vendredi 29 mars 2024
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Lancement du mémorial Thomas Sankara : Le Père de la Révolution burkinabè immortalisé

Pour rendre hommage au père de la Révolution burkinabè, il a été décidé de construire en sa mémoire un mémorial. Les travaux dudit mémorial qui vont coûter une bagatelle de 5 milliards de francs CFA ont été lancés le dimanche 2 octobre dernier en présence de plus de 4000 Jeunes panafricains venus de 12 Pays africains et d’Europe, du Président du Faso, Roch Marc Kaboré et de l’ancien Président Ghanéen, Jerry Rawlings (ami personnel du capitaine Noël Isidore Thomas Sankara). Un symposium sur la vision sankariste, une marche pour réclamer la justice pour Sankara et un concert géant ont été les principales activités de ce lancement.

 

Forte de 70 jeunes, la délégation malienne s’est rendue au pays des Hommes intègres pour prendre part à cérémonie du lancement officiel des travaux du mémorial Thomas Sankara. Ce 2 octobre, date du lancement des travaux, n’est pas un choix fortuit.

En effet, c’est un 2 octobre de l’année 1983 que la Capitaine Thomas Sankara a prononcé son discours d’orientation politique. Un discours qui fixait un nouveau cap pour son pays dans sa marche vers son indépendance totale. La Maison du Peuple, un des lieux symboliques dans la résistance contre l’ex président Blaise Compaoré, a été choisie pour le symposium sur la vision et les idéaux révolutionnaires de Thomas Sankara. La jeunesse révolutionnaire, venue de tout le Burkina, de ses pays frontaliers, du Sénégal, du Cameroun et d’Europe était vêtue à l’effigie de leur idole et aux couleurs du panafricanisme (vert- jaune- rouge). A leurs côtés étaient, le Ministre burkinabé de la Culture, Tahirou Barry, l’ancien Président Ghanéen, Jerry Rawlings, d’anciens camarades de Thomas Sankara et des mouvements citoyens (Y’en a marre du Sénégal et Balais Citoyens du Burkina). C’est dans une salle comble et chauffée à blanc par des slogans révolutionnaires que le Président du Comité d’organisation, Abdoul Salam Kaboré, a pris la parole pour expliquer le pourquoi de cette initiative. «La postérité a besoin de connaitre l’œuvre de Sankara, qui rêvait d’une Afrique libre et digne, et de s’en inspirer» dira t-il.

Selon lui ? ce sont les citoyens, les Révolutionnaires du monde qui doivent contribuer avec les idées, les archives et leurs mains et surtout leurs moyens financiers pour pouvoir réunir les 5 milliards nécessaires à la construction du mémorial Thomas Sankara.

Pour le Ministre de la Culture, Tahirou Barry, «rien de grand dans ce monde ne s’est fait sans enthousiasme. Nous sommes confiants et nous allons relever les défis de la construction d’un mémorial digne de ce nom en hommage à Thomas Sankara ». Et d’ajouter : «ceux qui ont tué Thomas Sankara ont simplement coupé l’arbre en oubliant les racines. Nous le savons tous, la force du baobab repose sur ses racines. Ceux qui l’ont tué ont oublié que l’éléphant peut mourir, mais ses défenses demeurent. Ils ont oublié que la violence du vent n’efface pas les traces de léopard. Quel que soit ce qu’ils ont fait, Thomas Sankara restera à jamais vivant en chacun de nous ». Des messages forts pour haranguer les «héritiers de Thomas Sankara», avec des cris révolutionnaires, des bruits de «vuvuzelas» pour demander justice.

Lui, il a été l’un des plus fidèles ami de Thomas Sankara de son vivant. Il le comprenait et le soutenait dans son combat. Même après sa mort, il a continué à louer Thomas Sankara, à soutenir son idéologie et à tous ceux qui s’en réclament. Lui c’est l’ancien homme fort du Ghana, Jerry Rawlings. C’est d’ailleurs en reconnaissance de cette fidélité en amitié que le comité d’organisation l’a choisi comme parrain. Avec le charisme et le verbe haut qu’on lui connait, Jerry Rawlings a tenu en haleine tout le temps de son discours intégralement en anglais une jeunesse majoritairement francophone. Il faut être Jerry Rawlings pour réussir une telle prouesse. Il a dit à la jeune génération les valeurs que véhiculait Thomas Sankara. Après les discours, place a été faite à des communicateurs qui ont entretenu les jeunes sur la vision de Thomas Sankara à travers des thématiques: «Qu’est ce que l’idéal Sankara», «Sankara et l’indépendance économique de l’Afrique ».

Justice pour Sankara

Parti de la Maison du Peuple, les marcheurs, avec à leur tête, des leaders de mouvements citoyens, d’artistes engagés (Tiken Jah Fakoly, Sams K le Jah, Smockey) et des hommes politiques comme Benwendé Sankara ont mis le cap sur la mythique place de la Révolution.

A pas de charge, il aura fallu moins de 30 minutes aux marcheurs pour parcourir les quelques 2 km qui séparent les deux endroits.

Sur les banderoles et les slogans entonnés le message clé à faire passer était « justice pour Sankara ».

A la place de la Révolution, les discours se sont succédés. Fadel Barro l’un des leaders du mouvement «Yen a marre » du Sénégal a brandit une des boîtes qui serviront à collecter les fonds pour la construction du mémorial. Il a demandé à tous de faire un effort pour la mémoire de Sankara, d’y déposer une pièce de 100 francs CFA ; car, selon lui, Thomas Sankara a donné plus que cela : il a donné sa vie pour l’Afrique. Selon lui rendre justice à Thomas Sankara n’est plus une réclamation mais est devenu une exigence.

Encore Jerry Rawlings, pour le lancement officiel des travaux, a pris la parole pour saluer la bravoure de la jeunesse burkinabè qui a su s’inspirer de Thomas Sankara pour « chasser » Blaise Compaoré du pouvoir. Pour que la flamme allumée par Thomas ne s’éteigne pas, un flambeau a été remis à chaque délégation africaine afin de perpétuer le combat.

Le concert militant avec les artistes, Didier Awadi, Sams K le Jah, Smockey, Naftaly, Abdoulaye Cissé et Tiken Jah ont mis fin à la cérémonie. A noter que deux grandes dames de la musique Africaine, Nahawa Doumbia du Mali et Antoinette Konan de la Côte-d’Ivoire (tous et toutes ami (e)s du Capitaine Thomas Sankara) lui ont rendu un hommage à sa dimension. Un moment émouvant pour toutes ces personnes en qui la flamme du sankarisme reste vivace.

Mohamed Dagnoko, Envoyé spécial à Ouagadougou

 

Encadré

Le premier sac de ciment offert par le Mali

Le Burkina et le Mali ont toujours entretenu des relations séculaires de bon voisinage. Les soubresauts qu’il y a eu à des moments de leurs Histoire commune n’ont pas eu raisons de leur fraternité. La preuve, le sol burkinabè a vu naitre un accord dit celui de Ouaga pour faire taire les armes entre l’Etat et des groupes armés au Mali. Ainsi, au lancement des travaux de construction du mémorial Thomas Sankara, le Mali avait dépêché une délégation forte de 70 participants. Après le symposium et la marche à laquelle la délégation malienne a pris part, elle a offert un don symbolique d’une enveloppe de 10.000 francs CFA pour l’achat du premier sac de ciment pour la construction du mémorial Thomas Sankara. Un geste qui a été salué et apprécié à sa juste valeur par la jeunesse africaine, les leaders des mouvements citoyens et les plus hautes autorités présentes à cette cérémonie.

Mohamed Dagnoko

COULIBALY

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