jeudi 28 mars 2024
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La guerre revient-elle au Soudan du Sud?

Au Soudan du Sud, les combats font rage à Juba et en périphérie de la capitale. Les derniers affrontements entre partisans du président Salva Kiir et de son vice-président et ex-chef rebelle Riek Machar sont devenus plus intenses ce dimanche 10 juillet, et le bilan a été fortement revu à la hausse. Une source proche du ministère de la Santé fait état de 272 morts depuis vendredi soir. La compagnie aérienne Kenya Airways a décidé de suspendre tous ses vols évoquant « une situation sécuritaire incertaine ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU va tenir des consultations à huis clos ce dimanche à partir de 16h30, heure locale (22h30 heure de Paris) à la suite des violents combats à Juba, capitale du Soudan du Sud. Car la situation semble s’envenimer. Chaque partie se renvoie la balle concernant l’origine de ces violences. D’un côté, le camp du président Salva Kiir et de l’autre, celui de son vice-président et ex-rebelle, Riek Machar.

Dans plusieurs médias, le porte-parole militaire de Riek Machar estime que « la guerre est revenue au Soudan du Sud ». Cité par Reuters, il précise que le domicile de Riek Machar a été attaqué à deux reprises ce 10 juillet. Attaque menée, selon ce responsable, par des tanks et des hélicoptères du président Salva Kiir.

Violences dans plusieurs quartiers

Tout a débuté vers 8h25 heure locale, selon la mission des Nations unies à Juba. L’ONU évoque des « coups de feu, des tirs de mortier, de lance-grenades et d’armes d’assaut lourdes ». Ces violences se sont en partie déroulées près de la maison des Nations unies. Un casque bleu chinois a été tué et plusieurs blessés, indique l’ONU.

Un message de l’ambassade américaine diffusé en début d’après-midi évoquait également des combats entre forces gouvernementales et forces d’opposition dans plusieurs quartiers de la capitale et sa périphérie.

Patricia Huon, journaliste indépendante jointe par RFI, évoque des affrontements dans la partie sud-ouest de la ville, lieu où, précise-t-elle, « se trouve le camp de l’ancien chef rebelle Riek Machar qui vit avec 1 500 militaires qu’il a ramenés avec lui dans la capitale ». Cette journaliste a entendu des « tirs soutenus dans divers endroits de la ville », précisant que les routes étaient bloquées.

Des informations que confirme un autre journaliste indépendant, Richard Nield, qui est revenu sur les évènements de la journée au micro de RFI. « Vers 8h du matin, il y a eu une sévère escalade des violences à plusieurs endroits de la ville : aux alentours du quartier de Jebel, en banlieue de Juba où se trouve la base des Nations unies mais aussi un camp de déplacés de 30 000 personnes. Il y a aussi eu des combats dans le quartier de Gudele où se trouve une base du camp de Riek Machar mais aussi à Juba même, près de l’aéroport. L’atmosphère dans le centre de Juba est vraiment très tendue. Il y a eu un coup de tonnerre tout à l’heure et tout le monde se demandait si ce n’était pas une nouvelle attaque, ça n’en était pas une mais ça montre bien à quel point la tension est vive. »

Il n’y a pas de couvre-feu mais les habitants se sont barricadés chez eux. Enormément de civils ont trouvé refuge dans la base des Nations unies située près de l’aéroport. De son côté, la compagnie Kenya Airways a suspendu ses vols.

Quant au bilan, il ne cesse de varier au fil des heures. Il est passé de 150 personnes tuées selon le gouvernement, à 272 selon une source proche du ministère de la Santé. Peu d’informations, en revanche, sur les motifs et les origines de ces violences.

Les deux leaders ont-ils le contrôle de leurs troupes ?

Bien que les deux leaders aient lancé un appel au calme après les violences survenues en fin de semaine, les hostilités ont repris de plus belle ce dimanche. Pour le journaliste indépendant Richard Nield, actuellement à Juba, cela pose la question du contrôle des deux hommes sur leurs troupes.

« Tout au long de la guerre civile il y avait déjà des interrogations sur le contrôle direct que les deux leaders avaient sur leurs hommes, explique le journaliste. On se posait cette question déjà à cette époque, en particulier avec les troupes de l’opposition de Riek Machar. Le commandement et le contrôle n’étaient pas très opérationnels. Des animosités personnelles, tribales et des rivalités locales peuvent aussi expliquer cette situation. »

« Souvent les violences au Soudan du Sud sont la conséquence de représailles et de contre-représailles, explique Richard Nield, donc quand on a une succession d’incidents comme cette semaine, les événements peuvent échapper aux chefs. Cela ne veut pas dire que les leaders n’ont pas du tout de contrôle, ils en ont surement. On peut donc s’attendre à ce qu’ils demandent publiquement la fin des violences. Cela ne veut pas dire non plus qu’ils ne recherchent pas ces violences en coulisses. Mais on ne peut pas nécessairement lier la volonté des leaders aux actions de leurs troupes. »

rfi

Djibril Coulibaly

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