A une année de l’élection présidentielle, tous les partis désireux de présenter un candidat se préparent activement. Pendant ce temps, certains font dans le clair obscur. Ces hésitations qui peuvent leur coûter cher au moment de se décider.
Dans une année, les Maliens seront conviés à choisir un nouveau Président ou à accorder un nouveau bail de cinq ans au régime en place. Tout dépendra de l’offre politique des candidats en lice. D’or et déjà, on affûte les armes au sein de certains partis politiques. Ce sont ces partis dont les ambitions de croiser le fer avec l’actuel Président, s’il était candidat à sa propre succession, ne fait l’objet d’aucun doute.
En tête de ce parti, il y a celui de la poignée de mains de l’Honorable Soumaïla Cissé. Chef de file de l’opposition républicaine, ce dernier invitait, il y a peu, les Maliens à l’« essayer » en lieu et place de l’actuel régime qui, selon lui, peine, depuis son installation, à répondre concrètement aux attentes du Peuple. Les résultats engrangés par l’Union pour la République et la Démocratie (URD) lors des dernières élections communales font de lui un prétendant de taille. Et ça, les membres du parti, à commencer par les premiers Responsables ne l’ignorent pas. C’est pourquoi, ils déploient de nombreuses stratégies pour gagner le cœur des Maliens avant l’instant décisif. Les Responsables multiplient les décentes sur le terrain, les rencontres avec les militants à la base, les conférences de presse pour fustiger les actions du Gouvernement et quelques fois les saluer. Sur les réseaux sociaux, ils sont présents. Conscients de la portée des messages sur ces médias sociaux, et de sa grande cible, les plus jeunes, l’URD mène une offensive de charme. L’un des plus en vue sur ces médias sociaux est le Président de la jeunesse du parti, Abdramane Diarra. Fréquemment, il se prononce sur les décisions du Gouvernement et les situations sociales sans oublier de préciser la position de sa formation.
La conquête du pouvoir est sans doute en tête de l’agenda du parti de Soumaïla Cissé. Il ne peut en être autrement.
A côté de l’URD, une autre formation de l’opposition se positionne. Il s’agit des Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE An ka wuli). La stratégie de son Président, Modibo Sidibé, qui consiste à aller à la rencontre des Maliens dans leurs «grins» commence à porter fruit. Celui qui était considéré comme « distant » et « arrogant » est en train de briser la glace. Les témoignages de nombreux jeunes et adultes qui l’ont reçu dans leurs « grins » le confirment. Lui, tout comme Soumaïla Cissé, n’attend que la Présidentielle ; car, tous sont déjà prêts.
Dans cette même opposition, il y a des forces politiques des moindres envergures qui pourraient présenter des candidats. La volonté est là. Mais une lecture lucide du terrain politique pourrait les amener à se rallier aux deux précédentes formations. Le Parti pour le Renouveau National (PARENA) de Tiébilé Dramé et le CNAS-Faso Hère de Zoumana Sacko sont dans ce lot.
Si les premiers Responsables qu’ils sont, ont du charisme et du vécu politique à revendre, il n’en demeure pas moins que leurs différentes formations ne pèsent pas lourdes sur la scène politique nationale ; ceci, compte tenu de leur nombre d’élus tant à l’Assemblée Nationale qu’aux Communes. Ces partis pourront, donc, vite rengager sous les boisseaux leurs ambitions présidentielles pour se ranger derrières les ténors que sont l’URD et les FARE. S’il y a une formation qui affiche clairement ses ambitions c’est l’ADP-Maliba. Le parti ayant réussi à débaucher des Députés RPM et se rallier au tonitruant Oumar Mariko du parti SADI pour créer un groupe parlementaire ne s’arrêtera pas en si bon chemin.
A l’instar du PARENA et du CNAS-Hèrè, le SADI, s’il est logique, se rangera derrière l’ADP-Maliba pour éviter de faire de la figuration.
Les hésitations suicidaires
Si, du côté de l’opposition, les positions sont claires, en tout cas pour une grande majorité, cela n’est pas le cas au sein de la majorité présidentielle. Des partis comme l’ADEMA-PASJ et la CODEM se trouvent dans un dilemme cornélien. En ce qui concerne l’ADEMA, les uns et les autres ne sont pas sur la même longueur d’onde. Le parti est visiblement scindé entre les partisans du soutien à la candidature d’IBK, dès le premier tour comme ce fut le cas en 2007 avec ATT, et il y a ceux-là pour qui ne pas présenter un candidat serait se faire «hara kiri». Le parti aurait reçu, selon nos confrères du journal « LE PROCES VERBAL » un ultimatum de la part du RPM pour donner sa position. C’est n’est pas la quiétude pour les Ministres ADEMA si cette information était vraie. Le bourdonnement au sein de la ruche présage d’une grosse tempête. Une tempête qui pourrait l’affaiblir au moment venu. Dans la même situation, se trouve le CODEM de Housseiny Amion Guindo. Lors du congrès du parti, tenu le week-end dernier, le parti n’a pas été capable de dire si oui ou non il aura un candidat à la présidentielle. En tant que quatrième force politique du pays et troisième force au sein de la Convention des partis de la Majorité Présidentielle (CMP), ce serait dommage si ce parti se privait de candidat en 2018. Les atermoiements de Poulo et le bras de fer naissant entre lui et Hady Niangadou «Djo Walaky», Député élu en Commune II, et relégué lors du congrès de la 2e à la 3e Vice-présidence n’est pas non plus bon signe. Surtout que Hady Niangadou est, depuis, un très proche de Karim Kéïta, l’influent fils du Président de la République. Les risques de le voir mener un travail de sape au sein du parti en vue de favoriser IBK n’est, donc, pas à exclure. Le fait que ses supporters aient boycotté les travaux de clôture du congrès du parti parce qu’il a été relégué à un poste inférieur doit interpeller.
En ce qui concerne ces forces politiques prises aujourd’hui au piège du régime, et qui sont les troisième (ADEMA) et quatrième (CODEM) forces politiques du Mali, l’heure est aux hésitations au niveau des Responsables. Sauf que, pour leurs différentes bases, l’éventualité de ne pas présenter de candidat n’est pas envisageable. Ils pourront, donc, sous la pression de leurs bases respectives présenter des candidats. Mais n’ayant pas pris le temps de la campagne et de la consolidation des acquis, ils risquent de payer très cher leurs hésitations.
Mohamed Dagnoko : LECOMBAT