jeudi 28 mars 2024
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Insécurité routière : La route de Samè ou l’autre voie du cimetière !

Le tronçon de la route Bamako-Kati (RN-03), passant par Samè, est, de nos jours, parmi les routes les plus dangereuses de Bamako. Ce tronçon d’une longueur d’environ 700 à 800 m, se distingue par les accidents spectaculaires qu’il enregistre fréquemment. Et pourtant, la réalisation de cette voie en 2003 a été faite pour atténuer les souffrances des usagers du tronçon Bamako-Kati, au regard du fait que toute la circulation était concentrée sur la route de Koulouba. Mais, de nos jours cette solution, est devenue source de nombreux accidents.
Samè est l’un des quartiers périphérique de la commune III du district de Bamako. La position du quartier est telle que, la route nationale qui la traverse pour aller à Kati, se trouve élevée par rapport aux concessions environnantes. Sur cette route, le tronçon qui commence à partir du poste de contrôle, derrière le Lido, pour prendre fin au poste de sécurité juste à l’entrée du quartier en venant du centre-ville de Bamako est en pente. Du coup, par le fait qu’il soit fréquenté habituellement par les gros porteurs en provenance de Dakar, de Kayes, qui arrivent à Kati avec un système de freinage très épuisé, les accidents sont monnaie courante. Surtout que c’est aux abords de cette route qu’ils se garent jusqu’aux heures indiqués (22h 00) par les autorités, pour leur circulation dans la ville de Bamako. Mais, aucune de ces consignes n’est respectée par les conducteurs de ces gros porteurs qui, souvent très fatigués, choisissent de faire le reste du trajet sans repos suffisamment, nonobstant tout le danger que représente la topographie.
Ce laisser aller des conducteurs, encouragé par le laxisme des autorités, s’est soldé par de nombreux accidents, dont certains, mortels, et des dégâts matériels importants.
Des palliatifs pour réduire les dommages !
Pour mieux appréhender le sujet, nous avons approché le commissaire en charge du 2ème arrondissement, le commissaire principal Issa Fomba, l’officier d’état civil de Samè, Mohamed Lamine Koné, et le président de l’Association des Jeunes pour le Développement de Samè(AJDS), Ibrahim Sissoko.
Le Commissaire de police du 2ème arrondissement, reconnait l’insécurité sur le tronçon Bamako-Kati au niveau de Samè, préconise, un élargissement des goudrons, une mise à niveau de la pente ou la réalisation d’autres voies passant par Lassa ou Djalacorodji pour dévier la ville de Samé. Selon le commissaire Fomba, les causes des multiples accidents qui se produisent sur ce tronçon sont, pour la plupart, dues couramment à la défaillance du système de freinage des gros porteurs qui le fréquentent. S’y ajoutent, l’étroitesse de la chaussée et la hauteur de la pente de la chaussée godronnée.
Pour preuve, il a donné quelques exemples d’accidents qui se sont produits sur ce tronçon. C’est, notamment, celui du 8 Mars 2016, qui a enregistré quatre morts et 18 blessés graves, entre une remorque et un car après celui du 7octobre qui fut aussi sanglant.
Quant à Mohamed Lamine Koné, officier d’état civil à Samè, il souligne que la situation des accidents à Samè est alarmante.
« Cette route est essentiellement accidentogène », a-t-il déclaré d’entrée de jeu avant d’ajouter que plusieurs actions ont été entreprises pour diminuer les accidents. Parmi lesquelles il faut noter les manifestations des jeunes qui ont barré la route empêchant les gros porteurs de stationner aux bords du goudron, des rencontres de hauts niveaux par rapport à la situation, la pose des plaques de signalisation, d’interdiction de stationnement des gros porteurs par l’ANASER.
Cependant, pour lui, ces actions n’ont pas connu d’aboutissement, suite à une décision du gouverneur autorisant le stationnement des gros porteurs au bord des goudrons. Or, le stationnement des gros porteurs des deux côtés du goudron entraine un rétrécissement de la surface utilisable de la voie, occasionnant des embouteillages très compliqués et des accidents souvent graves.
Pour Ibrahim Sissoko président de l’AJDS (l’Association des Jeunes pour le Développement de Samè), la situation se caractérise par le laisser-aller et le laisser-faire. La cause de ces nombreux accidents se situe à quatre niveaux : l’état de la route (très défectueux), le mauvais comportement des conducteurs, la démission totale de l’Etat, l’irresponsabilité de la population pour ne pas préserver sa propre sécurité. Pour M. Sissoko il est difficile de comprendre que des conducteurs venant du Sénégal ne fassent pas d’accident qu’à l’entrée de la ville de Bamako, d’où l’expression d’un manque de respect au code de la route. Pour lui, les 8/10ème des accidents qui se font sur ce tronçon sont occasionnés, pour la plupart, par des conducteurs étrangers ; ce qui explique leur méconnaissance du tracé de la ville de Bamako. Donc selon lui, il faut que le syndicat des conducteurs des gros porters mette en place une équipe de chauffeurs, juste à l’entrée de la ville pour épauler leurs camarades étrangers qui ne maitrisent pas cette partie du trajet. Il demande aussi que l’Etat accélère son projet portant sur l’aménagement vers le poste de péage à Kati, un endroit de stationnement et de déchargement des gros porteurs.
En attendant, force est de reconnaître que le tronçon Kati Bamako devient de plus en plus la voie la plus courte pour rallier l’autre monde, un voyage sans retour.
Par Moïse Keïta LE SURSAUT | lecombat.fr

Djibril Coulibaly

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