jeudi 28 mars 2024
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Mali's President-elect Ibrahim Boubacar Keita poses for a picture after being sworn-in as president in Bamako, Mali, September 4, 2013. REUTERS/Joe Penney (MALI - Tags: POLITICS)

Déjà 100 jours du mandat IBK II : Doit-on encore espérer?

Presque inaperçu, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a atteint, vendredi dernier, ses 100 jours à Koulouba pour son second mandat allant du 4 septembre 2018 au 4 septembre 2023. Concernant son bilan à travers les différents axes de son projet de société que lui-même a nommé « Anw ka Mali bèkatagnè », que doit-on et/ou peut-on dire?

Essoufflé au plain sanitaire et économique, paniqué au plan sociopolitique et sécuritaire, le Président IBK, nouvellement réélu à la tête de notre pays, nous offre, à l’issue de ses 100 premiers jours à Koulouba, un bilan mitigé, voire désespérant. D’échec en échec depuis 2013, la référence politique avec laquelle les Maliens l’avaient sous le Président Alpha Oumar Konaré n’est plus la même. Nommé, pardon réélu à l’issue du dernier scrutin présidentiel d’août 2018 dont les résultats demeurent contestables, le Grand IBK  n’arrive pas à combler les attentes du Peuple  au plan sécuritaire, éducatif, sanitaire, sociopolitique  et économique.  Cet Homme politique bouillant jadis, et qualifié « Sauveur » a fini par plonger ses compatriotes dans un élan de pessimisme total. En tout cas, à l’issue de ces  100 premiers jours de son second mandat, il n’est pas parvenu à  redonner l’espoir aux Maliens, à fortiori, apporter des solutions adéquates aux  grands maux du pays, aux vraies difficultés auxquelles le Mali est confronté au plan sécuritaire et socio-économique. Aussi, depuis sa réélection, le Mali avance à reculons sur le front démocratique et dans le respect des Droits de l’Homme, de la Liberté d’expression et de manifester consacrée par la Constitution malienne en vigueur. Les forces de l’ordre sont utilisées  face à des manifestants pacifiques à Bamako alors que dans les Régions du Centre et du Nord, l’intégrité territoriale est mise en cause par l’ennemi qui y règne en maître absolu. Tout le monde est conscient que, n’eût été la présence dissuasive des troupes françaises et onusiennes, Bamako et tout le reste des Régions du Sud seraient déjà tombés aux mains de ces Djihadistes, terroristes et rebelles touarègues.

Au plan économique et financier, il n’y a pas eu de signes précurseurs pour la relance escomptée.

Sur plan scolaire aussi, la restauration du système éducatif et la réouverture des écoles  n’ont pas pu avoir lieu au cours de ces 100 premiers jours.

Pour la petite Histoire, rappelons qu’après  les deux tours de l’élection présidentielle qui se  sont tenus respectivement les 29 juillet et 12 août derniers, sur fond de formalisme et de contestations populaires sans précédent, Ibrahim Boubacar Kéïta a été investi de nouveau comme Président de la République le 4 septembre dernier par la Cour Suprême à l’exécution de l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle portant proclamation des résultats définitifs du scrutin en question. Des résultats dont le Chef de file de l’opposition Soumaila Cissé et près d’une vingtaine  d’autres candidats qualifient de «honteux et frauduleux » avec des preuves non encore démenties, mais déclarées irrecevables par la Cour Suprême pour des raisons connues de tous. Ayant déjà bouclé ses 100 premiers jours à la tête du pays, quelle évaluation peut-on faire afin d’espérer ou de désespérer de l’avenir de ce Régime ? Car, comme le dit un adage bambara : «Une bonne nuit se présage par son crépuscule».

Au chapitre  de la gouvernance et de la réforme institutionnelle 

Dans le  souci d’améliorer   éventuellement  l’efficacité et  la crédibilité des institutions pour offrir des services de qualité aux populations, le Seigneur de Sebenikoro avait aussi annoncé lors de la campagne présidentielle dernière la  création d’une Cour des Comptes, d’une Cour de Cassation et d’une Cour Administrative Suprême pour le  Renforcement du rôle Législatif et du Contrôle de l’Action Gouvernementale par l’Assemblée Nationale.

Leurre ou lueur d’espoir ? En tout état de cause, Ladji Bourama devrait d’abord faire l’état des lieux des détournements abusifs et des dilapidations des fonds publics révélés par les différents Rapports du Bureau du Vérificateur Général (BVG)  et dont le dernier cas vise l’un des Ministres de son actuel Gouvernement pour la disparition miraculeuse de 3 milliards de nos francs à l’Hôtel des finances dans le cadre d’un soi-disant dédommagement d’un opérateur économique lors de l’éclatement de la  crise multidimensionnelle de 2012 .

