C’est un coup de maître pour IBK : réussir à passer une loi qui reforme l’élection du Président de la République. Une question reste posée et à laquelle nous ne faisons pas attention (alors qu’elle est capitale) : doit-on ouvrir sans limite aucune les portes qui permettent d’accéder à l’anti chambre du pouvoir suprême (être candidat à la candidature). ? Autrement dit : ne doit-on pas mettre en place des garde-fous afin d’empêcher les farfelus à pouvoir se porter candidat pour briguer le fauteuil de PR ?
Un débat public devrait avoir lieu afin de savoir à peu près où placer le curseur et faire voter des lois qui agréent le plus grand nombre ; donc, à même d’éviter les contestations, les protestations et les frustrations.
Ladji Bourama n’a pas vu les choses sous cet angle. En plus, on peut se poser des questions sur la pertinence d’une telle décision imposée et qui passe comme une lettre à la poste.
IBK joue et gagne
Et là, et du point de vue de la politique politicienne, il faut admettre que le Mandé Mansa vient de réussir un coup de maître : faire voter une loi par majorité que, ce faisant, se tire une balle dans le pied. Car, la particularité de cette loi électorale est qu’elle exige trois critères pour accéder à la feuille de match : être garanti par 5 Conseillers nationaux, 10 Députés et un chèque de 25 millions de francs CFA (d’où le nouveau nom que nous lui donnons : ‘‘ Loi 5+10+25 ’’). Cela revient à dire qu’elle fait monter la barre à une hauteur qui recale bien de candidats potentiels.
Du coup, IBK se rend maitre de jeu et contraint les autres à « se débrouiller comme ils le pourront». L’argent, on peut l’avoir toujours, mais la caution (Ndr : le parrainage) des élus nationaux ? Partant des réalités sociologiques tangibles et existantes depuis la « démocratisation », la politique au Mali est devenue principalement une opération mercantile à but purement lucratif : l’argent, puis l’argent et encore l’argent. Tout part de lui et tourne autour de lui. Donc, une seule issue : ‘‘acheter’’ les élus nationaux !
Lors de la dernière élection présidentielle, l’ADEMA avait les Députés à en revendre. Et il est de notoriété publique que les Députés de l’ADEMA se sont vendus aux plus offrants. Donc, le marché d’élus existe. Il suffit d’avoir de l’argent. Cela fait penser à une inquiétude exprimée par Me Mountaga TALL lors d’une de ses présentations de vœux à la presse : «Si on n’y prend garde, au Mali, le pouvoir va revenir aux narcotrafiquants ». On n’est pas loin !
Amadou TALL : LE COMBAT