jeudi 28 mars 2024
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L’Honorable Mahamadou Hawa Gassama Diaby «Il faut le dire : le vieux n’a pas pu gérer son pays tout simplement»

LE COMBAT : Honorable Gassama Diaby, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Gassama : Avant de commencer, en tant que musulman, je prie le Bon Dieu pour la stabilité du pays.

Je suis l’Honorable Gassama, Député à l’Assemblée Nationale, élu du cercle de Yélémani, ma ville natale. « Al hamdouloulayi », je suis à mon quatrième mandat, élu Député depuis 23 ans pour représenter la Nation. Aussi, je remercie le Grand Dieu de m’avoir donné une santé de fer.

Je peux me permettre de dire que je suis unique, à l’Hémicycle du Mali démocratique, de faire successivement quatre mandats. En tout cas, cela n’est pas donné à tous les Députés.

Honorable Mahamadou Hawa Gassama, dans notre capitale, le phénomène d’insécurité ne fait que de grandir. Selon vous, qu’est ce expliquerait cela ?

Le Mali se repose sur trois piliers. Le gouvernement, l’Assemblée nationale avec ses 147 Députés et la presse nationale.

Si le premier pilier ne peut plus tenir, les deux autres ; c’est-à-dire, l’Assemblé nationale et la presse peuvent continuer à jouer leur rôle de support. Et quand l’Assemblée aussi s’incline, la presse reste alors le seul soutien, le seul rempart de la nation. Quoi qu’il en soit, je ne souhaite pas voir la presse malienne en déclin ; car, c’est elle seule qui nous guide vers la lumière en ouvrant nos yeux dans l’obscurité  et « Allah Ka na tô Aw kunafuni dibagaw ka djegné».

Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous inquiéter. Car, même les morts dans leurs tombes vous diront que ça ne va pas dans ce pays…

A vrai dire, ça ne va pas du tout. La sécurité est nulle. Il est vrai que nous sommes de l’opposition, mais le bonheur du Mali nous engage tous. Si le pays est stable, c’est dans l’intérêt de tout un chacun. Dans le cas contraire, c’est aussi nous tous qui en pâtirons.

Nous sommes de l’opposition républicaine, mais du bon côté. Car, il se trouve, malheureusement, parfois des gens se réclamant de l’opposition et qui sont néfastes pour le pays. Ils font des casses, brûlent des pneus et ces actes dégradent forcément la ville. Par contre, nous, les gens de Soumaïla Cissé, de Modibo Sidibé et autres, nous sommes des bons citoyens, des vrais fils du pays.

L’insécurité est devenue incontestable. Ça ne se passe plus dans les campagnes, le long de nos frontières, sur les axes routiers, nuit et jour, dans les grandes villes comme dans les campagnes où l’on ne déplore des cas de victimes de fusillades, d’attentats meurtriers, etc.

Alors, nous ne savons plus à quel saint se vouer. Quant il y a l’insécurité partout dans le pays où pourrons aller ou qui pourra venir chez nous?

Prenons le cas de l’attaque récente de la Banque ECOBANK. Comment pourrons-nous expliquer cette agression alors que l’on possède la police la gendarmerie et la garde nationales.

Cet homme a été agressé et dépossédé de son argent en plein jour. Et jusqu’à présent nous n’avons aucune information rassurante sur ces individus. Ils se sont volatilisés tranquillement dans la nature. Croyez-vous que si on était doté d’une police compétente, cela pourrait-il nous arriver ?

Ces bandits ont sans doute des complices dans l’agence. On doit faire une enquête dans cette direction ; car, ce n’est pas normal.

L’insécurité au Mali nous dépasse aujourd’hui. La bonne question est de savoir qui est comptable de ce désordre. Je pense que le gouvernement et le Chef de l’Etat doivent s’exprimer sur le sujet.

