jeudi 28 mars 2024
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Le général Lecointre rencontre les soldats malien à l'EUTM de Koulikoro.

Interventions étrangères : L’échec afghan se répète-t-il au Mali ?

Aujourd’hui, tant l’Afghanistan que le Mali est des échecs de luttes anti-insurrectionnelles, pour lesquelles la polarisation des identités empêche un règlement solide et durable des conflits. C’est l’analyse que dresse le chercheur Arthur Stein, Spécialiste des guerres civiles et de la reconstruction post-conflits.

 

Avec environ 1700 Soldats, le Mali est aujourd’hui le pays qui accueille le plus gros contingent militaire de l’opération Barkhane, une intervention menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française pour lutter contre certains groupes armés dans la Région. Bien que long et coûteux, l’engagement militaire dans le Sahel malien est pourtant et jusqu’à maintenant incapable de juguler des tensions ancrées et irréductibles sur ce territoire.

Les points communs entre le conflit qui touche aujourd’hui violemment le Centre et le Nord du Mali et la guerre en Afghanistan depuis 2001 sont nombreux. En voulant rétablir de solides institutions étatiques et la légitimité politique des Gouvernements peu populaires, les forces intervenantes venues de l’étranger ont, au contraire, participé à une exacerbation des fragmentations ethniques et communautaires. Dans les deux cas, les conséquences semblent désormais durables.

 

La volonté de « gagner les cœurs et les esprits »

Le Mali, tout comme l’Afghanistan auparavant, sont des cas d’école d’une tendance observée depuis le début des années 2000 : en matière de résolution des conflits, la ligne est de plus en plus difficile à tracer entre ce qui relève d’un maintien de la paix traditionnel, non-discriminant et universel, et ce qui s’apparente à de simples outils de politique étrangère utilisés par des États puissants au sein de l’ordre international.

Bien qu’anciennes et légitimement décriées, les stratégies dites « contre-insurrectionnelles » ont été réhabilitées comme modèle privilégié d’intervention lors de conflits. Elles font intervenir des acteurs aux capacités très asymétriques : d’un côté de puissants États et, de l’autre, des groupes aux implantations localisées et peu dotés en ressources de combat.

Observées en Afghanistan d’abord puis au Mali, ces doctrines mêlent des activités civiles et militaires et visent essentiellement à acquérir le soutien majoritaire des populations locales pour prendre le dessus sur l’adversaire désigné.

Comme l’objectif est d’exercer une forme de gouvernementaliste sur un territoire, de gagner « les cœurs et les esprits», ces méthodes impliquent des coûts exorbitants pour les pays impliqués.

Cette «miliciarisation» a permis à des organisations armées souvent dénuées de toute légitimité politique au niveau national d’accéder à des ressources importantes.

Cette tribune a initialement été publiée sur le site de The Conversation

 

Arthur Stein, Doctorant au Département de science politique de l’Université de Montréal;  

Travaillant sur les guerres civiles et la reconstruction post-conflits en Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient

Djibril Coulibaly

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