Directeur de campagnes d’IBK, Ministre de l’Environnement puis de l’Administration territoriale et de la Défense, Abdoulaye Idrissa Maïga est, depuis le samedi dernier, le premier Ministre du Gouvernement malien.
Enfin, la Primature revient au parti présidentiel, le Rassemblement Pour le Mali (RPM), est-on tenté de dire. Du Jeune Oumar Tatam Ly au Doyen Modibo Kéïta en passant par Moussa Marra, les tisserands n’ont pas toujours mené francs jeu. Les peaux de banane, les soupçons d’agendas cachés, les accusations de passivité, etc. ont été, entre autres, les astuces utilisés par eux pour pousser les différents locataires de la Primature à jeter l’éponge. Certains ont été plus résistants que d’autres, mais la finalité c’est qu’ils sont tous partis. Le dernier en date est Modibo Kéïta. Celui là même que le RPM avait dit avoir pris bonne note de sa nomination mais sans le féliciter a fini par céder son fauteuil le week-end dernier. Longtemps annoncé sur le départ, le «Papy» avait fait de la résistance. Celui qui occupe désormais son fauteuil est un visage connu des Maliens depuis l’avènement d’IBK au pouvoir. Abdoulaye Idrissa Maïga que l’on dit très proche de la Première Dame et de l’Honorable Karim Kéïta est un homme politique très réservé. Une réserve qui est assimilée à de l’arrogance par bon nombre de Maliens. Il s’est signalé dans les différents départements qu’il a eu à diriger: Environnement, Administration territoriale et Défense par sa fermeté. Cette fermeté s’est surtout révélée au commun des mortels de ce pays lors de son passage au Département de l’Administration territoriale. Ses chaudes empoignades avec les dirigeants des partis politiques autour des calendriers des joutes électorales sont légions. Malgré ses méthodes jugées souvent cavalières par ses interlocuteurs, l’Homme est resté droit dans ses bottes, ne changeant rien à sa façon de faire. «C’est quelqu’un de très autoritaire, peu flexible qui n’engage le dialogue que quand c’est obligatoire et qui fait tout pour faire aboutir ce dialogue dans le sens qu’il souhaite», nous confie ce Politique, qui, des longues heures, a été autour de la table avec lui. C’est sans doute cette autorité qui a prévalu à son choix pour mettre fin aux atermoiements de Tiéman Hubert Coulibaly à la tête du très stratégique Ministère de la Défense.
Comme un air de campagnes
Abdoulaye Idrissa Maïga est à cheval sur l’ordre et le protocole. En la matière, c’est un «obsédé textuel» comme le dirait Me Alassane Diop. Il a ça en commun avec l’actuel premier des Maliens, Ibrahim Boubacar Kéïta. Pas, donc, étonnant qu’il fut son Directeur de campagnes et successivement Ministre dans les différents gouvernements. Si Tatam Ly avait son inexpérience contre lui, Moussa Mara sa trop grande fougue et Modibo Kéïta son âge, Abdoulaye Idrissa Maïga, lui, ne semble avoir que des atouts. Expérimenté, posé et pas trop âgé, il est surtout membre du parti présidentiel. Autant dire qu’il aura les coudées franches pour mener à bien la mission à lui confiée. Une mission qui a pour nom la «Réélection d’IBK». L’ex candidat IBK et son ancien Directeur de campagnes, AIM, veulent reformer, au sommet de l’Etat, le duo gagnant de 2013. Si la victoire était plus ou moins évidente en 2013, la donne a changé depuis. Il s’agit, cette fois fois-ci, de réaliser un miracle. Cela, compte tenu du bilan insatisfaisant du Régime du fait de la persistance de la crise, de la situation économique fragile, des grèves dans presque tous les secteurs, du chômage galopant, des promesses non tenues, des scandales financiers à répétition, etc. Il faut, donc, arrêter de penser que ce Gouvernement va réaliser en une année ce qu’il a été incapable de faire en quatre. A travers ce remaniement ministériel, il ne s’agit ni plus ni moins que de la préparation de l’élection présidentielle de 2018. Pour ce faire, le Gouvernement attendu se voudra plus ouvert dans le but de regrouper le maximum de partis de poids en son sein. Si l’ADEMA va difficilement échapper au clash, il s’agira pour l’opposition de rester ferme au risque de se faire prendre dans un piège à con. Le «train» de la réélection a pris le départ. Il doublera certainement celui de la paix. Après tout, c’est celui qui a lancé les deux «trains» qui déterminera duquel arrivera en premier.
Mohamed Dagnoko