La loi n° 2015-052 adoptée par l’Assemblée Nationale, le 12 novembre 2015, celle-là qui marque la volonté de notre pays de renforcer la présence des femmes dans les sphères de prise de décisions, trouvant sur son passage les difficultés de tous ordres pour être constatable, les femmes ainsi que les décideurs maliens semblent résolus à faire des communales du 20 novembre prochain une occasion pour relever le défi de la politique genre. Si la mobilisation au sein des différents états-majors des partis politiques n’est pas celle des grands jours, force est de constater, tout de même, que les femmes sont plus sur la sellette que les hommes et ce, depuis les préparatifs jusqu’à l’entame de la campagne électorale, le 4 novembre dernier.
Les hommes politiques seraient-ils en train d’afficher ainsi un désintérêt pour les postes aux mairies ? A priori, on est tenté de répondre par la négative quand on sait que, dans l’Histoire de ce pays, le cota hommes a toujours pris le dessus sur la présence féminine parmi les autorités municipales. On en déduit donc que l’engagement notoire dont les femmes font preuve ces derniers temps dans la politique malienne traduit leur détermination à aller vers une société égalitaire. Loin d’être laissées seules dans ce combat, elles jouissent de l’accompagnement aussi bien des partenaires de développement démocratique que des plus hautes autorités nationales.
C’est ainsi que depuis les lendemains des législatives de 2013 qui ont accouché un résultat de 14 Députés femmes sur les 147 que compte l’Assemblée Nationale, l’Institut National Démocratique (NDI) ainsi que la MINUSMA, pour ne citer que ceux-là, n’ont cessé de prendre des initiatives allant dans le sens d’une meilleure participation féminine en politique et dans la vie publique de la nation malienne. Ces partenaires du Mali n’ont nullement tenu compte de nombreux reports que ces communales ont eu à subir pour diminuer d’ardeur dans leur élan. Le NDI a, pour sa part, tenu ferme dans sa logique d’appui technique et financier aux organisations féminines ; surtout, notamment, le Réseau des Femmes Parlementaires (REFEP). A travers de nombreux ateliers, foras, forums, retraites, etc., la version malienne de l’institut américain en charge du développement démocratique en Afrique veut hisser très haut la loi genre par le truchement de ces élections communales. Sa dernière velléité date du 29 octobre dernier où, à l’occasion d’un forum ayant pour thème central «Femmes et participation politique et publique au Mali », il a mis les femmes politiques en ordre de bataille pour le 20 novembre. L’examen des meilleures stratégies d’opérationnalisation de la loi sur le genre dans le domaine des élections et dans le domaine des postes nominatifs, le développement des stratégies pour soutenir les femmes candidates aux élections communales, ayant fait l’objet de renforcement des capacités lors de ce forum dit public de l’Assemblée Nationale, les femmes politiques y ont été plus que outillées pour tenir cette fois-ci la dragée haute aux hommes candidats. La balle est désormais dans leur camp.
Même son de cloche du côté de la MINUSMA qui, à travers son unité Genre, a initié du 2 au 4 novembre dernier un atelier de formation à l’intention des femmes candidates aux élections communales dans le District de Bamako. Décidément, tout pour les femmes et rien pour les hommes laissés à leur propre compte ! est-on tenté de dire par ces temps où toutes les attentions semblent être focalisées sur le genre en vue d’une percée remarquable le 20 novembre prochain. Pour preuve, lors de cet atelier de la mission onusienne, il a été question d’expliquer aux candidates le cadre juridique applicable aux élections au Mali, de passer en revue les risques possibles qui pourraient engendrer des conflits et des violences avant, pendant et après les élections, et surtout d’échanger avec elles sur les enjeux des élections communales et l’importance d’une participation massive des femme au processus électoral. Autant dire que les femmes politiques maliennes sont suffisamment aguerries et attendues, par ricochet, au tournant de ces communales. Tous les ingrédients semblent visiblement réunis pour que ces élections soient gravées dans l’Histoire de la politique féminine du Mali. Et en cerise sur gâteau à ces femmes, c’est le Chef de l’Etat en personne qui est monté au créneau pour apporter sa pierre à l’édifice de la politique genre. Avec un agneau sacrificiel de 300 millions de nos francs offert aux femmes candidates (toutes sensibilités politiques confondues), le Président IBK a corroboré tous les efforts consentis par les uns et les autres. Il reste seulement à prier pour la tenue effective de ces joutes électorales afin d’en jauger les résultats qu’obtiendront ces femmes.
Katito WADADA : LE COMBAT