L’un des plus grands centres de réflexions du monde ‘’International Crisis Group’’ a rendu public, hier, mardi 28 mai,son 276eRapport sur les pays africains. Dans cette édition consacrée à l’insurrection djihadiste dans zones du Centre, le Groupe de réflexion sur les crises dans le monde a appelé le Gouvernement malien à mandaterlesChefsreligieuxpourtesterlapossibilitédepourparlersavecles Hommes armés, envisantd’abordlescessez-le-feu locauxetd’autresmoyensd’atténuerlessouffrancesdescivilsavantd’enélargirlaportée. En un mot : une reconnaissance au projet de Bons Offices de l’ancien PM, Abdoulaye IdrissaMaïga, mais qui fut déchiré et jeté dans la poubelle par le tigre ; pardon le Hérisson Soumeylou Boubèye Maïga, dès sa nomination à la tête de la Primature, fin décembre 2017.
La guerredansleCentreduMaliesttoujours dansl’impasse, la nation n’ayantpasréussiàvaincrelesinsurgésdjihadistesparlaforceest absente sur une grande partie du territoire national. L’insurrectionetlesopérationsmilitairescontreelleontexacerbélaviolenceintercommunautaire. Le dialogue entre l’Exécutif central et les groupes armés non signataires de l’Accord de paix, si toutefois il aurait eu lieu, atténuera les tensions ? En tout cas, tout comme la conférence d’entente nationale et le forum de la mission des Bons offices de 2017, les Experts notent dans ce Rapport de 42 pages (dont votre Rédaction possède une copie) la nécessité de rentier le projet de dialogue avec les Djihadistes. « L’EtatmaliendevraitmandaterlesChefsreligieuxpourtesterlapossibilitédepourparlersaveclesmilitants, envisantpotentiellementd’abordlescessez-le-feu locauxetd’autresmoyensd’atténuerlessouffrancesdescivilsavant d’enélargirlaportée. IldevraitégalementparrainerundialoguepluslargeentrelesMaliensduCentre, ycomprislessympathisantsdjihadistes, surlesgriefsàl’originedel’insurrection », lit-on dans le document.
Une nécessaire révision de la politique de sécurisation
Comme nous l’avions toujours ici au COMBAT, au plan sécuritaire, la stratégie de l’ancien Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga visantàvaincrel’insurrectiondjihadistedont celle de la KatibaMacinadansleCentreduMaliétaiterronée et improductive. D’où l’impassesignalée par les Rédacteurs du Rapport. C’est avec Boubèye que les conflits alimentantles violences intercommunautaires dans notre pays sont devenues deplus en plusmeurtrières. C’est danscetteoptique, selon le Rapport, que les MaliensappellentleGouvernementàengagerlesmilitantsdansunvéritable dialogue. Même si lesobstaclesàdetelspourparlerssontsérieux. Ce, vu que lesexigencesdelaKatibaMacinasemblentlaisserpeu deplaceauxaccommodementsayant desliensavecdesmilitantsliésàAl-Qaïda.
En second lieu, l’idéedudialoguegénèreaussi unerésistanceau sein des puissancesétrangères. «LesHabitantsduCentreduMali, lesGroupesd’aideetleséruditsreligieuxengagentfréquemmentleGroupepourdiscuterdescompromislocaux, del’accèshumanitaireetdeladoctrinereligieuse, révélantaumoinsuncertainpragmatismechez lesmilitants. Comptetenu desperspectiveslointainesdevaincremilitairementlaKatibaMacina, lesautoritésmaliennesdevraientdonnerauxChefsreligieuxlesmoyensd’explorerdespourparlersinitiauxavecleursDirigeantstoutenrecherchantundialoguepluslargeentrelesMaliensduCentre, ycomprisceuxquisympathisentavecl’insurrection »,note-t-on dans le Rapport avant de soutenir que, malgrécesdéfis, desResponsablesmaliensontconclu desAccordsconcernantlalibérationd’otagesces dernières années. «LesDirigeantscommunaux, lesorganisationsd’aide, ycomprislesgroupesoccidentauxetleséruditsreligieuxontdiscutéavecleGroupelocaledel’accèshumanitaireauxzonessoussoncontrôleetdelajustessedesondiscours » mais que «cescontactsontété,pourlaplupartlocauxetlimitésdansleursobjectifs;jusqu’àprésent, ilsn’ontpascherchéàinstaurerdescessez-le-feu oud’autresmoyensderéduirelesviolencesetencoremoinsàinstaurerlapaix. Mais,ilsontrévéléuncertainpragmatismechezlesmilitantsdeKatibaMacina, suggérantquemêmes si, à l’époque, les chancesdesuccès de cet élan de négociation s’avèrent minces, ledialogueavecleGroupevautlapeined’êtreessayé ».
