vendredi 29 mars 2024
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Le Manifeste : l’imam Mahmoud Dicko, un versatile !  

Dans un manifeste rendu public le vendredi 05 février 2021, l’imam Dicko leader religieux à l’origine de la contestation contre l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Kéita se dit “inquiet de la situation actuelle du pays“. Dans son manifeste, Dicko recommande la refondation d’un Mali nouveau, l’instauration d’un dialogue et de la confiance entre les différentes communautés du pays. Pourquoi avoir fait le silence au départ, s’interrogent plusieurs observateurs.

Le manifeste de l’Imam Dicko est-il une confession ou un mea-culpa envers le peuple complètement dépassé par la tournure des évènements au lendemain de la chute d’IBK ? Impossible de comprendre cette sortie à une période où le pays est en train de sombrer dans la division particulièrement entre les hommes forts qui dirigent la transition et la classe politique sur la manière dont le pays coule à petit feu.  Alors que l’Imam avait la possibilité d’aider au départ pour une orientation pour la refondation du Mali. “C’est à l’œuvre que l’on connait un artisan’’, dit-on souvent, mais malheureusement… !

En effet, s’il est important de souligner que l’Imam Dicko s’est vidé à travers ce manifeste, il importe de reconnaître aussi qu’il n’est pas serein depuis la chute d’IBK. Celui qui s’est insurgé contre la gestion chaotique du pays ne peut s’extraire de sa gestion pour le laisser aux mains des novices. Sinon, son silence est bien perçu comme la fin d’une lutte contre une personne et non contre un système de gouvernance qu’il fallait proscrire.

Sur un autre plan, cette sortie expliquerait une certaine incompatibilité entre la transition militaire et sa vision voire son incapacité à faire fléchir les hommes en treillis. C’est ce qui, pour certains observateurs, explique aujourd’hui son appel à l’union pour « sauver le pays ». Puisque, lui seul ne pourra faire fléchir les militaires ni changer ce pays. Mais la question qui se pose est de savoir qui seront les prochains agneaux sacrificiels pour que l’imam puisse renaître de ses cendres.

Le religieux dit être une fois encore trompé. “J’ai cru, comme en 2013, qu’une participation forte à un projet électoral pourrait, à elle seule, porter l’espoir de résolution de nos problèmes de gouvernance politique et sociale. Je me suis trompé“, regrette l’imam Dicko.

S’il tente de convaincre l’opinion d’une certaine recevabilité au peuple, ce que justifie la rédaction de son manifeste, l’on n’en doute pas qu’une ambition se cacherait derrière cette sortie et l’obligerait une nouvelle fois de se rebeller contre la gestion actuelle que beaucoup de ses anciens hommes du M5-RFP avaient très tôt contestée. En clair, le désir de surfer sur les colonels, expliquerait en grande partie l’écriture de ce manifeste, rien d’un désir à voir les Maliens sortir de l’ornière. Sinon, qu’est-ce qui explique ce silence, puis l’entrée au gouvernement de ses protégés ?

Hier, les membres du M5-RFP se faisaient malmener par les militaires sous le regard silencieux de l’Imam. On ne peut être artisan du départ d’un président pour mauvaise gouvernance et être incapable de proposer un projet pour la direction du Mali. Aujourd’hui, ce silence de l’imam est diversement apprécié. D’où il serait très compliqué de se voir accepter facilement par un peuple qui croupit dans la misère. Car, qu’est-ce qui prouve que demain, l’imam ne viendra plus dire au peuple qu’il s’est fait flouer une énième fois ?

Pour plusieurs, il est ni plus ni moins un versatile dont le peuple apprend à connaitre au jour le jour, les leçons de cette crise suffisamment bien apprises pour qu’un Malien accepte de mourir pour une affaire de gouvernement.

Bourama Kéïta  

Djibril Coulibaly

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