samedi 23 novembre 2024
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L'eau sur le territoire du Sicoval

INTERVIEW DE LA COORDINATRICE DE WATERSHED AU MALI : «La qualité de l’eau est un problème encore

minimisé au Mali…», dixit Mme Traoré Afou Chantal Bengaly

 

Watershed est un nouveau programme de cinq ans de la Coopération néerlandaise dans le secteur d’Accès à l’Eau Potable, Hygiène et Assainissement (AEPHA). Il sera dirigé au Mali par un consortium de trois organisations non gouvernementales néerlandaises (AKVO, IRC, Wetlands International-Mali) avec l’accompagnement du Ministère néerlandais des Affaires Etrangères. Ce programme quinquennal dont le lancement officiel est prévu pour ce mois d’avril va s’atteler à l’amélioration de la Gouvernance des Ressources en Eau et la Gestion des Services Eau et Assainissement tout en renforçant le contrôle de l’action publique qui est un des piliers phare pour atteindre plus rapidement les résultats. En prélude au lancement officiel de ce programme et dans le cadre des festivités de la Journée mondiale de l’eau (22 mars 2017), nous avons rencontré Mme Traoré Afou Chantal Bengaly, Project Leader (Coordinatrice de Watershed au Mali) qui a bien voulu accepter de nous parler du programme Watershed. Mme Traoré Afou Chantal est la Coordinatrice de Watershed et Docteur en Pharmacie, spécialité Santé internationale, activiste de justice sociale, elle a déjà travaillé à WASH Alliance International ici à Bamako en tant que Chargée de Mobilisation des ressources, après avoir été Coordinatrice régionale de programmes au compte de Pax Romana-MIEC, au Kenya, pendant 4 ans. Cette brave Dame est très active sur les questions de développement. C’est elle que Wetlands International Mali a choisi pour diriger ce nouveau programme au Mali.

 

LE COMBAT : Qu’est-ce que le programme Watershed ?

MME TRAORÉ AFOU CHANTAL: Watershed est un partenariat stratégique entre le Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas et 4 ONG néerlandaises.

Ce programme couvre six pays dans le monde à savoir : le Kenya, l’Ouganda, le Mali, le Ghana, le Bangladesh et l’Inde. C’est un programme de 5 ans (2016-2020) dont l’objectif ultime est l’amélioration de la gouvernance des ressources en eau ; la gestion des services AEPHA en mettant l’accent sur le contrôle citoyen. Les objectifs de ce nouveau programme cadrent avec les Objectifs du Développement Durable (ODD).

Quelle est préoccupation dans votre domaine d’intervention, à savoir le secteur AEPHA ?

En fait, l’on ne saurait parler des ressources en eau sans évoquer, en un temps soit peu, la durabilité des ouvrages. Ce qui fait allusion directement à la question de la gouvernance. Cette préoccupation est, donc, essentielle. Ce programme va travailler avec l’implication de la société civile pour améliorer cette gouvernance. En effet, l’implication de la société civile améliore toujours la gouvernance dans ce secteur AEPHA, surtout une participation active des femmes.

Au Mali, après l’étude du terrain, comment est le contexte ? Est-il favorable ou il y a des disfonctionnements ? Des défis majeurs à relever?

Au Mali, un atelier tenu en avril 2016 a servi d’étude de contexte, il a ciblé un certain nombre de problèmes dont les cadres normatifs par rapport à la qualité de l’eau qui sont inexistants ou méconnus des organisations de la société civile. L’analyse contextuelle a aussi permis de constater que les politiques et plans stratégiques du secteur AEPHA ne sont pas toujours respectés, alors le décalage entre ces différents niveaux crée des dysfonctionnements.

Un autre aspect retenu par l’analyse contextuelle est le déficit budgétaire, de sorte que les ressources engagées par l’Etat malien sont insuffisants ; d’où, la nécessité d’un plaidoyer fort pour augmenter ce Budget. L’intégration WASH/GIRE a aussi été identifiée comme un des défis majeurs à relever. Ces deux concepts ne sont pas suffisamment connus par tous les acteurs intervenant dans le secteur AEPHA. Pendant l’analyse contextuelle des orientations ont été données pour l’atteinte des objectifs du programme Watershed au Mali.

Au Mali, le programme traitera deux problématiques qui sont : la qualité de l’eau et la gestion des déchets, l’accès universel durable à l’eau potable.

Pour ce qui est de la qualité de l’eau, il s’agit d’œuvrer pour qu’il y ait des dispositifs systématiques de contrôle de la qualité de l’eau.

L’accès universel va surtout se focaliser sur l’argument de droit humain qui va traiter l’insuffisance des investissements dans le secteur et aussi la méconnaissance des droits humains dans l’accès à l’eau. L’accès universel pose aussi la question du Veil citoyen et celle de la redevabilité des acteurs.

Avez-vous des partenaires stratégiques au Mali ?

Au Mali, nous allons travailler avec de nombreuses organisations de la société civile parmi lesquelles nous avons retenu 3 comme partenaires stratégiques après une analyse approfondie. Il s’agit du Réseau des Journalistes pour la promotion de l’eau et l’assainissement (RJEPA-Mali) ; de la Coalition Nationale de la Campagne Internationale pour l’Eau Potable (CN-CIEPA)  et du Conseil Appui pour l’Education à la Base (CAEB).

Ces trois organisations vont aider notre projet à exécuter ses activités au Mali et mettre en œuvre le système de plaidoyer lobbying pour une gouvernance beaucoup plus active dans le domaine. Le premier des résultats attendus est de faire en sorte que les organisations partenaires disposent d’une base de données sur la qualité de l’eau et d’une collecte continue des données sur la qualité et l’accès à l’eau potable dans les zones pilotes du Delta Intérieur du Niger (DIN). Le deuxième résultat escompté est que les organisations de la société civile utilisent les preuves recueillies sur la gouvernance du secteur AEPHA dans leur stratégie de plaidoyer lobbying pour responsabiliser les autorités. Le troisième et dernier résultat est de faire en sorte que les organismes gouvernementaux, au niveau national et local, soient transparents dans les zones d’intervention ; à savoir dans le Delta Intérieur du Niger, l’Office du Niger et le District de Bamako.

Dans cette perspective, il faudra faire encore en sorte que les organisations de la société civile exercent un leadership efficace pour le plaidoyer lobbying ; car, l’accès à l’eau potable est un droit universel.

L’accès à l’eau potable étant un droit universel, quelle est votre observation, en tant qu’Expert dans le domaine, de la Politique nationale du Mali en la matière ?

Pour moi, la Constitution malienne ne stipule pas clairement que l’accès à l’eau est un droit universel. C’est au niveau de l’article 15 que la question est un peu abordée. Alors, arriver à inscrire clairement cette disposition dans la Constitution va être une avancée majeure.

Propos recueillis par Abdoulaye Faman Coulibaly : LE COMBAT

Rédaction

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