Comment procéder ?
Lapremièreétape passe, selon les Experts, par une sorte d’autonomisationdeséruditsislamiques, ycompristroispersonnalitésreligieusesqueKatibaMacina, leleaderKoufalui-même, aditqu’ilseraitdisposéàrencontrer. LeséruditspourraientchercheràengagerledialogueavecKoufaou,dumoins,avecsesproches, dansunpremiertempspeut-êtrepourexplorerlesvoies et moyensderéduirelesdommagescivils, parexemplepar descessez-le-feu locaux. Ilspourraientégalementdiscuteravec les fonctionnaires, enparticulierceuxquifournissentdesservicescommel’éducationetlasantéquelesrésidentsveulent, dansleszonessouscontrôledes djihadistes. Ilspourraientensuiteêtreenmesuredetravaillersurdespropositionsderéformepolitiqueetreligieuseoud’ouvriruncanalparlequelles Responsablespourraients’entreteniraveclesDirigeantsmilitants ».
Ensecondlieu, c’est relatif à undialogueintracommunautaire plusglobalentrelesMaliensduCentrevisantàétablirunecompréhensioncommunedescausesdelaviolenceetdesmoyensd’yfaireface. Cedialoguen’incluraitpasnécessairementlesdjihadisteseux-mêmes, maisildevraitimpliquerdesgroupesquionteutendanceàlessoutenir, notammentlesélèvesduCoranetlesPeulhsnomades. Comptetenu delafaiblessede la chroniquedel’ÉtatdansleCentreduMali, ledialoguedevraitégalement examinerlesconséquencesdesonretour dansla Région, notammententermesderégulationdel’accèsauxressourcesnaturelles, derétablissementdelasécuritéetdelajusticelocales, dedélégationdespouvoirs, dereprésentationpolitiqueetd’améliorationdel’éducationtantfrancophonequecoranique. «UnepremièreétapeconsisteraitpourlePrésidentmalienàréhabiliter unEnvoyéàexplorercommentunteldialoguepourraitêtreorganiséàlasuitedel’effondrementdesinstitutionsdel’ÉtatdanscertainespartiesduCentreduMali », expliquent les Experts.
Toujours selon le document, lapoursuitedecesoptionsnesignifieraitpaslafindesopérationsmilitaires. Le dialoguedoits’inscrire dans le cadred’unplanglobalpourleCentreduMaliimpliquantdespressionsmilitaires, l’aideaudéveloppementetdeseffortspourdésarmerlesmilicesd’autodéfenseetlesterroristes. Maisunetelleapprocheimpliqueraitunchangementdecap, laforceétantutiliséeparrapport auxeffortspouramenerlesDirigeantsdeKatibaMacinaàlatable, plutôtquedansl’espoirfutileprobabledevaincrelemouvementsurlechampdebataille.
Ainsi, compte tenu de la faille de la réponsemilitaireque la France avait voulu apporter un soutien aux Hommes armés sous le programme gouvernemental de l’ex PM Soumeylou Boubèye Maïga pourfairefaceàl’insurrectiondjihadistedansleCentreetleNorddupays, l’urgence de la mise en place d’uneapprochequiassociecesopérationsauxeffortsdedialoguepourrait, selon le Rapport, aideràcontournerl’impasseactuelleetouvrirdesnouvellespossibilitésderéduirelaviolencesetdefaireprogresserle climat de paix. «Leterrorismedoitêtrecombattumilitairement,maislescausesduterrorismedoiventêtretraitéesparlabonneGouvernanceetledéveloppement » conclurent les auteurs du Rapport.
Seydou Konaté LE COMBAT