Aux côtés de ses homologues, le Chef de l’État malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, a pris part au Sommet de l’Union Africaine, organisé pour la première fois en Mauritanie. Dans une interview qu’il a bien voulu accorder à nos confrères de France 24, il aborde les questions du terrorisme, du G5 Sahel et de son financement, de l’élection présidentielle et de sa candidature.
Il va s’en dire que le Président IBK a été le plus sollicité au cours du Sommet de l’UA tenu à Nouakchott. Il s’y rendait après avoir vécu dans son pays deux attentats terroristes qui ont fait de nombreuses victimes dont des civils. Dans l’entretien accordé à la Chaine de télévision française, le Chef de l’État malien, Chef Suprême des Armées du Mali, fera savoir que ce qui vient de se passer au Mali n’est pas un nouveau phénomène qui s’installe. Selon lui, l’État malien, avec le concours des forces armées, fait de son possible pour faire face à une guerre asymétrique qui s’avère même difficile pour les pays les plus équipés. Il a profité d’une question du journaliste qui, citant des Rapports de l’ONU, met en cause les forces armées maliennes dans des violations des Droits de l’Homme pour dire tout ce qu’il pensait de ces Rapports. «Ce n’est pas vrai de dire que les forces armées maliennes violent les Droits de l’Homme. L’Armée mène ses actions dans un souci rigoureux des Droits humains et même ceux des personnes soupçonnées de terrorisme», dira-t-il. Il précise aussi que les cas avérés de violation de Droits de l’Homme par les forces armées sont sanctionnés.
Actualité oblige, il s’est épanché sur la force conjointe du G5 Sahel et de son fonctionnement. Selon IBK, il est aujourd’hui inadmissible que cinq pays (Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Burkina Faso) engagés dans une lutte à valeur « universelle » ne bénéficient pas de l’appui nécessaire pour venir à bout du terrorisme dans le Sahel. Et à IBK de prévenir « si les barrières du Sahel tombent, les rives de la Méditerranée seront débordées ». Une façon pour lui de dire qu’une fois que les terroristes auront mis le Sahel sous leur coupe réglée ils vont déferler sur l’Europe. Il trouve inconcevable que l’on puisse trouver les 423 « malheureux » millions nécessaires au financement de cette force quand au même moment une seule journée de bombardement dans certaines zones coûte le milliard de dollars.
Par rapport au véto des USA qui refuse que l’ONU apporte son soutien financier à la force G5, le Président IBK espère qu’il comprendra très vite les enjeux et acceptera enfin que le G5 bénéficie des sous de l’ONU.
À moins d’un mois de la présidentielle et avec une recrudescence des violences, IBK reste confiant quant à la tenue de la présidentielle à bonne date. Il n’y a, selon lui, pas de raison que cette élection ne se tienne pas tant que les conditions sont réunies.
Par rapport à la question du Centre, il y voit clairement des complots fomentés dans le seul but de faire échouer les élections. Selon lui, il ne saurait y avoir de conflits dit de peulhs contre d’autres communautés ; car, au Mali tout le monde est « métissé ». Les communautés s’interpénètrent. S’il y a bien une chose qui irrita de plus la colère du Chef de l’État, c’est bien ces affirmations faisant croire que c’est l’État qui arme les « Dozos ». Il invite à la lucidité et à ne pas tomber dans les pièges de ceux-là qui œuvrent à ce que ces élections n’aient pas lieu.
IBK, le candidat à sa propre succession, se dit serein. La raison ? Il bénéficie de l’appui d’un « grand » parti qu’est l’ADEMA. Ce qui, selon lui, n’était pas le cas en 2013. En plus de cela, il croit en son bilan que les «Maliens sauront apprécier », même s’il admet que tout n’a pas été « facile ».
Et comme à son habitude, il termine l’entretien par une mise en garde à l’endroit de ses adversaires «que ceux qui s’exhibent réfléchissent beaucoup». Sacré IBK !
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT