Lors de ses investigations, notre Reporter s’est rendu dans l’une des maisons closes de Bamako à la rencontre d’une prostituée qui a bien voulu accepter de se prêter à notre questionnaire. Ici, nous la nommons M. O.
Le COMBAT: M. O., vous êtes une pratiquante de ce plus vieux métier du monde. En la matière, peut-on se livrer à la prostitution par simple choix ?
O. : Non ! C’est plutôt par illusion de choix ou de solutions que les jeunes se prostituent. La prostitution apporte à la personne une solution de dernier recours. Elle comble un manque, soit affectif ou économique.
Comment puis-je savoir si mon nouvel (le) ami(e) est en réalité un proxénète ?
Réfères-toi à tes anciennes relations amoureuses ou parles-en à un ami d’expérience en qui tu as entièrement confiance. Fies-toi à ce que tu ressens. Ressens-tu un malaise ? Ton nouvel ami fait-il souvent référence à ta beauté et à ton corps ? Peux-tu le rejoindre seulement sur page et ou cellulaire ? Quelles sont ses fréquentations ? Prends du recul et pose-toi des questions. Mais, surtout il faut savoir écouter ta conscience, ou t’écouter toi-même et tant intérieurement qu’objectivement.
Ya-t-il des gars qui se prostituent ?
Oui ! Cependant, il peut être difficile de connaître le nombre exact de garçons prostitués. A travers la ville de Bamako, on estime que les 40% des personnes prostituées sont des jeunes dont l’âge varie entre 12 et 25 ans.
Quel genre de filles les proxénètes vont-ils approcher ?
Il n’y a pas de façon particulière. Selon nos observations, elles proviennent souvent de familles dysfonctionnelles (violence, pauvreté, isolement, abus sexuel). Elles ont une faible estime de soi. Les adolescentes évoluant surtout dans des familles d’accueil ou des centres de réadaptation sont en général plus vulnérables. Toute jeune fille qui désire se sentir aimée et belle est à risque ; puisque les recruteurs vont identifier ce que la fille désire et va lui offrir au début.
Est-ce que les clients sont toujours des hommes ?
Presque toujours. Ils proviennent de toutes les couches de la société et de tous les milieux.
Simple curiosité. Personnellement, pourquoi et comment êtes-vous venue dans ce métier …?
En bref, moi, j’ai été victime du phénomène de proxénétisme.
Comment ?
En fait, depuis le campus universitaire, j’avais une amie qui vivait de cela et qui m’aidait financièrement pour mes petits besoins jusqu’à un jour où elle avait insulté mes parents de lâches … Connaissant des gens qu’elle fréquentait … et je me suis faite vengeance sans réfléchir … (Notre interlocutrice verse subitement des larmes durant un bon moment).
Ne craints-tu pas des maladies ?
Nous faisons tout avec précaution. Toutefois, dans ce métier, nous sommes conscientes des risques. Moi, personnellement, j’ai mes médecins que je consulte quatre fois dans le mois.
Comment te sens-tu aujourd’hui ?
Dans un profond regret. Mais, apparemment ou devant la clientèle, avec une certaine fierté comme tous autres artisans dans son job …
Rêves-tu avoir un foyer ?
Si j’en ai la chance. Vraiment, c’est mon souhait le plus ardent.
Comment comptes-tu y vivre ?
Dans une repentance absolue. Or, des gens comme nous n’avons presque plus de chance ; cela, vu que nous sommes déjà classées par la société.
As-tu des conseils à prodiguer à d’autres personnes qui veulent s’y aventurer ?
Je leur dirais avec toutes mes forces d’éviter cette aventure décrédibilisant qui est irréversible à plus de 90% et 100% avilissante !!! C’est une expérience à ne pas faire. Elle est déplorable, éhontée, sale, …Tant socialement et moralement que religieusement, sur le plan sanitaire et économiquement, cette pratique n’offre que de regrets !
Réalisée par Matthieu Yawovi HAYEFO (stagiaire)