La salle de conférence de la maison de la presse a servi de cadre à une conférence de presse organisée par l’ADEMA-association sur la fraude et l’impartialité des médias publics dans l’élection présidentielle en cours au Mali. C’était ce lundi 3 septembre 2018, sous la direction de Mme Sy Kadiatou Sow, Présidente de l’association en présence du Pr Ali Nouhoum Diallo et bien d’autres membres de cette association.
Parlant de «l’égal accès aux médias d’Etat» pendant cette échéance électorale, la conférencière principale, Mme Sy Kadiatou Sow, a dénoncé et fustigé la majorité présidentielle en ces termes : «La campagne a été marquée par l’inégalité de la couverture médiatique sans précédent par les médias publics».
S’agissant des votes et résultats, elle est davantage virulente avec des précisions ponctuées des chiffres incontestables. «Le vote a concerné 23041 Bureaux dont 1178 Bureaux à l’Extérieur. L’administration a publié avec beaucoup de retard les votes déroulés dans 871 Bureaux, mais sans donner des détails ». Toujours selon Mme Sy Kadiatou Sow, cette élection a été marquée par des pratiques qui n’honorent pas la démocratie malienne.
En effet, dans certaines localités du Nord et du Centre du pays, beaucoup de Bureaux ont connu des perturbations avec l’assassinat d’un Président de Bureau de vote ; l’enlèvement des Agents électoraux dont certains ont été tabassés ; les saccages et enlèvements d’urnes ; la fermeture des Bureaux de vote suite à des menaces proférées contre les Chefs de village, les Maires et les membres des Bureaux de vote ; le déplacement des sites des Bureaux, … La conférencière continue en disant que: « De façon plus générale sur la plupart des centres de vote des constats alarmants de fraudes massives et achats de consciences (qui ne se limitent pas à distribuer de l’argent et à la vente des cartes d’électeurs au plus offrant, mais se traduit également par des pressions et chantages de toutes sortes, la falsification des résultats issus des PV des Bureaux de vote. Un examen attentif des résultats par Bureau de vote mis en ligne par le MATD révèle suffisamment l’effectivité de la fraude ».
«S’il est vrai que la fraude a été toujours dénoncée lors des opérations électorales précédentes, l’ampleur de celle qui a été observée lors de cette élection est sans précédent », précise Mme Sy Kadiatou Sow. Et d’ajouter que « Cette débauche d’argent dans un pays où les 2/3 de la population ont du mal à joindre les bouts est une véritable insulte à la conscience et la dignité collectives. Il n’est pas, donc, surprenant que sur 24 candidats, 18 décident de contester les résultats provisoires du premier tour en dénonçant avec force les nombreuses irrégularités et la non-transparence dans la collecte et la centralisation des résultats. De même, les résultats définitifs du second tour sont contestés par Soumaila Cissé. Notre pays n’a jamais connu une contestation aussi vive des résultats de l’élection présidentielle».
Par ailleurs, à ses dires, la Cour Constitutionnelle n’a jamais été autant prise à partie par des candidats.
Enfin, elle dénonça aussi de nombreux cas d’atteintes aux Droits humains parmi lesquelles des arrestations arbitraires, enlèvements musclés des citoyens et confiscation de leurs biens en dehors de toute procédure légale. Notre association, à la suite de nombreuses autres sur le terrain, dénonce ces pratiques inadmissibles dans un Etat de Droit et réclame la libération des personnes détenues. Ces actes et méthodes dignes d’une police politique au lieu d’intimider ne contribueront qu’à radicaliser les plus déterminés des opposants».
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