En annonçant, avant hier mercredi, le report à une date ultérieure du référendum constitutionnel sans pour autant avancer les raisons de cette décision, le régime IBK concède indirectement une descente aux enfers. La contestation populaire ayant fini par prendre le dessus sur la révision constitutionnelle, les tenants de cette initiative se retrouvent à nouveau dans les mauvais draps desquels ils s’étaient fait couvrir en début de mandat. A quelques encablures de la présidentielle de 2018 à laquelle IBK compte bien se présenter, sauf une surprise de dernière minute, c’est l’actuel locataire de Koulouba qui compromet le plus ses chances de réélection pour s’être replongé dans une mauvaise posture.
«Le Conseil des Ministres a décidé du report à une date ultérieure du référendum, initialement prévu pour le 9 juillet 2017 », s’est borné à rapporter le communiqué publié à l’issue du Conseil des Ministres. Aucune autre explication plausible n’a été fournie par les autorités sur les raisons de ce report qui intervient à quelques jours du scrutin. Le comble est que le Gouvernement n’a même pas attendu la décision de la Cour Constitutionnelle qui a été saisie, le 16 juin dernier, d’une requête aux fins de contrôle de constitutionnalité de la loi adoptée par l’Assemblée nationale du pays, le 2 juin 2017, et qui porte sur la révision de la Constitution. On en déduit qu’il s’agit d’une victoire du front du refus. Cependant, ce report sine die aura le mérite d’être un fait assez rare sur le continent africain.
En effet, voir un Président revenir sur un projet de réforme constitutionnelle qu’il porte personnellement n’est pas monnaie courante sous nos cieux. Il y avait eu, dernièrement, le Bénin où le Président Patrice Talon a dû surseoir à un projet de réforme constitutionnelle qu’il a promis avant son élection, mais c’était plutôt le Parlement du pays qui a voté contre. Or, dans le cas malien, IBK a eu l’aval des Députés mais devant la contestation populaire des partis de l’opposition, de la société civile, des organisations professionnelles et autres structures associatives, le report était l’alternative la plus crédible surtout pour maintenir la cohésion sociale dans le pays qui traverse déjà une crise sécuritaire sans précédent.
A moins d’un an de la prochaine présidentielle à laquelle il entend bien participer pour briguer un second mandat, IBK n’a visiblement pas voulu prendre de risques. Au lendemain de la manifestation du 17 juin, le Chef de l’Etat a ouvert une consultation avec les principales personnalités politiques, religieuses et associatives du pays. L’occasion, donc, de tâter le vrai pouls du Peuple.
Pour le moment, le Gouvernement ne parle que de report du référendum sans fixer de date. Toutefois, on imagine mal le scrutin programmé d’ici aux élections de 2018. D’ici là, IBK, qui a épuisé quatre premiers Ministres en moins de cinq ans de règne à Koulouba, est au creux de la vague. Son régime est fortement contesté ces derniers temps avec des manifestations politiques et des séries de grèves à répétition depuis le début de l’année. Pour ne rien arranger, la situation sécuritaire s’est, de nouveau, aggravée avec la multiplication des attaques même au sein de la capitale Bamako et dans les autres Régions frontalières du Niger et du Burkina alors même qu’au Nord l’Etat peine toujours à reprendre le contrôle de certaines zones comme celle de Kidal.
La contestation populaire qui a permis au Président Ibrahim Boubacar Kéïta de mesurer l’ampleur du mécontentement pourrait, donc, lui servir de déclic pour inverser la tendance.
En face, ses opposants, galvanisés par cette marche arrière, vont certainement continuer à tirer sur cette corde pour tenter de barrer la route du second mandat au Mandé Massa.
Katito WADADA : LE COMBAT