Quand son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta a été élu en 2013 le Peuple n’espérait pas voir des écoles, des hôpitaux construits, mais, au moins, tout le monde pensait qu’il allait pouvoir être en mesure d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Tous les Maliens croyaient fermement qu’IBK va faire sortir le Mali du pétrin. Les 77% qui ont voté pour lui pensaient que les problèmes du nord seraient vite réglés. Voici la raison pour laquelle IBK avait été élu par le Peuple. Mais, paradoxalement, c’est cet homme qui nous parle aujourd’hui de l’insécurité.

Il est vrai qu’avant IBK, le problème du Nord existait, mais cela n’avait jamais atteint ce seuil de gravité.

En un mot, le vieux n’a pas pu gérer son pays tout simplement. Il faut le dire !

A un moment donné, il parlait de la signature de l’accord, nous, les opposants, on voulait la prudence et nous avons demandé de nous laisser le temps d’étudier le contenu. Et quand nous l’accepterons, au moins nous allons pouvoir dire que nous avons la conscience tranquille.

Mais, le gouvernement dans sa logique, disait que si l’accord est signé, il n’y aura plus de sang qui coule.

Une conception qui n’a pas été au rendez-vous.

Tout récemment, l’attaque de Sanankoroba et le lendemain celle d’une Banque de la place démontrent que l’accord n’a pas changé grand-chose.

Ce qui est évident, c’est que les Maliens ne sont ni fous, ni idiots et moins être aveugles.

Je crois bien que nous avons des militaires. Mais force est de constater que tout le Budget de l’Etat s’envole vers le nord sous prétexte que c’est pour nous protéger. Malgré ça, rien n’a changé. Cela veut dire que ça ne va pas. Je me demande si les membres du gouvernement jouent leur rôle ? C’est la question à se poser objectivement.

Voilà la raison qui fait que nous sommes de l’opposition.

On n’aurait pas dû signer l’accord ; car, tout n’est que « du ping-pong». Que se soient les Maliens du sud ou ceux du nord, nombreux sont ce qui ne voulaient pas de cette signature d’accord de paix.

Je vous dis : « A 20 heures, allez-y au cimetière de Niaréla, mettez votre oreille contre les murs, vous entendrez les chuchotements des morts qui vous disent : « ça ne va pas au Mali, ça ne va pas au Mali… ».

En tant qu’Elu du Peuple, quelles seront, selon vous, les mesures à prendre pour lutter contre ce fléau ?

L vraie source du problème est la pauvreté. Car, si tu es pauvre, tu perds ta dignité, tu deviens quelqu’un d’autre sans personnalité.

L’époque où j’étais Etudiant coranique, la seule maison close à Bamako était à Médina-Coura « chez Diarra N°2 ». Avant, les gens avaient peur du Bon DIEU ; mais tout ça c’est derrière nous. Actuellement, il y a tellement de bars, de maquis, de chambres de passe que l’on ne sait plus quoi faire.

Vers 19 heures, quand vous prenez la route de Djélibougou-Doumanzana, vous verrez des grandes dames qui s’arrêtent au bord de la route pour se vendre aux hommes. C’est à cause de la pauvreté et du chômage grandissant dans le pays.

Qu’est ce que vous voulez ? Si les gens n’ont pas à manger, ils peuvent aller à l’extrême voire prendre des armes pour braquer les honnêtes citoyens. Aujourd’hui, les gens n’ont plus d’argent. L’économie est en berne.

Honorable Gassama, pourquoi pensez-vous qu’il n’y a plus d’argent au Mali?

Je suis membre de la commission des finances et économie ici à l’Assemblée Nationale. Etant au nombre de 147 Député, chaque Député peut faire deux choix ;   c’est-à-dire, deux commissions, moi j’ai choisi en premier la commission des finances et de l’économie.

Pourquoi vous avez choisi les finances?

Juste pour connaitre la façon dont on gère l’argent public. Mais le constat est amer, notre argent est gaspillé à tous les niveaux.

