lundi 25 novembre 2024
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ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 29 MARS MAINTENUES: QUAND IBK ET LA CLASSE POLITIQUE BANALISENT ENSEMBLE LE CORONAVIRUS.

La pandémie du Coronavirus, qui affecte le monde entier et contre laquelle les puissances occidentales ont pris des mesures exceptionnelles, est envisagée ici avec une banalité déconcertante. La faute en revient à la fois au chef de l’État et aux acteurs politiques.

Le Coronavirus a éclipsé le 29e anniversaire de la révolution du 26 mars 1991. En témoigne l’adresse à la nation d’Ibrahim Boubacar Keïta dans la nuit du 25 au 26 mars, uniquement motivée par la découverte de deux cas avérés de personnes testées positives vingt-quatre heures plutôt. Le chef de l’État, qui a activement milité en France pour l’avènement de la démocratie au Mali et qui occupera plus tard de hautes fonctions au sommet de l’État n’a pipé mot sur ce jeudi 26 mars 2020. Désintérêt ou oubli, dans les deux cas, la vie démocratique n’est plus ce qui importe le plus, tout est désormais dans le vaudeville, dans le jeu politicien qui ne soucie pas de vérité et de bien-être social. Gérons selon nos visées sur le futur, c’est sans doute le mot d’ordre. La preuve est cette pandémie du Coronavirus à cause de laquelle les mesures de confinement et d’autres privations de libertés, individuelles comme collectives, ont été édictées partout dans le monde, assorties de sanctions coercitives pour d’éventuels récalcitrants, sauf au Mali où il y a que des mesures de principe, sans effets recherchés en réalité. Au Mali, le Coronavirus a été, en effet, pour le moins pris pour un épiphénomène, jusqu’au 17 mars quand IBK convoquera extraordinairement le Conseil Supérieur de la Défense Nationale dont les assises accoucheront de quelques mesurettes, lesquelles seront peu suivies. Mais ce qui retient le plus l’attention de l’opinion publique nationale et internationale, c’est que le Coronavirus n’a pas été suffisamment jugé dangereux pour la santé publique au Mali, au point que, devant l’étonnement mondial, le président de la République proclama le maintien des législatives pour ce dimanche. Décision criminelle, cria l’écrasante majorité du peuple, sceptique quant aux dispositions à même d’éviter la contagion généralisée le jour du scrutin. Avant l’annonce officielle faite par IBK, le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr. Boubou Cissé, avait soutenu que le déroulement des législatives à la date initiale était une question de survie de la nation et de continuité de l’État. De grands mots! On a alors compris que le chef de l’État tient son agenda politique d’une main de fer et qu’il ne le lâchera pour rien au monde. Ce qui relancera la polémique des non-dits du président sur l’avenir immédiat du pays, à travers les bataillons de l’armée malienne reconstituée, des législatives et autres. Ibrahim Boubacar Keïta a d’ailleurs beau jeu de rappeler dans son adresse de la nuit du 25 au 26 mars que les élections législatives émanent de la décision du Dialogue National Inclusif qui en avait fixé les échéances. Ce DNI, faut-il le rappeler, avait été boycotté par toute l’opposition, mais c’est bien évident que celle-ci se voit accepter qu’au finish, de gré ou de force, ses conclusions. Peut-on donc dire que les opposants participent au maintien des législatives à la date de ce dimanche malgré le contexte douloureux du Coronavirus ? Ce qui est indéniable, c’est que tous les leaders politiques sont engagés à égale détermination dans la campagne électorale pour les élections législatives. Aucune voix discordante n’est venue de la classe politique dont les principaux porte-drapeaux sont des anciens ministres, voire des anciens Premiers ministres, sinon des chefs des partis politiques. Ce fait est suffisamment bien établi puisque c’est seulement du côté de la société civile que l’appel au boycott des législatives est venu, par la seule voix de Pr Clément Dembélé, président de la Plateforme de lutte contre la Corruption et le chômage. Celui-ci n’a pas fait dans la dentelle. Rappelant l’article 121 de la constitution, Pr Dembélé invite le peuple à la désobéissance civile afin de se prémunir des ravages du Coronavirus que ne manquera pas de provoquer la tenue du scrutin ce dimanche. Sera-t-il entendu?

Djibril Panka Dembélé

COULIBALY

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