Le Gouvernement malien, ayant désormais fait, à tort ou à raison, de la diaspora malienne de l’Europe son ennemi à la suite du compromis qu’il a scellé, le week-end dernier, avec l’Union Européenne au titre d’un accord de réadmission des Ressortissants maliens vivant sur le vieux continent, tente vaille que vaille de se faire blanchir. C’est du moins ce que l’on retient des dernières sorties faites aussi bien par le Ministre porte-parole du Gouvernement que par le Chef de la Diplomatie. Si le premier essaie de dévier le communiqué-accord issu du déplacement de Bert Kondoers dans notre pays, le dimanche dernier, le second feint de jouer à l’innocent via un appel au démenti publié sur sa page face book.
Dans le communiqué relatif à l’accord et rendu public le 11 décembre dernier, l’Union Européenne (UE) et le Mali ont affirmé vouloir ainsi lutter contre «les causes profondes de la migration irrégulière et favoriser le retour des migrants maliens depuis l’Europe». Il s’agissait là, pour les deux parties, d’une coopération renforcée pour favoriser le retour des migrants. Et, lorsque l’émissaire de l’Union Européenne, en la personne du Ministre hollandais des Affaires Etrangère, Bert Kondoers, venu à Bamako pour sceller le sort de nos compatriotes vivant sur le sol européen, avait déclaré : «C’est la première fois que l’UE établit des engagements aussi précis avec un pays africain à propos du retour des demandeurs d’asile refusés», on sentait dans ce compromis l’odeur d’un vin déjà tiré qu’il fallait boire. Mais, cela n’a pas pour autant suffi au gouvernement malien de faire profil bas, pour supporter les conséquences de la forfaiture qu’il venait ainsi de commettre. Puisque les réactions de la diaspora ne se sont pas faites attendre. Telle une pluie battante, elles se sont abattues sur nos décideurs politiques accusés sur les réseaux sociaux d’avoir sacrifié les Maliens de l’Europe sur l’autel de la manne qui leur avait été donnée en novembre 2015 au sommet de La Valette portant sur la migration.
C’est le Ministre Mountaga TALL qui a été le premier à donner le ton de ce qu’on peut appeler par une tentative de soins à une image déjà écornée du Gouvernement. Le porte parole est monté au créneau par le truchement du JT de 20h de l’ORTM pour essayer de sauver ce qui aura du mal à l’être. Malgré son style posé, le mal est qu’il a été loin de se montrer convaincant dans ses explications selon lesquelles le document issu de la rencontre entre les Chefs de la Diplomatie néerlandaise et malienne n’était qu’un avant-projet censé servir de préalables à un éventuel futur accord. C’est sans compter sur la clarté du communiqué qui précise à qui veut l’entendre que «des fonctionnaires maliens se rendront dans les pays membres de l’UE pour aider à déterminer l’identité des migrants afin d’accélérer leur retour». Autant en déduire que le principe de la réadmission et de la réintégration de nos compatriotes d’Europe est acquis par Bert Kondoers et que nos gouvernants se doivent d’avouer qu’ils ont les mains liées qui ne leur donnent aucun choix face à cet accord.
Le Ministre Abdoulaye DIOP, le principal Responsable sous les feux des condamnations de la diaspora et de l’opinion nationale, n’a pas voulu être, du reste, dans le rachat du gouvernement. «Le Gouvernement du Mali, indigné d’apprendre par voie de presse la signature d’un accord de réadmission des Ressortissants maliens en Europe, a exigé des Pays-Bas et de l’UE un démenti officiel qu’un tel accord ait été signé pendant la visite du Ministre des Affaires Etrangères des Pays-Bas M. Bert Koenders à Bamako, le 11 décembre 2016 », a publié le Ministre malien des AE, l’Ambassadeur Abdoulaye DIOP, hier sur sa page face book. Il venait ainsi de faire la preuve d’un simulacre qui voile à peine son jeu d’innocence. Il ignorait peut-être que ce jeu avait été déjà dénué de son sens lorsque les médias européens dont l’AFP et le site officiel de l’Union Européenne évoquaient, dans les minutes qui ont suivi l’événement, la signature à Bamako d’un accord entre l’UE et le Mali sur le retour des migrants maliens de l’Europe. Le Ministre DIOP s’expose, par ailleurs, à un désaveu de la part de ceux qu’il appelle ainsi à une rescousse fomentée. Les Pays-Bas et l’Union Européenne pourraient brandir le compromis pour montrer aux yeux du monde que le Mali est tenu de respecter ses engagements. Une autre option consisterait à un silence radio vis-à-vis de l’exigence de ce démenti. Mais, avec l’un ou l’autre cas, toujours est-il que le traitement qui sera désormais fait des Maliens en situation irrégulière en Europe nous édifierait.
Katito WADADA : LE COMBAT