Entre 2013 et 2014, le Vérificateur Général a annoncé une sortie de 153 milliards de francs CFA. Et quand nous demandons des comptes au Président, pour toute réponse, il nous fait savoir que l’argent a été versé. Pas plus. « Lahawoula, walakouati, illa bilahil azim… ». Cela est plus que grave, si un Chef de famille se permet de dire « qu’il ne fait que de verser l’argent du foyer » mais sans aucun justificatif ni preuve.

Un autre problème se pose. Les jeunes qui se débrouillent pour faire vivre leurs familles ont été déguerpis par le gouvernement. Mais, pourtant ce sont les mêmes jeunes qui ont fait d’IBK ce qu’il est aujourd’hui. Je cite les taxi-motos, les étalages, etc. Cela, sous prétexte que c’est pour rendre propre la ville de Bamako. Cependant, cela a donné l’effet contraire. La capitale n’a jamais été plus sale qu’actuellement. Aussi, ce geste a grossi les rangs des chômeurs ; aussi n’oublions pas ces 500 jeunes recrutés puis laissés pour compte par la Fonction publique. En un mot, tout le monde a une plaie et tous les Maliens ont regretté d’avoir voté IBK. En tout cas, pour moi, c’est clair, je n’ai pas voté IBK. Ceux qui l’ont fait, ont été bien servis.

Donc, ces jeunes pauvres et affamés font des braquages et autres… Une des causes de l’insécurité.

La propriété ne se fait pas du jour au lendemain. Ce n’est pas parce que le Sommet France-Afrique sera ici à Bamako qu’on fait à la hâte le ménage afin que la ville devienne propre aux yeux de François Hollande.

L’insécurité n’est pas la seule préoccupation. Il faut aussi souligner les ordures qui sont éparpillées dans les quatre coins de la ville de Bamako et qui rendent malades tous ses habitants.

Selon vous, qu’est ce qu’IBK a fait de positif ?

Un jour, un vieux de Koutiala sur la radio Renouveau EFM, raconte : «La seule bonne chose qu’IBK a accompli est l’arrestation d’Aya Sanogho ». Je lui ai répondu : « Hein ! le même Aya qui a donné un coup de main à IBK ?».

Pour bien diriger un pays en difficulté comme le nôtre, il faut impérativement passer par un consensus. Or, IBK ne veut pas partager le pouvoir.

Avant, moi Gassama, j’étais un de ses meilleurs amis. Mais, il suffit de lui dire la vérité pour qu’il te lâche. Le jour où il acceptera de tendre la main aux autres, nous trouverons ensemble la solution.

On a annoncé pour le 20 novembre prochain les élections communales. C’est une autre manche de guerre. Selon l’adage : « Quand on se rempli la bouche de couscous sec et que l’on ne trouve pas de l’eau pour le faire passer par la gorge, ça pourrait provoquer une suffocation ». Nous savons tous que ces élections ont été reportées trois fois. Mais, est-ce que la quatrième sera la bonne ?

Pour conclure

IBK se prépare pour la campagne présidentielle de 2018. C’est aux Maliens de faire en sorte que ce qui s’est passé avec le « Kankélintigui » ne se répète pas une deuxième fois.

Les conditions sont-elles remplies ? A mon avis non. C’est plutôt pire qu’avant. Kidal, Tombouctou, Gao, Ménaka, Taoudéni et autres feront comment ?

Il parait qu’à Goundam, il suffit de s’éloigner de la ville d’au moins 1km pour être tué. Est-ce qu’on n’est pas sur le chemin d’une séparation. En tout cas, deux choses ont été dites dans l’accord : le retour des réfugiés et les élections sur toute l’étendue du territoire national du Mali.

Dans ce cas, si les élections ne se déroulent pas au nord, ils seront comptables de la division du pays.

Moi, Gassama, si j’étais nordiste, j’allais dire qu’ils nous ont écartés

Propos recueillis par Zénébou Maïga et Korotoumou Diamoutené, Stagiaires

COULIBALY

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