Les medersas sont des institutions privées d’éducation islamique. La medersa est mieux organisée et structurée que l’école coranique classique qui se réfère à une tradition immuable dans tous les domaines de la société.
La medersa ne s’adresse qu’aux citadins et concurrence l’école publique là où les deux existent. A l’origine, elle concernait les jeunes hommes à partir de 25 ans, mais après, avec le progrès de l’enseignement de l’arabe dans notre pays, cette école devient l’équivalent de l’école primaire et secondaire publique.
Pour la petite Histoire, c’est à partir des années 1950 que les premières medersas furent ouvertes dans les pays à colonisation française tandis que leur apparition est bien antérieure dans les colonies britanniques. Au Ghana, par exemple, leur ouverture date de 1889. Suite à nos investigations, deux raisons nous ont été avancées pour expliquer cette différence.
En premier lieu, les Anglais semblaient moins intéressés par l’assimilation culturelle des populations colonisées que par leur exploitation économique.
Et, en second lieu, dans les colonies britanniques le courant réformiste dominant était plutôt de tendance moderniste ; c’est-à-dire, il visait l’efficacité de l’enseignement islamique par la synthèse de l’Islam et de l’Occident.
Ainsi, dès ses débuts, la medersa prend en Afrique deux orientations dont la première est moderniste, à l’image de l’école européenne, où on étudie l’arabe, l’Islam et les disciplines scientifiques à partir d’une langue européenne ; et la seconde conservatrice qui a pour modèle le monde arabe avec la langue arabe comme langue exclusive d’enseignement.
D’une part, les medersas «démaraboutèrent» l’Islam en dénonçant les erreurs pédagogiques des écoles coraniques, l’ignorance des marabouts et, de l’autre, elles centrent la formation sur l’acquisition des connaissances scientifiques (Mathématiques, Physique, Sciences naturelles) et l’apprentissage systématique de l’arabe, la formation idéologique et religieuse. Aujourd’hui, si le développement des medersas devient de plus en plus important dans les grandes villes, dans les villages c’est presque encore le système classique, à savoir l’école coranique qui prédomine. Mais, la rivalité entre ces deux écoles demeure à l’outrance. Car, chacune essaye d’avoir plus d’élèves et de notoriété publique avec les meilleurs maîtres. De plus les medersas, pour justifier leurs projets éducatifs, dénigrent volontiers les écoles coraniques tant sur le plan de niveau des maîtres et des élèves que sur celui de leur méthode d’enseignement décrite comme archaïque avec un caractère trop conservateur.
Niakalé Touré, Stagiaire : LE COMBAT