Depuis son élection, il y a quatre ans, c’est la première fois que le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, se rend à Kayes, accompagné d’un fort contingent de la presse publique et privée. L’effet de communication n’est plus à démontrer. À quelques mois de la présidentielle de 2018, IBK met les bouchées doubles pour s’assurer un second bail à Koulouba. Et cela passe par des actions d’éclats qui, jusqu’ici, n’avaient pas été réalisées.
Les 16 et 17 octobre derniers, le locataire de Koulouba, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta s’est rendu dans la cité des rails du Mali. Il y était officiellement dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation et de la femme rurale. Mais, on le sait, depuis peu, IBK, dans l’objectif de la présidentielle de 2018, s’est comme réveillé d’un long sommeil. Et, pour cause, il entreprend des grands travaux axés sur des cérémonies officielles de lancement des projets et d’inauguration des infrastructures dont les premières pierres pour la plupart ont été posées sous le régime d’ATT. Si IBK s’est subitement érigé en Hercule pour s’imposer la réalisation de grands travaux pour le développement du Mali, il faut dire que ses actes ne sont pas posés de façon irréfléchie. Ils répondent à une stratégie de maillage des zones électorales.
Après Mopti et Sikasso, il s’est rendu à Ségou au mois de mai dernier. Et cela après avoir comptabilisé plus de 80 voyages hors du Mali. Ce qui lui a valu d’ailleurs le sobriquet peu flatteur de « Magellan ». Zone d’Agriculture et d’élevage par excellence, le Président de la République, comme s’il était toujours en campagnes électorales, y a fait des promesses. Encore des promesses. Dans la Région, il avait inauguré les centrales solaires à Tominian et visité les centres de formations professionnelles. Après un temps de pause durant laquelle il a effectué pas moins de 15 déplacements à l’extérieur du pays, IBK a repris «sa campagne». Cette fois, c’était pour goudronner certaines routes. Le premier lancement des travaux a eu lieu à Banconi. Ici, une route de 56 Km reliant ce quartier à Nossombougou va voir le jour. Il y a eu ensuite les lancements des routes Kangaba- Dioulafoundou (frontière du Mali avec la Guinée); la route Kayes-Sadiola- Kéniéba ; Yanfolila-Kalana et, enfin, la voie Barouéli-Tamani. Ces cinq projets dits « prioritaires » sont d’une longueur totale de 280 Km. Ils sont réalisés dans les Régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou.
En se rendant à Kayes, c’est pour perpétuer cette campagne qu’il a lancée depuis le début de l’année.
En se rendant à Kayes pour poser d’autres actes de campagnes d’ordre électoral, le Président IBK oublie certainement qu’il n’a pas encore honoré l’une de ses promesses phares de campagnes électorales de 2013, tenue dans les enceintes du Stade Makoro Sissoko de Kayes : la création de 20.000 emplois pour les jeunes.
IBK a, certes, été accueilli dans la légendaire hospitalité kayesienne. Mais qu’il ne se fie point aux sons des « doundoun ba» et des «tamans». Car, ces sons mélodieux cachent bien mal les problèmes de fond d’un Peuple meurtri par le désintérêt de ses Dirigeants. Lors de la conférence d’entente nationale, tenue en mars dernier, ici à Bamako, IBK disait que « le train Mali avance ». Il aurait été judicieux qu’il se rende, donc, dans la cité des rails par train pour voir de près la misère dans laquelle vivent les villages qui longent les rails de Mahina à Toukoto, de Tintimba à Kayes.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT