jeudi 28 mars 2024
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Gouvernement : IBK-Modibo Keita : quel cap pour 2017 ?

Samedi 12 novembre 2012. Nous sommes à Kambila, commune rurale dans le cercle de Kati. Ce jour, c’est le lancement officiel de la campagne de vaccination du cheptel. Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita et son premier ministre sont assis côte à côte. De temps en temps, le président se penche vers son Premier ministre pour lui parler, surement des échanges sur des passages des discours prononcés en ces moments par les différents interlocuteurs. Après avoir reçu des mains du maire de Kambila un mémorandum des femmes de la commune, le président se tourne vers son premier ministre et lui remet le document. Le geste illustre le parfait esprit de collaboration qui prévaut entre les deux têtes de l’exécutif malien.

Entre le président IBK et son premier ministre, nul doute que la confiance règne. Elle est loin de s’effriter du fait du profond respect que l’un et l’autre se vouent. Si les critiques du PM Keita lui reprochent un certain manque d’action, il n’en demeure pas que le président IBK, lui, privilégie pour le moment la grosse expérience et la grande sagesse de son ancien haut représentant dans les pourparlers intermaliens.
Etant à son deuxième passage à la Primature après la courte expérience de 2002 (il est le seul à ce jour dans l’histoire du Mali), Modibo Keita tente tant bien que mal de tenir l’engagement donné à IBK de l’accompagner, malgré les attaques et les critiques. Si dans certains milieux, l’on cultive les rumeurs permanentes de son départ, l’homme de la cité administrative, lui, ne semble pas s’en émouvoir, car la balle est bien dans le camp du président. Donné partant à plusieurs reprises depuis le début de l’année 2016, il se dit que le chef du Gouvernement a, à plusieurs reprises, demandé à IBK de le libérer pour aller se consacrer à ses petits-enfants et à sa retraite. Mais son petit frère de président IBK lui aurait toujours rétorqué « un peu de patience kôrô !».
L’entente entre les deux hommes est fondée sur le respect mutuel et cela se voit comme tout récemment sur le front du développement, le samedi 12 novembre à Kambila pour la vaccination du cheptel, le jeudi d’avant, dans la nuit, sur le front diplomatique avec le vice-président kenyan, William Ruto, accompagné nuitamment chez IBK par Modibo, ou une semaine avant lors du séjour du Premier ministre algérien. A l’issue d’ailleurs de la 12è grande commission mixte Mali-Algérie, faut-il le rappeler, le Président de la République, avait diné à huis clos, hors de vue, avec les deux Premiers ministres et les deux ministres des affaires étrangères et avait félicité Modibo Keita et le ministre DIOP pour la réussite de la 12è session de la grande commission mixte avec 13 accords décrochés.
Homme de dossier, méthodique, patient, l’homme du Meguétan a confié à plusieurs reprises à ses proches qu’en venant à la tête du Gouvernement, il n’entendait pas y passer plus d’un an, comme cela a été convenu avec le Chef de l’Etat. Mais à la pratique, voilà, il va boucler en janvier prochain ses deux ans. En venant au Gouvernement il entendait surtout s’attaquer à trois défis : faire signer l’accord de paix et de réconciliation et impulser sa mise en œuvre, améliorer la marche de l’administration en rationalisant les méthodes de travail et rétablir l’autorité de l’Etat. Ce troisième défi est le plus redouté par l’ancien ministre de la fonction publique et du travail de Moussa Traoré car il sait que c’est là où se trouvent les 12 travaux d’hercule pour le Gouvernement.
Malgré son âge, Modibo KEITA tente de donner l’exemple car à la différence de plusieurs de ses ministres et de hauts responsables de l’Administration, à son bureau à 7H15 chaque matin et descend à 18H. On se souvient l’an dernier de sa visite inopinée dans certains départements où les ministres n’étaient pas encore arrivés à son passage. Plus récemment, la bonne marche de l’administration lui tenant à cœur, il a fait parler son autorité en instaurant un protocole d’audiences pour ses ministres, leur demandant d’agir chacun à la tête de son département, de prendre des décisions en toute liberté, plutôt que de recourir à chaque fois à lui, lui n’étant qu’arbitre. Selon des indiscrétions, plusieurs ministres ont du mal à s’assumer et à prendre des décisions librement sans se référer à lui. Cette décision a eu du mal à passer, les ministres étant dans l’incapacité de lâcher le Premier ministre qui entend rester uniquement à son niveau de coordination et d’arbitrage.
Les analystes politiques pensaient que le Président allait changer de cap après le congrès du RPM des 22 et 23 octobre passés, mais ils devraient attendre. Visiblement, IBK, qui a aplani les tensions avec son parti à l‘issue dudit congrès, reste fidèle à son plan : ne rien changer avant l’heure. Et pour l’heure, cette heure c’est le sommet Afrique-France en janvier 2017. Ne rien changer avant, tel est son credo. Car en vieux politique, l’homme de Sébénikoro ne veut ni se permettre le luxe de quatre Premiers ministres en trois ans, ni émettre des signaux d’instabilité à la veille de cette grande messe diplomatique qui lui tient à cœur, pour l’honneur et le bonheur diplomatiques du Mali et des maliens. Alors il joue la montre et sur la patience de son actuel premier ministre. IBK et Modibo se sont accordés le cap de 2017 et à coup sûr après le sommet, le président de la République changera le cap, car en ce moment il devrait décider : comment aborder les élections de 2018 et avec quels hommes. Pendant qu’on cherchera cette réponse, Modibo Keita, apolitique, lui voudrait être loin, lorsque le Président trouvera les réponses.
D’ici là, chacun travaille à redresser le Mali.
Abel Sangaré LE SURSAUT

Djibril Coulibaly

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