prise en conseil des ministres du 19 février 2020.

Aussitôt, l’Autorité routière (AR), chargée de la mise en œuvre de la mesure, a mené une campagne de communication et de sensibilisation sur le sujet. La décision d’application sera ensuite reportée.

C’est en fin décembre 2020 que le gouvernement de Transition a autorisé le ministère des Transports et des Infrastructures à appliquer le paiement par passage de la redevance péage. Une campagne de sensibilisation sur la mesure, à travers des sketches et annonces… sur les médias pour sensibiliser la population a été initiée.

Bref, il y a eu à ce jour trois reports de l’application de la mesure : le 11 janvier, le 25 janvier 2021 et récemment le 1er février 2021. Ces différents reports démontrent une fois de plus la détermination des autorités de la Transition à apaiser le climat social, à privilégier le dialogue fécond et à poursuivre la campagne de communication et de sensibilisation.

Le péage, nous apprend Wikipédia, est un droit que l’on doit acquitter pour franchir un passage ou emprunter un ouvrage d’art. Il s’applique aux personnes, aux véhicules ou aux marchandises transportées. Le terme désigne aussi dans le langage courant le poste de péage (ou barrière de péage) dans lequel ce droit est perçu.

A l’origine, il ne concernait qu’un « passage à pied ». Actuellement, mais aussi très tôt, avant le 12e siècle, il a été associé à l’idée de droit de passage payant, quel que soit le moyen de transport ; il peut s’appliquer aux personnes, aux animaux, aux marchandises ou aux véhicules. Les termes octroi et barrière de péage sont aussi usités.

Selon nos informations, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio au Sénégal, s’avère présentement un projet fondamental pour le développement de la région de Dakar qui concentre 80 % de l’activité économique du pays et 25 % de sa population.

L’autoroute reliant Dakar à Diamniadio permet aujourd’hui à 2 millions de Sénégalais, vivant à Dakar et dans les villes environnantes, de bénéficier d’avantages sociaux et économiques importants.

Les temps de déplacement entre la capitale et les centres urbains environnants sont fortement réduits et l’accès aux services essentiels tels que la santé et l’éducation est facilité. La route permet de réduire l’encombrement à Dakar et de faciliter les déplacements vers et à partir de la métropole de Dakar ainsi que le futur centre d’affaires de Diamniadio.

Cet exemple devrait faire tache d’huile au Mali.

CC/MTI

Djibril Coulibaly

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