vendredi 22 novembre 2024
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Elections législatives du 29 mars 2020 : Quel parlement en sera-t-il issu ?

L’Assemblée nationale élue au terme des élections générales de 2013 pour une durée de cinq ans en compte aujourd’hui sept. Son mandat légal, qui a pris fin en 2018, a été prorogé deux fois par des lois organiques.

Mais, après avoir bénéficié de deux ans de rallonge, ce parlement ad hoc sera-t-il bientôt remplacé par une institution normale? Telle est la question que les analystes se posent actuellement au regard des mésalliances politiciennes qui sont en train de se nouer sur l’échiquier politique hérissé de 150 partis politiques. Ces formations politiques nées, sinon toutes, en tout cas pour leur écrasante majorité de scissions suite à des luttes de jactance, crypto personnelles, voire d’ambitions individuelles mal bridées, investissent, à l’occasion des élections plus ou moins régulières, le boulevard démocratique jusqu’à l’embouteillage. Mais cette vivacité grouillante est-elle un réel signe de bonne santé pour notre démocratie ? Au grand dam des citoyens électeurs, selon les constats récurrents depuis 1992, les élus émergents de nos partis politiques gagnent leurs places non pas sur la base des programmes de société et des engagements politiques qui emportent l’adhésion des masses, mais plutôt grâce à des auras personnelles ou, il faut le dire et le reconnaître, parce que la débauche d’argent aura permis l’achat massif des consciences. Massif? L’épithète n’est certainement pas ici utilisée à bon escient. En effet, depuis la fin du parti unique après l’insurrection populaire qui a accouché de la révolution du 26 mars 1991, les multiples clans et clubs politiques concurrents n’ont jamais pu drainer que quelque 20% de l’électorat potentiel, que ce soit lors d’une élection présidentielle, législative ou municipale. Ce désintérêt des masses pour le renouvellement de leurs représentations dans les instances dirigeantes est symptomatique de la faiblesse des partis politiques, plutôt pléthoriques et combien encombrants ! Mais ce n’est là qu’un moindre mal. L’immaturité du cadre politique malien est un péché mortel pour la démocratie. Tel qui, hier, se fendait d’un discours résolument contre le régime en place se retrouve subitement le lendemain même, toute honte bue, le meilleur porte-parole du même pouvoir, distribuant inconsidérément des « Son Excellence » au dirigeant qu’il vouait aux gémonies. Tel autre qui, à midi, était le stratège illuminé de l’opposition, se retrouve à 14 heures le pertinent messager de la République pour défendre face aux puissances étrangères les positions même dont il était le pourfendeur fort bien inspiré. De tels hommes politiques, grouillants pour toujours, ont malheureusement pignon sur rue. Ils sont à la tête des partis politiques dont ils sont souvent les fondateurs, lesquels ne sont d’ailleurs plus que des rafiots politiques en perdition, si l’on mesure avec honnêteté leurs assises réelles et leur influence vraie sur l’échiquier. Les pouvoirs en place ont toujours, au regard de cette triste réalité, beau jeu de procéder à des débauchages dans les rangs adverses. La vérité est tout simplement qu’il n’y a pas 150 projets de société à proposer aux Maliens; il n’y a que des hommes politiques qui savent vendre leurs illusions pour se faire une place au soleil. D’idéologie, point. De propositions convaincantes, autant en emporte le vent. Dans les circonstances contrastées que vit le Mali, l’annonce des élections législatives du 29 mars a remis en jeu l’impénitence des hommes politiques. Vu les alliances contre nature qui sont en train de se nouer partout, qui ont d’ailleurs l’évidence de découler des mots d’ordre des états-majors politiques, les citoyens sont déboussolés. On ne sait plus qui est de la majorité et qui est de l’opposition. Le meilleur exemple que tout le monde observe avec grand étonnement est la coalition mise en place à Koulikoro où l’honorable Issaka Sidibé du parti de Ibrahim Boubacar Keïta, le Rpm, et non moins président de l’actuelle Assemblée nationale fait liste commune avec le maire de la cité, le sieur Éli Diarra, édile élu sous les couleurs de l’Urd, parti du chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé. On pourrait pousser la réflexion, non le sarcasme, en disant que c’est tout simplement IBK et son principal opposant sur une liste commune. Pour l’intérêt du Mali! Quel parlement aurons-nous bientôt?

Binké Toumagnon

COULIBALY

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