En perspective, c’est la PAIX, la SÉCURITÉ, la DÉFENSE, la RÉCONCILIATION NATIONALE ET la  COHÉSION SOCIALE qui arrivent en seconde position  dans le programme d’urgences présidentielles d’IBK qui  avait pourtant, encore, promis d’y faire face. Pour ce faire, il avait annoncé d’accorder  une priorité à la pérennisation de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM),  la Loi de Programmation sur la Sécurité Intérieure (LPSI) et à la mise en œuvre effective de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé les 15 mai et 20 juin 2015. Également, il avait promis la prévention et la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes à travers des stratégies et actions concrètes contre le terrorisme. Mais, sauf si l’on refuse de voir au clair ce que l’aveugle peut voir la nuit, la réalité  du terrain prouve à suffisance que le bout du tunnel au retour de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays est encore loin de nous. Moussa Mara, un de ses anciens Premiers Ministres, a déclaré le mois dernier, dans une de ses sorties médiatiques sur l’affaire du fameux projet de découpage administratif, que l’Accord d’Alger signé depuis 2015 qui est censé être la porte  de sortie de la crise sécuritaire n’est, jusque-là, qu’à 30% d’exécution. Ce qui impose une nécessaire révision du plan de lutte. Aussi, à Bamako, dans la capitale, bien que dans presque toutes les autres  Régions administratives, précisément dans le Centre du pays, la situation sécuritaire devient de plus en plus préoccupante. Partout, et à longueur de journée, ce sont des déplorables cas de braquages, d’attaques et de rapts d’individus récurrents qui font et continuent de faire des victimes en cascade. Rien que ce mois de décembre, plus de 75 civils ont été froidement tués dans les Régions du Centre. Et, plus de 700 écoles, jusque-là, fermées privant ainsi environ 2 millions d’enfants  de leur droit à l’éducation.

Le Rapport trimestriel de l’ONU et celui de FIDH-AMADH  n’en disent pas le contraire même si l’éventuelle mort d’Amadou Kouffa est citée par certains rats de Sebenikoro comme  glorieuse. L’État, au plan sécuritaire, a cautionné la multiplication des comités de veille à Bamako et des milices d’autodéfense criminels dans les Régions du Centre (Ségou et Mopti).

Aux termes de la  promotion d’une croissance économique inclusive

Pour le développement des politiques économiques et sociales adéquates et coordonnées, IBK se disait favorable à la poursuite de la construction d’une économie émergente, à travers des réformes axées sur la stabilité du cadre macroéconomique, la bonne tenue des finances publiques, la valorisation de nos ressources agricoles et minières, la faible diversification de l’offre exportable, le privilège à la promotion des filières à forte potentialité d’exportation ou de substitution, l’assainissement et la relance du secteur de la microfinance, la promotion de l’emploi en milieu urbain et rural, la formation professionnelle des jeunes et des femmes, la réduction des disparités de niveau du développement des régions, les disparités intra et inter spatiales de développement ainsi que des réformes institutionnelles nécessaires pour soutenir la transformation structurelle de notre économie tout en donnant un élan au  vaste chantier du désenclavement intérieur et extérieur du pays. Plus encore, le renforcement et la réhabilitation des infrastructures et des équipements. Des propositions dont les Maliens attendent avec impatience les résultats escomptés. Mais, à l’issue de ces 100 premiers jours, rien n’augure des lendemains meilleurs.   Pour l’instant, c’est la flambée des prix qui prévaut avec la vie chère à travers la hausse spectaculaire des prix des denrées, l’état  désastreux des routes, les grèves incessantes…

Outre le cas  des retraités de 2017 qui sont à  12 mois sans leurs indemnités de départ, les travailleurs du chemin de fer ont commencé depuis le mercredi dernier une grève de la faim pour réclamer leurs 9 mois d’arriérés et l’UNTM vient d’annoncer son programme de grèves pour l’année 2019 en vue. La sècheresse financière qui a cautionné l’arrêt de la distribution  des carburants aux véhicules de la présidence, etc.

Aux termes du  développement du capital humain et inclusion sociale

Dans son volet éducatif, IBK avait également promis une amélioration de la Gouvernance du système éducatif des conditions de gestion administrative et pédagogique de l’enseignement. Ce, à travers la  mise en place des infrastructures adéquates pour l’éducation non formelle, l’éducation préscolaire et spéciale et les cantines scolaires, construction, réhabilitation, recrutement massif, formation des maitres et renforcement de leurs capacités pour un meilleur suivi des écoles privées, intégration et encadrement spécifique des effectifs marginalisés ou exclus du système éducatif. Bref, une restructuration profonde de l’école malienne. Mais, contre toute attente,  c’est un projet  d’insertion dans les programmes scolaires une matière sur la sexualité qui est annoncé depuis Ségou. Ce qui servira d’occasion pour le Haut Conseil Islamique et le Gouvernement d’entretenir des polémiques par médias interposés.

La loi dite d’entente nationale sévèrement contestée par une soixantaine d’associations de défense droite de l’Homme n’a pas fait belle-lune pour son contenu promoteur d’impunité et de violences.

Les Maliens doivent-ils continuer à rêver debout ? 

En tout cas, au-delà de la détérioration  de l’environnement sécuritaire, socio-économique, éducatif ; c’est la répression des manifestations et le grossissement du parti de l’actuel premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga qui sont des faits marquants. Quand à Boua national, lui-même, il brille par son absence forcée par les maladies sur fond de soucis et de regrets d’avoir consciencieusement échoué au plan politique. Néanmoins, il continue sa vie de pacha dans les grandes suites du monde, ce qui est constatable.

Seydou Konaté : LE COMBAT

Rédaction

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