Profondément préoccupée par les graves affrontements et leur poursuite sporadique dans la Région de Kidal entre les mouvements signataires de l’Accord de paix et de réconciliation dans notre pays, la MINUSMA publie dans la nuit de mardi à mercredi un communiqué qui voile à peine sa désolation vis-à-vis de la situation à laquelle elle est confrontée.
La montée des tensions entre le Gatia et la CMA à Kidal ayant sérieusement compromis l’accord de paix signé au forceps, la mission onusienne a exprimé un ras-le-bol assimilable à un abandon de poste.
On se demande en quoi les menaces de sanctions proférées par la MINUSMA dans son communiqué pourraient bien dissuader les acteurs des affrontements à diminuer d’ardeur sur le terrain. Devant la reprise des affrontements entre le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à 85 km au nord-est de Kidal et qui ont fait une dizaine de morts le 16 septembre dernier, la force onusienne au Mali n’a trouvé mieux que de mettre en garde ceux qui seraient reconnus responsables “à titre individuel ou collectif ».
Les tensions nées ces derniers mois autour du contrôle de la ville de Kidal, résultats d’une rivalité targuie, a causé, en effet, beaucoup de tort aux populations locales, déjà victimes du chantage des terroristes islamistes dans le nord, des bandits armés et des autres types de coupeurs de routes qui empêchent un retour durable de la sécurité. Les transporteurs de personnes et de marchandises ont d’ailleurs dénoncé cette recrudescence de l’insécurité dont les tensions entre les mouvements signataires de l’Accord sont en partie responsables. C’est pourquoi, tout en “rappelant que la mise en œuvre des modalités du cessez-le-feu ainsi que de l’Accord de Paix demeurent de la responsabilité première des parties maliennes, la MINUSMA a exhorté celles-ci à prendre des mesures immédiates garantissant la protection des civils et à s’abstenir de toute action de nature à déclencher une reprise des hostilités”, peut-on lire dans le communiqué de la mission de l’ONU qui encourage, par ailleurs, “les parties à s’inscrire résolument dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, notamment l’opérationnalisation des patrouilles mixtes, la désignation et l’établissement des autorités intérimaires ainsi que le cantonnement”
C’est dire que la MINUSMA est résolument tournée aux appels et aux menaces à un moment où l’opinion malienne croit que l’étape des verbes devrait être déjà largement franchie; ceci eu égard à l’ampleur de la situation. La publication d’un communiqué menaçant les acteurs de l’insécurité dans le nord du pays ; une publication faite 3 mois après le vote par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies de la Résolution 2295 qui renouvelle et renforce le mandat de la MINUSMA, cache mal son aveu d’impuissance devant la complexité de la mission qui est la sienne. C’est donc à défaut de rendre le tablier que la mission qui aura été la plus meurtrière dans l’Histoire de l’ONU se recroqueville sur des communiqués laconiques pour ainsi se dire en train de taper du poing sur la table.
Katito WADADA : LE COMBAT