vendredi 22 novembre 2024
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Rokia Traoré : Une icône, une virtuose de la musique malienne

Entre la tradition et la modernité, Rokia Traoré trace un chemin particulier dans la création musicale africaine, en générale, et malienne, en particulier. Si elle ne renie pas du tout ses origines, elle adapte sa musique à son temps et à ses préoccupations sans à priori ni contraintes. La talentueuse impose ses talents musicales tant sur la scène malienne qu’au plan mondial.

Une vie aussi prolixe que prodigieuse, mais aussi bourrée d’embuches, Rokia Traoré, avec témérité se fraie son propre chemin dans la musique.

Née le 24 janvier 1974, à Kati, Région de Koulikoro, à quinze kilomètre de Bamako, Rokia Traoré est la fille d’un Diplomate malien et d’une Infirmière. D’un père saxophoniste amateur et ses sœurs pratiquent le chant traditionnel dans les cérémonies familiales, très tôt, la petite Rokia Traoré montre en elle un intérêt particulier pour la musique et évolue, donc, dans un milieu très protégé qui mêle tradition et modernité au plan artistique.

N’étant pas issue d’une famille de griots, la musique n’est nullement un tabou dans sa famille.

Musicienne de père en fille

Son père, saxophoniste-amateur lui offre sa première guitare et parfait sa culture musicale. Au lycée, l’adolescente Rokia devient la chanteuse d’un groupe de Rap dont les membres cotissent pour financer un clip. Surprise ! Le clip est diffusé à la Télévision malienne. Et elle poursuit ses études d’Anthropologie à l’Université de Bamako.

Cependant, l’Artiste en herbe ne fait dos en aucun cas de l’environnement musical de son pays d’origine. La tradition des griots et les grandes voix maliennes n’ont pas de secrets pour elle. Ayant une voix exceptionnelle, la talentueuse travaille avec un ami de son de père, le vieux maître Massamou Wellé qui l’aide à forger sa voix. A l’âge adulte et, après de multiples déplacements entre l’Occident et son pays natal, elle finira par s’installer au Mali et se met à écrire elle-même quelques chansons marquées par des influences occidentales mêlées aux sonorités traditionnelles séduisent un tas de personnes de sa génération.

Une artiste aux trente deux dents

Lorsqu’elle a 20 ans, Rokia Traoré est déjà une Artiste connue dans son pays. Le Feu Ali FarKa Touré, Star dans son pays, la repère et peaufine son apprentissage de la guitare et l’encourage à composer.

En 1997, le titre «Finini» remporte un fort succès. Elle fait de nombreux concerts. Brillante, Rokia préfère étudier la musique dans son pays que de s’inscrire dans une grande école en Europe. Ainsi, après quelques temps dans une école européenne, en Belgique, elle rentre au Mali pour continuer avec la musique et ses Etudes tout en travaillant avec le Musicien Souleymane Kolly. Invitée au MASA (Marché des Arts et des Spectacles en Afrique), Rokia Traoré décliné l’invitation pour continuer à travailler son album qu’elle tenait à faire sortir éminemment.

En 1997, elle concoure pour le prix Découverte Afrique de Radio France Internationale(RFI) avec sa guitare sèche et accompagnée de quelques instruments traditionnels comme : le Balafon, N’goni, Karignan, Djembé et Yabara, elle présente un titre sur les enfants « Mouneïssa ». Présidé par Papa Wemba, le jury, séduit par cette voix extraordinaire et cette personnalité musicale exceptionnelle, elle remporte le prix «Découverte Afrique de RFI» face à des artistes plus connus et plus expérimentés qu’elle.

Une célébrité qui dépasse les frontières maliennes

A partir de ce jour, sa célébrité dépasse les frontières maliennes. Après deux concerts géants à Bamako en décembre 1997 dont l’un parrainé par Oumar Sangaré et l’autre par Habib Koïté, la jeune Artiste s’envole en Europe pour y enregistrer son album «Mouneïssa» à Amiens, au Nord de la France.  L’album «Mouneïssa» sort vers fin 1998. Entièrement signés par l’Artiste, les neuf titres sont à Bambara. Ses textes sont de longs poèmes tendres et philosophiques teintés de blues.

En mai 1998, c’est à Bruxelles que Rokia démarre sa tournée européenne qui la mène en Suisse, en Allemagne puis en France.

En 2000, la chanteuse sort un deuxième album «Wanita» qui remporte un vif succès auprès des médias maliens et étrangers (France, Etats-Unis, Angleterre, …). Ce qui lui a valu l’auteur du meilleur album de la même année.

L’Artiste revient avec un nouvel album intitulé «Bowmboï», en septembre, enregistré en grande partie au Mali. Dans cet album, s’entremêlaient sonorités africaines et ambiance folk. Le titre «M’ BIFO» qui ouvre l’album est écrit pour l’anniversaire de son mari où «Mariama» est en duo avec le chanteur Ousmane Sacko. Autre invité de cet album, le prestigieux Kronos Quartet qui ouvre l’univers de l’Artiste vers la musique classique contemporaine.

Autant d’albums que de concerts à travers le monde

Au cours du premier semestre 2005, Rokia Traoré se produit près de 50 fois, essentiellement en France. Cette forte présence permet à l’Artiste plus de 100.000 exemplaires de d’avoir cassette «Bowmboï».

L’album «Tchamanché» sort le 19 mai 2008. Le style de cet album est plus moderne, avec des touches de blues et de rock. Rokia reste profondément attachée à sa Culture musicale dans la langue bambara avec son préféré instrument traditionnel, le N’goni. Pour la sortie de cet album, elle organise un concert géant, le 16 mai, au CCF au Studio «Blonba» de Bamako.

En 2013, Rokia Traoré fait sortir son 5e album «Beautiful Africa», enregistré à Bristol, dont la réalisation est de l’Anglais John Parish qui scelle le son rock mêlé à des sonorités traditionnelles africaines du Mali.

En mai 2005, elle fait partie du jury du prestigieux festival des Cannes aux côtés des Présidents, les cinéastes américains Joël et Ethan Cohen.

Son 6e album, intitulé « Né SO » (chez moi en français), est sorti en février 2016, chez son producteur habituel, John Parish. Ce dernier album est écrit en français et en bambara. Et la chanteuse entendait faire de « Né SO » une suite logique de l’album «Beautiful Afrique», un mélange subtil de sons africains et occidentaux, ballades, blues, groove, un album concocté à Bamako dans les jardins de sa fondation. L’artiste a écrit le titre « Né SO » en 2014, après une visite auprès des réfugiés maliens au Burkina Faso.

De février à mars 2016, la chanteuse donne six concerts en France, puis s’envole aux Etats-Unis d’Amérique pour faire quelques concerts avant de retourner au bercail et inaugurer la scène de sa fondation «Passerelle».

En mars, l’artiste est nommé Ambassadrice de Bonne volonté régionale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale par le HCR, l’agence des Nations-Unies (ONU) pour les refugiés. Très sensible au sort des personnes déplacées conflits armés, elle travaille avec cette organisation depuis 2013.

La talentueuse, elle était parmi les cinq chanteuses invitées pour la clôture de la coupe d’Afrique des Nation (Gabon 2017) .

Rokia Traoré est maman d’un petit garçon nommé Adam Abraham Saïd, né en 2006, de son union avec le producteur français Thomas Weill.

Mariam Sissoko, Stagiaire : LE COMBAT

COULIBALY

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