A quelques pas de l’élection présidentielle du juillet prochain, les candidats cherchent, courtisent, s’agenouillent et lèchent les pieds des Leaders des mouvements et associations de la société civile pour se faire élire. Sabati 2012 qui a contribué à faire monter IBK au créneau en 2013 n’est plus le seul faiseur de Rois cette année ; car, l’activiste Rast Bath fait aussi de ceux qui comptent à Bamako.
Pour se faire élire dans un pays à 95% musulmans, un visage s’impose: être ou faire semblant d’être aux côtés des Chefs religieux. Ainsi, pour booster leurs chances, certains candidats, dont IBK, n’ont pas hésité à faire la vaisselle et de gros cadeaux aux leaders religieux en 2013. « Mandé Mansa », sans chercher çà et là, s’est déguisé en Maitre coranique, chapelet en main, en prônant son intention de sauveur du pays qui venait d’être victime d’un coup d’État perpétré par la bande des Amadou Haya Sanogo. C’est par ceux-là qu’IBK est arrivé à avoir la confiance des faiseurs de Rois, réunis dans Sabati 2012.
Pour rappel, le 19 juillet 2013, c’est sous la barbe du Chérif de Nioro que Moussa Boubacar Bah, Président du mouvement Sabati 2012, a désigné Ibrahim Boubacar Kéïta comme le choix des Leaders religieux et des musulmans après la présentation de leur mémorandum prométhéen. C’est cette ingérence partiale des leaders religieux dans la politique qui a fait lBK Roi avec 77,61% contre son principal rival politique Soumaïla Cissé de l’URD. Mais, ce fut sans projets de société valables ni compétences requises. En moins de trois mois à la fin de son premier quinquennat, la Gestion du pays a été délabrée et chaotique. La crise alimentaire et sécuritaire, le chômage et les sulfureuses affaires de détournement des fonds publics révélées par les Rapports du Vérificateur Général ont grillé la crédibilité d’IBK et de ceux qui l’ont soutenu bec et ongle aux yeux du Malien lambda. D’où le cantonnement de Sabati 2012 dans un silence quasi absolu. Également, c’est ce qui donna les germes de la popularité du chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily dit Rast Bath. Ainsi, comme Sabati 2012, le célèbre chroniqueur aussi entend soutenir un candidat de consensus au manifeste issu des concertations populaires de son collectif.
Alors, qui de ces deux tendances réussira?
En tout état de cause, elles doivent toutes deux bien analyser afin d’éviter de tomber dans une énième source de regrets amers. Au début du mois de mars 2018, le richissime de Wassoulou’or, Aliou Boubacar Diallo, a été investi candidat de l’ADP-MALIBA à la cité de la lumière sous les bénédictions du Chérif Bouyé Haïdara comme l’a été IBK en 2013. Même si le Président du Haut Conseil Islamique, l’Imam Mahmoud Dicko , le Président des Leaders religieux, Chérif Ousmane Madani Haïdara et Moussa Boubacar Bah n’ont rien dit, les indices et les tractations prouvent que Sabati voudrait tenter une énième fois sa chance de choix présidentiel après un premier échec avec le «Kan Keletigui». Aussi, Rast Bath, de son côté avec son fameux Collectif pour la Défense de la République (CDR) est sur le même chemin. Le samedi 12 mai dernier, il a assisté à la cérémonie d’investiture de deux candidats de l’opposition : Soumaïla Cissé, au Stade du 26 Mars, et Modibo Sidibé, au Palais de la Culture. Tout porte à croire que le chroniqueur à travers ses meetings à l’intérieur et à l’extérieur du pays mobilise des foules ; ce qui est censé faciliter potentiellement la victoire d’un candidat. Même si Sabati 2012 aussi n’a plus le même poids qu’en 2013, il reste fortement soutenu par les jeunes musulmans de Bamako et du pays profond. Ce qui fait qu’il reste et demeure faiseur de Rois face à Rast Bath et son collectif ?
Le temps, l’unique juge, nous en dira plus. Donc, attendons de voir !
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