jeudi 28 mars 2024
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CEN : Le socle de la fraternité loin d’être consolidé

La conférence d’entente nationale, déroulée du 27 mars au 2 avril 2017, s’est terminée sur un goût d’inachevé. Si les Maliens ont pu se retrouver et échanger sur les problèmes qui secouent le pays depuis 2012, la Charte attendue à la fin des travaux n’est pas un acquis, mieux, la conférence censée de trouver un début de solution pour ne pas dire solutionner la question de l’Azawad en a été incapable. Le centre en proie à des conflits intercommunautaires depuis un certain temps n’a pas été au centre des préoccupations.

 

La Conférence d’entente nationale a pris fin le week-end dernier. Le bilan est assez mitigé. Toutes les attentes n’ont pas été comblées même s’il faut noter des bons points engrangés.

Au début de la conférence, le «train» quittait la gare à moitié plein. Il avait été boudé par certains passagers pour diverses raisons. Mais, à son arrivée à «Kita», il était bondé de monde. Et dire qu’il doit continuer jusqu’à «Diboli». Le «train» va certainement se rattacher d’autres wagons pour pouvoir embarquer les passagers à venir nommés «Sages » et «Experts». Pour une des rares fois que les Maliens embarqueront tous dans un «train» au lieu du traditionnel «bateau», ils pourront scruter, depuis leurs sièges, les difficultés que vivent les populations le long des rails jusqu’à Kayes. Ces populations dont on ne parle presque jamais, parce qu’elles ne prennent pas les armes?

Pour revenir à la fameuse Conférence d’entente nationale, elle devait aboutir à l’élaboration d’une Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation nationale. Laquelle charte serait le canevas de toutes les actions pour mener à une paix définitive et durable. L’impréparation de la conférence qui a abouti à ce que les groupes armés et l’opposition boycottent le début des travaux. La tournure prise par les événements au cours de la semaine ne sera finalement plus favorable à l’élaboration de cette charte. Si la conférence a reçu la Coordination des Mouvements de l’Azawad, deux jours après le début des travaux, c’est deux jours avant la fin que l’opposition a fait acte de présence, les réfugiés ont continué à venir jusqu’à la fin.   La dérobade du Président de la conférence Baba Hakim Haïdara qui dira que «la CEN va fournir la matière qui permettra l’élaboration de la charte ; le Président de la République décidera du cadre dans lequel va être élaborée cette charte» n’est nullement conforme aux objectifs qui avaient été fixés à cette conférence. L’un des objectifs de cette conférence était de trouver les voies et moyens pouvant amener les Maliens à s’entendre autour de l’essentiel ; c’est-à-dire, le Mali. Et puisqu’il ne saurait y avoir deux Mali, c’était de mettre un terme au projet «d’Etat» d’Azawad. Sur ce terrain, elle (la conférence) a lamentablement échoué. Au sein des commissions de travail, les participants ont, dans une grande majorité, fait savoir que l’Azawad ne saurait être un Etat encore moins le doter d’un Statut juridique ou politique. Cela a été repris dans les recommandations. Si cela a été, comme l’a dit un interlocuteur, le «diktat de la majorité» face à cette minorité qui réclame le statut politique pour l’Azawad ne démord pas. «Nous ne saurions nullement parler d’entente sans l’atteinte d’un consensus sur le statut de la Région de l’Azawad », a écrit Bilal Ag Chérif, sur son compte twitter, quelques instants après la lecture des recommandations. Dans la salle et sous la barbe du Président de la conférence, un élément de la CMA a réitéré qu’il n’y aura pas de «Paix tant qu’il n’y a pas de Statut politique pour l’Azawad». Des propos qui n’ont aucunement ébranlé le Président de la République qui, dans son discours de clôture des travaux, a réaffirmé que le «Mali est UN et indivisible».

Ces deux grosses mésententes : incapacité de produire une charte et la question de l’Azawad reste des brouillards mais qui ne doivent pas masquer l’éclairci qu’a été la tenue de cette conférence. Malgré les imperfections et les tâtonnements, le simple fait d’avoir tenu cette conférence est salutaire en soi. L’on a senti combien les Maliens avaient besoin de se parler, de se «défouler». Le cadre s’y est prêté. Beaucoup en sont ressortis légers mais aussi avec le sentiment d’avoir dit «leur part de vérité» pour la construction d’un Etat juste et en paix. Une réussite. Mais, il faut consolider cette réussite par résolution diligente des questions de l’élaboration d’une charte qui doit être consensuelle et la résolution de la question du statut de l’Azawad, au risque de perdre cette avancée.

Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

Rédaction

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